(Humus Records / Kartel Music Group)
On l’avait déjà écrit voici sept ans à la sortie de « Banshee O Beast », par sa fréquence d’apparition relativement longue et un peu aléatoire, l’arrivée d’un album du combo du Nord Vaudois pourrait s’apparenter à l’observation d’une comète dans notre ciel nocturne. Alors oui, si vous regardez bien en ce mois d’octobre, pas loin de la traînée laissée sur son passage par C/2023 A3 Tsuchinshan-ATLAS, vous allez bien trouver « Feral Future ». Mais là où il est question de patience au moment scruter la profondeur céleste pour dénicher un astre brillant, les dix nouveaux titres du désormais quartet vous arrivent en pleine figure en une fraction de seconde. La rythmique de « Milgrams » vous fait basculer, celle de « Feu radiant » vous pousse à la renverse et vous voilà le cul par terre avec le cerveau mis en ébullition par les attaques frontales de guitare et un chant dévastateur. Ce n’est qu’une fois ainsi affalé, l’esprit en bataille que vous allez doucement commencer à deviner les nuances et relief de la musique.
Cela commence avec l’intro élancée de « Conveyors » dont le flux se fait plus roublard, les guitares plus souples et la basse ronflante, alors que le chant lui vous tire encore vers l’avant. Plus loin l’horizon se pare de textures synthétique et ténébreuses au passage de « Velar Minds » tandis que « Widow way » permet à Vincent H. le nouveau chanteur de dévoiler toute la limpidité de son timbre. Plus l’album avance et plus le post-metal-hardcore de la formation laisse derrière lui des traînées de cristaux sublimés. Les constructions quittent le sillon rectiligne de la hargne pour épouser progressivement les méandres poussiéreux de la langueur. Les riffs d’Elie, l’autre petit nouveau de la bande flânent parfois vers des galaxies plus rock. Et Unfold entouré d’un halo de plus en plus sombre de se mettre à rayonner ardemment dans la lenteur de « Vex Solver ». Allongés là, les yeux plongés dans l’infini de l’espace le plaisir est intense. Quand, dans un dernier assaut puissant, la poigne et la rugosité de « Door Opening Eye », autant que la martialité de « Spit Rites », finissent par vous ramener à la réalité d’un monde à la croisée de la fureur et du chaos. [YP]
Note: 4/5