Malgré la majesté du décor de Plaine Dranse dans les Portes du Soleil, écouter Hubert-Felix Thiéfaine en gogolles et pompes de ski a quelque chose d’un peu incongru, avouons-le. Un sentiment partagé par l’artiste et ses musiciens, le maître des mots avouant ironiquement que ce n’était ni la neige, ni le froid qui leur posait problème, mais bien l’horaire d’un set programmé en tout début d’après-midi. Mais c’est comme ça à Rock The Pistes, on chausse ses lattes, on grimpe la pente et on s’en met plein les esgourdes en pleine journée de ski. Ne restait donc qu’à se oindre de crème solaire indice 40 et tout était oublié… Surtout que la mécanique n’a pas été longue à se mettre en route. Après tout juste deux titres le bassiste Marc Perier avait ôté ses gants et ses acolytes gratteux (Alice Botté et Lucas Thiéfaine) dévoilés biscottos et riffs crades. Restait à un Thiéfaine encore peu loquace, la goutte au nez, à trouver ses marques. Lézardant un peu au soleil lors de premiers titres faisant la part belle à son répertoire plus récent, comme cherchant à habituer son vieux cuire a ces conditions particulières, il a fini par se dévoiler. Et de se lancer totalement à l’attaque de son public avec un diptyque acide et atomique, ‘Alligators 427’ et ‘Loreleï Sebasto Cha’ attaquant de front le blanc manteau de Châtel. Porté par une section rythmique terriblement efficace, bien cachée derrière des tempes couleur poudreuse fraîche, aiguillonné par des solos de guitares méchamment baveux, le Jurassien a fini par balancer une fin de concert tout en courbes tendues et verbes sinueux, finissant inévitablement par faire descendre de sa montagne rocailleuse une ‘Fille du coupeur de joints’ à faire définitivement fondre la glace.
