L’histoire de Theia est semblable à celle de dizaine de classics rockers actuels.
Nourrit par la discographie paternelle, ou Alice Cooper côtoyait Motörhead et autres Led Zeppelin, ces jeunes gens ont décidé de tenter leurs chances en formant leur groupe.
Devant le déclin des maisons de disques, les anglais décident de produire seuls leur premier album. C’est ainsi que, pendant quelques jour, »Take The Pills » est disponible en téléchargement sur la toile. Si cette démarche ne peut que forcer le respect, elle est aussi liée au principal défaut de l’album.
Le producteur n’est pas seulement un affreux émissaire à la solde des maisons de disques, il est aussi un maillon important dans l’élaboration du son d’un groupe. Un musicien, aussi bon soit il, n’a pas forcément une vision précise du résultat qu’il veut obtenir et/ou de la façon de l’obtenir. Sans Mutt Lange , ACDC n’aurait pas sonné pareil sur « Highway To Hell ». De même, c’est l’expérience de Todd Rundgren qui permit la sortie du premier album des New York Dolls.
Privé de ce parrainage, Theia semble partir dans tous les sens, avec comme seule ligne directrice la puissance de sa musique. « We’re Alive » ouvrait l’album sur quelques arpèges charmeurs, avant que le groupe ne viole cette mélodie à grand coups de riffs heavy.
Débarquant sans la moindre finesse, ces riffs plombés arrivent comme un cheveu sur la soupe, et on se demande à quoi ont bien pu servir les arpèges mélodiques du début. Puis les guitares forment un brouhaha sonore qui, si la batterie n’était pas aussi présente, pourrait rappeler le vacarme pseudo rock de Nickelback.
S’élevant parfois par-dessus ce bloc sonore, la guitare balance des riffs oscillants entre le mauvais Maiden et un trash mou du genou. Quant aux solos, ils émergent de cette mélasse sans que l’on sache pourquoi, comme si le groupe voulait à tout prix prouver qu’il faisait du hard rock.
Quelques minutes plus tard , « Society On Mute » tente de rapprocher le groupe du hard rock pachydermique de Black Sabbath. Mais la voie Mustainnienne du chanteur de Theia en fait un bien piètre maître de cérémonie noire et, comme s’il s’en rendait compte, le groupe repart dans des cavalcades heavy metal tout aussi stériles.
Comble de l’insupportable, « Video Memorie » est doté d’un refrain prétentieux, qui semble être là uniquement pour rassurer l’auditeur entre deux charges de guitares assourdissantes. Placé juste derrière, « Anybodie Else » est un rock plus carré, mais là encore on peut regretter les breaks de guitares pachydermiques, et la prétention de ses chœurs pompeux.
Partout le constat est le même, Theia multiplie les artifices ( arpéges inutiles , chœurs pompeux , clameurs célestes en introduction de « Electric Witness ») mais aucun d’eux ne peut masquer les faiblesses d’un groupe qui semble perdu.
« Take The Pills » est un album sans idées, qui fait beaucoup de bruit pour compenser le vide de ses compositions. Il faudra sans doute du temps, et un bon producteur, pour transformer ce chaos sonore en quelque chose de cohérent.