Grosse claque de l’année dernière, « Whiplash » débarque en DVD et Bluray. L’occasion de constater que la force du film de Damien Chazelle ne s’est pas estompée en quelques mois.
«Tu sais comment Charlie Parker est devenu Charlie Parker ? Jo Jones lui a lancé une cymbale parce qu’il jouait comme un pied pendant une session. Il a manqué d’être décapité et tout le groupe a ri de lui. Mais le lendemain, il s’est entraîné, encore et encore, avec un seul but en tête : qu’on ne se moque plus jamais de lui. Un an plus tard, il revient au Reno, monte sur scène et joue le meilleur putain de solo que le monde ait jamais entendu.»
Dans cette histoire que raconte Terence Fletcher à son élève Andrew Neiman et dans la discussion qui s’ensuit réside le passionnant propos de « Whiplash ». Professeur de jazz réputé, Fletcher (J. K. Simmons, monstrueux) forme ses musiciens à la dure, violence verbale voire physique à l’appui. A son contact, le jeune Andrew (Miles Teller, très prometteur), batteur en quête de gloire, apprendra que la réussite a un prix.
Le film de Damien Chazelle fait ainsi partie de ces œuvres qui dépassent leur sujet de base, ou plutôt dont le véritable sujet dépasse le cadre d’origine. Ici, l’important n’est pas le jazz, ni même la musique – et pourtant, Dieu sait que la mise en scène de Chazelle procède d’une musicalité imparable. Ce que nous raconte « Whiplash », c’est avant tout les sacrifices qu’impliquent l’art et la création. Si Jo Jones s’était contenté de dire : « C’est ok Charlie, c’était pas mal, bon travail », Parker serait-il tout de même devenu le «Bird» ?
C’est cette question que pose le formidable duel qui se joue entre Fletcher et Andrew, et que Chazelle orchestre (littéralement) comme un film d’action. Le cinéaste pousse ainsi la violence de cet affrontement à son maximum, au point de flirter par instant avec le grotesque (certains emportement de Fletcher, l’accident de voiture), mais parvient jusqu’au bout à garder son spectateur captivé et impliqué au plus près de ses personnages. Armé d’une superbe photo, « Whiplash » nous happe dans son récit et nous entraîne dans un tourbillon de fureur, où les images et les sons claquent comme des coups de revolver. Une expérience de cinéma à la fois éprouvante et galvanisante, à (re)vivre absolument. (TD)
Avec Miles Teller, J. K. Simmons…
Distributeur Ascot Elite
Durée 1h47
Format Image 1080p – 2.40:1 – 16/9
Son DTS-HD 5.1 Français et Anglais
Une Bande Originale aux rythmiques effrénées !
« Whiplash » et « Caravan », les deux morceaux que le protagoniste s’efforce de jouer sont tout simplement sidérants et donnent fortement envie de se replonger dans le film. La musique poursuit en installant une tension efficace à travers des sonorités plus sombres et plus calmes, en passant par des morceaux romantiques typiques des années 50, jusqu’au final survolté d’« Upswingin’ ». Pas d’ennui à l’horizon, juste du vrai jazz dans nos oreilles. (AC)
Justin Urwitz et Tim Simonec
Harmonia Mundi / Varèse Sarabande