C’était notre première visite au cœur de la vieille ville de Winterthur pour la dernière soirée des Winterthurer Musikfestwochen (9-20.08.2023) qui en étaient à leur 48ème édition. Programmation éclectique qui met en lumière aussi bien des artistes locaux que des pointures internationales. Au cœur de la belle zone piétonne pittoresque, c’est au fond de la Steinbergstrasse que se niche la scène principale, le reste de la rue étant disponible au public. Ambiance chaleureuse, bars et restaurants colorés pour tous les goûts, le tout fort bien organisé et indiqué. On se demande bien pourquoi nous ne sommes pas venus trouver plus tôt nos amis zurichois !
Gretel Hänlyn, jeune artiste britannique, débute le festival avec ses musiciens peu après l’heure du thé. Celle qui revendique des influences comme Nick Cave, Wolf Alice ou Nirvana manie aussi bien la guitare qu’elle ne chante. On apprécie son style tantôt mélancolique, tantôt enjoué, frais et sautillant. La voix oscille entre Florence Welch (Florence + The Machine) et Shirley Manson (Garbage). Nous apprécions particulièrement « Drive », « Apple Juice » et surtout « It’s the Future, Baby ». Nul doute que nous entendrons parler de la demoiselle dans un futur proche.
Deux semaines après les avoir vus au fond du val de Bagnes dans le cadre de la Rocklette (PALP Festival), c’est avec un plaisir non dissimulé que nous retrouvons The Black Angels en live. Les Texans qui ont joué tout l’été sont affûtés et à l’aise sur scène devant un public qui le lui rend bien. Leur post rock psychédélique fait mouche et envoûte le public qui se déhanche et se laisse emporter par les airs hypnotiques. « El Jardin », « Entrance Song » et « Young Men Dead » s’insinuent sournoisement dans nos cerveaux pour s’y ancrer.
Tête d’affiche de la soirée, Madrugada entre en scène au cœur d’une magnifique nuit d’été. Le public de Winterthur a dû attendre trois ans (report de la date puis pandémie) pour enfin voir les Norvégiens. Musiciens généreux, immense Sivert Høyem au chant, habité par sa musique, voix aux couleurs chaudes aussi à l’aise dans les graves que les aigus, ce n’est pas loin de 110 minutes d’extase mélodique qui attend les fans de la Steinbergstrasse. La setlist est parfaite, alternant anciens titres, classiques et chansons du dernier album studio en date, « Chimes At Midnight » (2022/Warner Music). Le concert débute avec « Salt », titre de l’album « Industrial Silence » et l’on plonge immédiatement dans l’univers de Madrugada. Guitares en avant avec écho et distorsion, parfois ambiance western, soutenues par des notes chaudes de clavier et la puissante voix de Sivert, véritable instrument de musique. On adore entendre à nouveau la mélodie chaloupée de « Hands Up – I Love You » tandis que « Help Yourself To Me » du dernier opus, qui nous fait frissonner de bonheur. « Look Away Lucifer » aurait sa place dans le répertoire de Nick Cave, version jouissive et hallucinée en live. Belle série de quatre rappels qui se termine en douceur avec « Valley of Deception », ballade à la Johnny Cash. Sivert Høyem, main sur le cœur et tout sourire, n’en finit pas de remercier le public pour son accueil. L’un des plus beaux concerts de l’année, sans aucun doute.