Le dernier album de The Mars Volta est loin d’avoir fait l’unanimité. Les puristes de Math-rock ou de Psychédélique n’y ont pas trouvé leur compte. Le changement est drastique et fulgurant même si on y retrouve tout de même une ambiance pouvant rappeler le groupe que l’on connaît. L’album est surproduit et on semble avoir tenté de camoufler le manque d’inspiration par de nombreuses couches de sons électroniques qui produisent, en fait, l’effet contraire. Malgré ce constat, le spectacle du lundi, 25 septembre 2023, vient d’entrer au temple de la renommée des meilleurs concerts de ma longue vie de quarantenaire. De loin, l’évènement le plus magistral auquel j’ai assisté post-pandémie.
Teri Gender Bender ouvrait le bal habillé en licorne multicolore avec une musique Funk-Prog dansante mais lugubre, remplie de dynamiques. Le groupe maîtrise la retenue et le sens du divertissement. Avec une approche très inventive, on y perçoit des influences Trip-hop à la Morcheeba mais aussi beaucoup de Dark-wave, certains morceaux font aussitôt penser à ce que The Cure a produit de mieux. La chanteuse est envoutée et envoutante surtout lorsqu’elle récite de la poésie au sujet des serpents, comme l’aurait fait un Jim Morrison ou une Patti Smith. Le public fut très attentif et chaleureux, le groupe, en échange, fut plus que reconnaissant. Seule déception, performance trop courte d’à peine trente minutes.
Comme l’on pouvait s’y attendre, The Mars Volta débuta le spectacle de manière lente et ambiante. En quelques minutes le public était complètement immergé dans un univers de grandiloquence et de folie. Le drapeau Portoricain venait fièrement draper l’arrière-scène, alors qu’à l’avant-scène c’est le charisme des musiciens qui prenaient toute la place. Les prouesses vocales ont aussitôt débuté et se sont déroulées pendant 1h45 dans une intensité irrépressible, et ce, sans même prendre le temps d’avaler une gorgée d’eau. D’une précision surhumaine, aussi parfaite que sur album, Cedric Bixler-Zavala a ébloui en menant les cinq autres musiciens, et le public, vers rien de moins que l’extase. Beaucoup de pièces des deux premiers albums du groupe furent interprétées. Le dosage avec les nouvelles chansons était intelligemment calculé, et même si deux ou trois morceaux sont tombés un peu à plat, l’entièreté du spectacle était composée des plus importantes chansons du groupe. Les effets de lumière était aussi très réussis, mais on retiendra encore davantage un son parfait tout au long de la soirée, et ce malgré les nombreux changements d’instruments. Le volume général a été tenu assez bas durant l’événement et chaque instrument, et à tout moment, était clairement audible et pur. La précision dans l’enchaînement des chansons reste un fait notable et majeur dans l’expérience du spectateur, et cette tâche revenait plus souvent qu’autrement à la batteuse qui réussissait à toute occasion à transformer les rythmiques d’un coup de baguette magique. Il y eut peu d’interactions avec le public sauf à la toute fin, on n’y verra aucunement une marque de snobisme mais bien plutôt un sens affûté des priorités pour maintenir la concentration des performeurs. The Mars Volta, c’est un état d’esprit. Tous les éléments étaient foncièrement en place pour être au service d’une musicalité parfaitement désordonnée.
Texte: David Atman