L’air du Lac Léman leur plait depuis longtemps, que ce soit lors de leurs multiples venues à Montreux ou lors de leur soirée en commun du côté de Nyon en 2022. Ils se sentent tellement bien ici que les deux Englishmen sont revenu dans cette belle région pour rejouer, cette fois en outdoor, qui plus est sur le Lac, grâce à cette nouvelle scène qui épate et émerveille les festivaliers comme les artistes. Cet écrin de la place du Marché est plus intimiste que les grands open airs que Sting et Rag’n’Bone Man fréquentent usuellement; cela s’est aussi ressenti dans ces concerts d’exception que nous ont livrés ces deux artistes, visiblement émus et très heureux d’être là devant 5’000 fans, pendant que le soleil couchant arrosait la Riviera vaudoise.
Il est 20 heures précise quand l’imposant Rag’n’Bone Man débarque sur scène avec son charisme hors norme, à l’image de sa voix de baryton qui prend aux tripes dès les premières paroles. Il était venu ici en 2016, inconnu de tous, invité par le MJF pour égayer l’annonce du programme de la 50ème édition, devant une poignée de journalistes. On sent ce grand bonhomme touché au cœur par l’accueil chaleureux du public montreusien, mais sa voix est là pour le sauver, accompagné magnifiquement par deux choristes de talent, l’instant est magique. Sa chanson‘’Human’’, écrite en 2017, qui l’a fait connaitre internationalement, résonne de plus belle manière dans ce cadre idyllique et paisible, loin des tourments et des bruits de bottes, elle rend ce chanteur impressionnant encore plus humain, plus proche des gens ! Quoi de mieux pour ouvrir en beauté la soirée pour son compatriote, son idole de toujours, Monsieur Gordon Sumner ; que l’on connait mieux sous le pseudo de Sting.
Sting était venu au Paléo 22 entouré de 7 musiciens pour une prestation polie et lissée, je me rappelle encore du titre de la critique de l’époque du Journal de Genève : ‘’Mou du Sting ‘’ !!! Il nous revient cette année en trio avec uniquement son guitariste et son batteur. Il apparait dans une forme indécente pour ses 72 ans au compteur, T-shirt serré sans manche, et toujours accompagné de sa fidèle basse Fender, qui vieilli d’ailleurs beaucoup moins bien que lui. Cette formation Power Trio passe très bien et rappelle bien sûr son légendaire band, Police. Cela va directement à l’essentiel, sans trop de fioritures, les hits mythiques défilent pour le plus grand plaisir de l’assistance qui se laisse bercer par ces morceaux qui traversent les générations sans prendre trop de rides, un peu comme Sting d’ailleurs.
Il a d’ailleurs été très étonné que l’entier du public lui chante directement le refrain d’Englishman in NY juste après n’avoir que dit que : ho ho !… un joli moment de communion et aussi un sacré coup d’émotion quand il a dit que Claude lui manquait beaucoup, sous les applaudissements appuyés de la Place du Marché. Il a beaucoup parlé en français, notamment pour s’excuser auprès des voisins, nimbreux sur les balcons, de faire trop de bruit ! On juste envie de lui dire que c’était un très joli bruit et qu’il pouvait continuer d’en faire jusqu’au bout de la nuit !
Texte : David Bétrisey
Photos : Alex Pradervand
