Revenons sur les faits : en juin 2016, Silver Dust annonçait dans une vidéo la grande nouvelle : leur départ en tournée avec les Finlandais de Lordi (oui oui, ceux-là mêmes qui ont gagné l’Eurovision en 2006)! Chaque année, une multitude de groupes suisses partent en tournée, mais rares sont ceux qui ont l’opportunité de passer deux mois à sillonner les routes d’Europe comme groupe de support pour un groupe de renommée internationale comme Lordi… ce qui était suffisamment énorme pour que Daily Rock rejoigne Silver Dust à bord de leur tourbus pour quelques jours! Prêt à découvrir la face cachée d’une tournée ? Allé hop ! Embarque avec nous sur les routes de ce pays où la terre absorbe la pluie aussi bien que ses habitants absorbent la Guinness !
Jour 1 : Dublin
La rencontre avec le groupe a lieu le 9 novembre à la Button Factory de Dublin, située dans le festif et touristique quartier de Temple Bar. La salle de concert abrite également le Irish Rock n’Roll Museum et diverses salles de répétition sans oublier un studio d’enregistrement réputé. J’y rencontre Lord Campbell (Christian, chant et guitare), Tiny Pistol (Claudio, guitare), Mr Killjoy (Mike, batterie) et Kurghan (Thomas, basse).
Les présentations avec le groupe passées, un accrochage entre le promoteur et le groupe a lieu : Silver Dust a pour décor scénique, entre autres, un écran en forme de miroir, partie intégrante de leur show. Un show théâtral que le promoteur a du mal à concevoir pour un groupe de première partie, si bien que le show de ce soir devra se faire sans miroir. On oublie parfois que tout le monde ne se retrouve pas dans ce milieu par amour de la musique, et en général, c’est là que ça commence à coincer.
Installé dans les backstages, le groupe se prépare et se renseigne auprès de Aude, leur tour manager, à propos des deux questions principales lorsqu’on arrive dans une salle après avoir fait le tour des lieux, à savoir s’il y a des douches et si un repas est prévu, ce qui est bien le cas ce soir: des plats asiatiques à l’emporter les attendent et parmi eux se trouvent même deux portions végétariennes, détail très apprécié par les personnes concernées du crew.
Vers 19 heures, Silver Dust monte sur scène et y délivre un show impressionnant : on a rarement vu un groupe de première partie aussi carré, préparé scéniquement, pro et avec un tel spectacle. Malgré l’absence du miroir cité plus haut, le groupe adapte son show et les quelques applaudissements timides du début se transforment peu à peu en encouragements enthousiastes. Silver Dust, en tant que première partie, a été engagé pour chauffer la salle avant Lordi, et la mission est remplie !
Après le concert de Silver Dust, place à Shiraz Lane, que je ne verrai pas ce soir-là, histoire de me renseigner sur la suite de l’organisation de la soirée auprès du groupe en backstage. Puis ‘God of Thunder’ de Kiss retentit dans la salle, signe de l’arrivée imminente des monstres finlandais. Ce qui nous attend là est un horror show délirant, des costumes impressionnants de réalisme et un M. Lordi à l’humour toujours apprécié. Dès que les monstres quittent la scène, les fans viennent au stand merchandising de Silver Dust pour acheter t-shirts, patches, plectres, vinyles ou CDs et se les faire dédicacer par le groupe, qui se prête volontiers et avec bonne humeur au jeu et font leurs plus belles grimaces ou sourires sur les photos en compagnies des fans.
Vient ensuite l’heure du rangement, tâche à laquelle les musiciens prennent part mais qui n’est pas des plus reposantes après un concert. C’est que, la salle se situant en plein centre-ville, le bus a dû être garé sur un parking de station-service dans la périphérie. Il s’agit donc de charger tout le matériel dans une camionnette pour s’y rendre, de tout décharger sur le parking et de ranger tout ça dans la remorque du bus. Mais pas question de s’en aller sans avoir goûté la Guinness sortant tout juste de la brasserie se trouvant à deux pas d’ici ! Accompagnés de quelques fans (dont l’un d’eux vient de se faire tatouer le logo du groupe !) et amis du groupe se trouvant à Dublin, nous nous rendons au Bruxelles, l’un des meilleurs pubs pour rockeurs et metalleux de la ville, pour quelques pintes qui feront l’unanimité : la Guinness, elle est meilleure à Dublin !
Il est ensuite temps de rentrer et pour moi de découvrir le tourbus, un nightliner noir de dix-huit mètres de long ! Equipé de dix places assises à l’avant (sans compter les trois places pour chauffeurs et copilotes), un coin cuisine, des WCs, douze ‘bunk beds’ (couchettes) et d’un espace spécial aménagé pour les férus de jeux vidéos à l’arrière. Une vraie maison roulante ! Autant le dire tout de suite, ces bunks ne sont pas faits pour les claustrophobes ! Avec des dimensions d’environ 1,80 mètres de long, 60 centimètres de hauteur et de pronfondeur, on se demande de prime abord comment y entrer, mais après une ou deux roulades pour s’y glisser, on découvre un petit coin cosy, avec matelas, duvet et oreiller, une petite lampe et un hublot permettant de voir l’extérieur ! Fermé avec un rideau, il ne protégera pas des éventuels ronflements mais offre le minimum d’intimité requis pour dormir. Avec un peu (beaucoup) de souplesse et d’entraînement, on peut même s’y changer !
Le groupe a également pris le temps de filmer ses aventures et d’en faire de courtes vidéos, mises en ligne sur Youtube au fur et à mesure de leur tournée!
Jour 2 : Galway, 220 kilomètres plus loin
En fin de matinée, les premiers coups de gaz du bus me réveillent et c’est le moment du petit déjeuner (qui s’avère un peu acrobatique parfois pour ne rien renverser) au son des Ramones en prenant la route pour Galway (tu sais, ces routes où l’on roule à gauche!), à travers une Irlande ensoleillée et aux couleurs verdoyantes dont les étendues sont remplies de moutons. L’équipe compte deux chauffeurs Allemands, Kai et Mika, qui se relaient au volant. Après un arrêt nécessaire pour les provisions destinées aux petits déj’ et autres petits creux, c’est parti pour trois heures de route, traversant les comtés de Dublin, Kildare, Offaly, Roscommon et Galway, au cours desquelles les membres se réveillent chacun à leur tour.
L’arrivée (s’il est facile de trouver une salle de concert grâce au GPS, garer un tourbus dans une ruelle n’est pas chose aisée, même pour des professionnels), le déchargement du matériel, l’installation et le soundcheck sont entrecoupés de longs moments d’attente. Ceci est loin d’être un problème pour les membres du groupe : une telle tournée de deux mois ne permet pas un mode de vie très sex, drugs and rock n’roll, comme on dit. On profite de chaque instant pour se reposer avec un tel rythme! Le rockeur version 2016 vit de wifi et d’eau fraîche. Mais pas question de se plaindre ici : le groupe profite de cette expérience à 200% et la gratitude déborde d’eux à chaque instant !
Toutefois, malgré tout l’optimisme présent, la déception en découvrant la salle de ce soir est inévitable. Il est légitime de se demander comment il est possible, en 2016, avec les moyens dont on dispose, de ne pas regarder des photos des salles que l’on booke pour un groupe comme Lordi qui nécessite un minimum de place sur scène.
Si l’endroit a un charme certain, le Monroe’s n’en reste pas moins… un pub ! Certes grand, mais un pub tout de même ! Ce soir, les deux groupes de support se produiront sur la scène d’une pièce du pub tandis que Lordi montera sur la scène d’une seconde pièce : installer le matériel et le décor de tous les groupes sur une seule scène n’étant malheureusement pas possible. Imprévus aux conséquences diverses pour Silver Dust : s’ils ont la possibilité d’utiliser leur miroir/écran ce soir, les fans de Lordi risquent bien de faire l’impasse sur leur show pour se trouver une bonne place près de la scène dans la salle principale en attendant Lordi !
Les backstages sont inexistants ce soir : le parking glacial que l’on doit traverser pour accéder au Monroe’s depuis le tourbus fera office de backstage ! Les musiciens doivent traverser le public pour faire leur entrée sur scène, mais passé ces détails de début un peu laborieux, Silver Dust peut enfin commencer son show ! Le public s’amasse rapidement pour venir découvrir le groupe, et les fans présents à Dublin sont au premier rang pour les applaudir. C’est un groupe encore plus à l’aise sur scène grâce à son show complet que l’on découvre ce soir, et comme d’habitude, l’ambiance va crescendo et le public est conquis.
Débarquent ensuite Shiraz Lane, coup de cœur venu de Finlande, au look glam de sales gamins : un chanteur à la tignasse blonde à la Vince Neil et au look à la Axl Rose, synthèse vocale de ce dernier et de Sebastian Bach, un batteur à la ressemblance troublante avec Martin Sweet (Crashdïet), un bassiste sulfureux à la Lexxi Foxxx (Steel Panther) et deux guitaristes aux riffs accrocheurs pour l’un et glorieux solos pour l’autre. Si la voix et le son du groupe s’apparentent bien à celui du glam et du hard, les paroles quant à elles sont engagées (‘Money talks, poor men walks’ par exemple).
Lorsque Lordi entre en scène, on réalise que caser cinq monstres sur une telle scène relève d’un défi des lois de la physique! Mais M. Lordi et ses acolytes délivreront malgré tout un show digne de ce nom pour une date qui a frôlé l’annulation de dernière minute. Entendons-nous, ce pub est un endroit super, mais pas pour faire jouer des groupes comme Lordi. Ces derniers nous ont d’ailleurs confié que ce pub entrait dans le top 5 des ‘pires’ endroits où ils ont joué depuis que le groupe a atteint la renommée qu’il connait aujourd’hui !
Les fans sont à nouveau présents après le concert au stand merch et profitent de passer du temps avec Silver Dust et Shiraz Lane. Puis, c’est accompagnés d’une personne supplémentaire, Fabienne, stage manager du groupe, qui nous a rejoint ce soir à Galway, que le tourbus se met en route pour Dublin pour deux days off. En effet, la date du 12 novembre à Basingstoke a été annulée, la salle de concert qui devait les accueillir ayant fermé peu de temps après le début de la tournée. C’est la première fois que je dors dans le tourbus en marche, et même si j’ai passé du temps à regarder l’extérieur par le hublot de mon bunk et qu’il m’a fallu un certain temps pour m’endormir, je dois me joindre à l’avis général des membres du groupe : on dort bien lorsque le bus roule et ça ‘berce’ même !
Jour 3 : Dublin, 220 kilomètres plus loin
Même si le tourbus est confortable et dispose de WC, on y trouve pas de douches (faut pas abuser non plus, c’est pas un jet privé hein !) et qu’il est parfois possible de se doucher aux salles de concert, l’opération se complique lors des days off ! Même si l’occasion se présente de visiter des villes, c’est aussi beaucoup de tourisme de stations-services qu’on fait en tournée. Ces énormes stations pour routier avec restaurants, douches, shop et parkings pour camions (on se réveille d’ailleurs ce jour-là à côté du tourbus de Delain !
Lors des days off, on profite surtout de se reposer et de se lever en début d’après-midi s’il le faut. Après-midi durant lequel, justement, le chanteur de Lordi passe dans notre tourbus pour nous rappeler qu’il serait sympa de manger ensemble un soir, et que ce soir, un restaurant indien le tente bien. Une fois la mission de réserver un restaurant indien accomplie, nous envoyons l’adresse à M. Lordi et une partie d’entre nous part se balader et faire un peu de shopping au centre-ville de Dublin.
Tout le monde se retrouve ensuite au restaurant : Silver Dust, Aude, un des chauffeurs, Fabienne, Mr Lordi et leur ingé-son, Johan. La claviériste de Lordi et deux membres de leur crew nous rejoignent après le repas, mais impossible de trouver un pub pour autant de monde et où l’on puisse discuter. On est un vendredi soir à Dublin ! La solution est vite trouvée par M. Lordi : ‘On rentre à la station service et va dans votre bus, mais on se charge d’apporter ce qu’il faut’ ! Plusieurs uber sont nécessaires pour nous y ramener et s’ensuit une opération de rangement éclair du bus par Silver Dust qui se termine juste à temps pour accueillir nos invités de dernière minute.
La nuit qui a suivi s’inscrit dans une sorte de réalité parallèle, entre l’émerveillement pur qui brille dans les yeux de Mr Killjoy, fan ultime du groupe, et l’alcool fort bu au son de Kiss, Twisted Sister et compagnie, où l’on fera la fête jusqu’à 8 heures avec plusieurs membres de Lordi et de leur crew, terminant à l’aube en se racontant des histoires de fantômes !
Jour 4 : Dublin
Le samedi, on avait prévu d’aller au Guinness Storehouse (musée Guinness). Sauf qu’au moment où on l’avait prévu, on n’avait pas prévu que la soirée de la veille durerait toute la nuit ! Le groupe a donc profité de se reposer et de monter les vidéos à mettre en ligne depuis le wifi de la station-service. Le soir, une Guinness et un resto italien en ville seront suivi d’un verre dans un pub établi dans … une ancienne église (The Church), au son de Bryan Adams et Bon Jovi, pour enchaîner sur de la soupe sans âme qui nous pousse à rentrer et dormir.
Jour 5 : Swansea, 400 kilomètres plus loin
Peu avant 8 heures ce matin-là, c’est le départ pour le ferry ! Après y avoir garé le tourbus, petit tour sur le toit du ferry pour admirer la vue et voir la côte irlandaise rétrécir à l’horizon. Les membres du groupe et du crew se dispersent pour les quatre heures qui suivent. Certains se trouvent un coin pour continuer leur nuit ou geeker, d’autres admirent le paysage ou prennent un irish breakfast composé de jambon, bacon, black pouding ou d’œufs, toasts et hash brown pour les végétariens.
Après l’arrivée sur la terre ferme à Holyhead, quatre autres heures de route nous attendent à travers le Pays de Galles, sur des routes vertes, vallonnées et au paysage rempli d’arbres gigantesques et de petits cimetières dégageant une atmosphère mystique et presque magique.
Peu avant notre arrivée à Swansea, les membres du crew de Lordi, déjà sur place, nous avertissent : cette fois, c’est le pire du pire : un sol si collant qu’on manque d’y laisser ses chaussures et des WCs dignes de la scène culte du film Trainspotting ! A notre arrivée, la file devant la salle parait bien longue pour la taille de la salle, et tout ce monde crée une chaleur qui laisse en sueur même les plus immobiles d’entre nous. Les trois groupes délivrent ce soir un show magistral malgré une scène encore une fois de très petite taille.
A 2 heures et demie, des souvenirs plein la tête, il est temps pour moi de faire mes au revoir au groupe, qui s’en va pour Edinbourg et les cinq autres dates restantes de la tournée.
On se réjouit de connaître la suite pour Silver Dust, sans trop se faire de soucis pour la suite de leur carrière ! Avec leur talent, leur volonté et leur optimisme, on ne doute pas que les prochaines tournées suivront rapidement. Si vous en doutez encore, allez donc voir ce que M. Lordi pense d’eux dans l’interview sous ce lien https://vimeo.com/187917881 à partir de 10:30 !
https://www.youtube.com/user/SILVERDUSTRockTV