La Corne d’Abondance vient de lâcher son quinzième opus (Decadent), et c’est à l’occasion de sa venue en Suisse (30 Mars) que M. Dirkschneider, le doyen non-birbe du heavy allemand nous accorde une interview, dans le camp retranché de la paisible zone industrielle de Pratteln…
Comment se passe l’élaboration des morceaux ? D’abord les paroles puis la musique, ou le contraire ?
Alors… on a toujours les paroles en premier, la musique vient par-dessus. J’ai toujours des hooklines, et des ébauches de riffs. Ensuite, les gars viennent avec des idées pour la musique, et je regarde comment tout s’ajuste, tu vois… Disons, si tu écris des paroles « positives », tu ne peux pas utiliser la double pédale, simplement. Ça doit convenir. Je sais quelles paroles vont avec quelle musique. A l’époque, on avait toujours la musique avant les paroles, maintenant c’est le contraire.
Et dans « Decadent », quel est ton morceau préféré? Celui dont tu es le plus fier, ou satisfait?
Eh bien… quand on commence à écrire les albums, je ne me mets jamais à penser à quel était le meilleur de l’album précédent, ou qu’on devrait faire comme ceci. Ça vient, simplement. Je pense que c’est la meilleure manière de faire. Il faut essayer de faire quelque chose de nouveau c’est tout. Cette fois, c’était vraiment important que les nouveaux guitaristes s’entendent…c’est ce que j’ai vraiment cherché.
Fier de l’arrivée du garçon ?
Oui, je suis fier, d’une certaine manière. Pour lui, c’est un grand challenge! On a souvent du monde qui demande si la relation père-fils n’est pas un problème, blablabla. Non, c’est un membre du groupe, et en tournée, on n’est pas comme père et fils, tu vois. Il peut faire ce qu’il veut…et il n’a pas de privilège quelconque. C’est un membre du groupe, et voilà. Jusqu’à maintenant, ça fonctionne très bien (rires).
Pour parler du monde métal: dans la mesure où tu es dans le monde heavy depuis près de 40 ans, tu as assisté à son évolution. Qu’en penses-tu, et plus spécialement des nouvelles formations, rock ou métal?
Oh tu sais… y’a tellement de groupes là autour… c’est trop pour moi ! Les maisons de disques ne se concentrent plus sur un petit nombre de groupes, et la vente de CDs fond de plus en plus. Ce n’est pas facile pour elles d’investir beaucoup dans des nouvelles formations. C’est un peu le bordel. Ouais, je trouve que y’a beaucoup de bons nouveaux groupes, et je pense que c’est pas facile pour eux.
On te pose souvent des questions sur Accept. En as-tu marre?
Complètement! C’est terminé. J’en peux plus… je veux dire, c’est quelque chose d’autre, c’est complétement un autre groupe pour moi maintenant.
Pas de correspondance.
Oh non! Définitivement pas. Bien sûr, je suis content d’y avoir pris part. J’ai créé le groupe durant les 70s, avant Wolf et Peter, avec X-Band. Donc… je suis fier de ce qu’on a fait, mais tu vois… les vieux jours, c’est fini. Je veux plus en parler, tu vois… Wolf a dit pas mal de merde à mon propos… enfin, oublions-ça! Je ne les écoute plus.
As-tu déjà pris des cours, de musique ou de chant ?
Oh, tu sais. Au début, j’avais juste un job normal, dans l’entreprise de mes parents. J’ai commencé la musique avec le clavier, à treize ans. Puis j’ai commencé à chanter par-dessus, et le chant m’a plus plu que le clavier. Et ça a continué étape par étape. On avait ce groupe à l’école, puis avec les potes. Le hobby est petit à petit devenu une profession. On faisait juste des jams, personne n’avait de grandes aspirations… puis un jour, piouh!
Et au moment de ces jams, tu avais déjà cette voix ?
Il me semble que oui. Je n’ai jamais essayé de faire quelque chose de spécial, ou de copier quelqu’un. Je n’ai jamais travaillé ma voix.
On a une belle scène rock/métal en Suisse, plein de créativité. Mais il est difficile de percer. Un conseil?
C’est difficile à dire. Peut-être ce que j’ai mentionné avant : essayer de faire quelque chose d’unique, faire plus de jams, et peut-être que ça marchera! [PaH]
FICHE CD
Nom de l’album : ‘Decadent’
Label : AFM Records
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