(M&O Music)
Pour un groupe dont la musique s’appuie sur l’attaque frontale de ses deux guitaristes, proposer comme introduction à son EP un titre sans le moindre riff, c’est osé. L’écart dure peut-être à peine trois minutes, mais résume à lui seul l’évolution de la musique des Parisiens. Ne reposant plus exclusivement leur metal progressif sur la force de frappe des six cordes, c’est toute la palette artistique qui s’élargit. On glisse doucement du tout-à-l’énergie, qui faisait office de principe élémentaire sur « Workhorse Empire » paru en 2020, vers un schéma plus complexe. Cela passe en premier lieu par un travail aérien des voix qui évoluent en chœur et en hauteur sur « Hollow Places ». On progresse aussi vers des structures rythmiques en perpétuelle évolution. Et grâce à une assise basse-batterie toute en précision et vitesse, « Salt of the Earth » n’égare jamais l’auditeur en chemin.
La voix, elle aussi, évolue vers des mélodies plus complexes et le chant de Nicolas Pregliasco ne se fourvoie jamais entre moelleux et rugosité, proposant sur « Towers » autant de plages tendues que de lignes plus posées. Comme les claviers synthétiques qui nous ont ouvert le chemin de l’album, ceux plus organiques de « Cities of None » nous font entrer avec élégance dans un espace sombre et dramatique. Si les musiciens se risquent à installer leur travail hors d’un pré-carré rigoureusement metal, les guitares sont toujours là pour nous rappeler leur amour de l’harmonie des riffs. Et oser la variété ne veut surtout pas dire oublier que ce qui fait ici le charme du style ce sont les déboulés rythmiques et les jeux d’octaves arrogants. Mais les musiciens disposent désormais de suffisamment d’outils pour se permettre de fissurer une inébranlable muraille sans risquer de la voir s’écrouler. [YP]
Note: 4/5
