L’un des derniers événements de cette édition anniversaire d’Antigel – et non des moindres – était le concert de Tindersticks au Théâtre Forum Meyrin. La prestation a été retardée de 45 minutes, probablement en raison de la grippe qui a frappé Stuart Staples, chanteur du groupe, lequel s’est excusé en fin de concert pour le manque d’expressivité de sa voix. Eric Linder, codirecteur et cofondateur du festival est venu présenter le spectacle et a rendu un vibrant hommage à feu Mme Monique Boget, ancienne maire de Meyrin, « sans qui Antigel n’aurait jamais pu se faire ». L’assistance a chaudement applaudi à l’évocation de ce souvenir.
Les musiciens de Tindersticks arrivent à pas feutrés sur la scène du Théâtre Forum Meyrin, Stuart Staples leur emboîtant le pas. La salle est comble et le public salue l’entrée du groupe d’une salve d’applaudissements chaleureux. Comme d’habitude avec Tindersticks, la scène est sobre – l’essentiel est ailleurs – et un très joli ballet de projecteurs la découpera avec beaucoup d’à-propos, favorisant l’aspect feutré et intimiste du concert. A relever que les Anglais ont expressément ajouté la date d’Antigel à leur tournée, lançant celle-ci de ce fait.
La setlist est quasiment le même que celle de la tournée française de l’automne dernier. Elle fait la part belle au dernier album studio en date du groupe (‘Soft Tissue’, City Slang – 2024) et aux pépites mélodiques de son répertoire de plus de 30 ans de carrière. On plonge dans la musique et l’univers de Tindersticks comme dans un bain tiède, réconfortant et reposant, les nappes instrumentales s’entrelacent et confèrent une atmosphère cinématique. Ce n’est pas pour rien que la réalisatrice Claire Denis, tombée sous le charme de sa musique lors d’un concert au Bataclan, a sollicité ses services pour plusieurs bandes originales de films.
On a particulièrement apprécié le délicat ‘Willow’, l’envoûtant ‘Always a Stranger’ au rythme chaloupé, les accents soul de ‘Turned My Back’ et le très beau ‘New World’ aux couleurs chaudes et jazzy qui clôt le set. En fin de compte – et Dieu merci pour le public – l’état grippal de Stuart n’a pas eu d’influence sur sa voix, feutrée et au léger trémolo. Après un bref passage en coulisses, Tindersticks reviendra pour deux rappels dont le très beau ‘For the Beauty’, mélodie chant – piano mélancolique au rythme de valse lente, dernière touche délicate de ce beau tableau musical.
