Soirée événement à l’Usine qui affichait « sold out » – plutôt sympa pour un lundi soir ! – à l’occasion de la venue de The Jesus And Mary Chain dans le cadre de la tournée célébrant leurs 40 ans de carrière et la sortie de « Glasgow Eyes » (Fuzz Club / 2024), nouvel album d’excellente facture.
Le public répond déjà bien présent pour Deathcrash, le groupe de première partie. Les jeunes Londoniens distillent un post rock et slowcore exprimant un spleen contemporain qu’ils déchirent parfois de riffs bruts de coffre. Formé en 2019, Deathcrash compte 2 albums et 2 EP. Leur prestation est intéressante mais un peu monotone, les musiciens n’étant pas très expressifs, peut-être un manque d’expérience ?
Dire que l’on attendait le concert de The Jesus And Mary Chain comme le Messie est un euphémisme. Les Ecossais, qui ont bercé la fin de notre adolescence dans les 80’s / 90’s, enflammé les Repérages de Couleur3, fait le bonheur de Creation Records et Blanco y Negro, écumé les clubs et salles underground aux quatre coins de l’Europe venaient à l’Usine pour fêter quatre décennies de musique, rien que ça ! De bleu de bleu !
Eh bien le nombreux public n’a pas été déçu. Dans une salle bondée à l’ambiance de feu, où une promiscuité poisseuse mais bon enfant s’est établie, les frères Reid ont fait parler la poudre. Une setlist de rêve façon best of panachée avec cinq titres du petit dernier fraîchement accouché (« Glasgow Eyes ») était au menu.
« Jamcod », nerveux, mariant rock et electro, donne le ton : la soirée sera électrique. L’hymne « Happy When It Rains » suit immédiatement, ravivant d’intenses souvenirs chez les nombreux quinquagénaires présents. Mais pas que… les nouvelles générations répondent présent et goûtent à ce rock intemporel. Dans la foulée, « Head On » – qui figure sur « Automatic » (1989) puis « Far Gone And Out » extrait de « Honey’s Dead » (1992), deux titres que l’on dirait écrit par les Ramones en cure de désintoxication dans les brouillards d’un loch. Les fans sont aux anges et le font bruyamment et joyeusement savoir. « All Things Pass » aux sonorités plus modernes est diablement accrocheur tandis que l’on ralentit la cadence avec « Chemical Animal », titre plus introspectif du dernier album. « The Eagles and the Beatles », petite pépite, en est également extrait et relance la machine.
40 balais ça se fête avec les plus belles bougies musicales que sont les classiques « Some Candy Talking », « Sidewalking », l’extraordinaire « Blues From A Gun » ou encore « Nine Million Rainy Days ». Jolie surprise avec la venue sur scène d’une artiste locale, Melissa Kassab, qui accompagne Jim Reid au chant sur « Sometimes Always » et l’immense « Just Like Honey ».
La ronde des rappels débute avec « Darklands », classique parmi les classiques, l’ADN de Jesus And The Mary Chain. Les furieux brûlots post punk « Never Understand » et « I Hate Rock’n’Roll » donnent une dernière fois des soubresauts aux fans avec des riffs sauvages et débridés avant que le bien nommé « Reverence » ne pose le point final électrique à ce concert. Les murs de l’Usine doivent encore résonner de cette prestation épique et anthologique. En vérité je vous le dis, le rock n’est pas (encore) mort !
