Avec la profusion de festivals en juillet, les arrivées et départs en vacances, la pause estivale de bon nombre de salles et de clubs, on aurait vite fait de passer à côté de l’une ou l’autre date d’un artiste ou groupe majeur qui tourne à cette période. Ç’aurait été vraiment dommage de manquer la seule date suisse de la tournée anniversaire ‘8424’ de The Cult célébrant ses 40 ans de carrière. Fort heureusement, le public a répondu présent et la cour du Z7 était déjà bien garnie avant même les concerts, les uns savourant une excellente pale ale millésimée pour les 30 ans de la salle, les autres savourant une juteuse ‘boule de Bâle’ à faire pâlir un diététicien.
Jonathan Hultén ouvre la soirée sur le coup de 19h45, musicien à tout faire qui nous emmène dans son univers onirique et gothique où ‘pleurent les diables’. Drapé de noir, dans un décor sylvestre et floral, l’artiste suédois chante aussi bien qu’il joue de la guitare acoustique. Surprenante et réussie reconversion de Jonathan Hultén qui vient du dark metal où il maniait la six cordes au sein du groupe Tribulation. A présent, il propose un dark folk délicat qui s’apparente à Chelsea Wolfe ou A.A. Williams pour notre plus grand plaisir. Sa (courte) prestation fait écho à celle de mars dernier au Kiff où il avait ouvert pour Myrkur et déjà marqué les esprits.
Jonathan Hultén ayant terminé son set à 20h15, on se disait que pour une fois, on ne rentrerait pas trop tard dans nos pénates, surtout un dimanche soir. Que nenni ! On ne sait pourquoi, la pause entre les deux concerts s’est éternisée et ce n’est qu’à 21h07 que The Cult entre en scène au son de la ‘Chevauchée des Walkyries’ empruntée à la bande son d’ ‘Apocalypse Now’. Le public est au taquet, prêt pour la communion avec le groupe. Le concert débute avec deux titres peu connus mais énergiques, ‘In the Clouds’ et ‘Rise’. Le ton est donné, riffs tendus de Billy Duffy et Ian Astbury qui prend d’entrée les devants de la scène, tout de noir vêtu – blouse, pantalon-robe à la japonaise et large bandeau sur le front. Back to the future, on retrouve ce son puissant qui nous a tant fait vibrer à notre adolescence et cette voix – quelle voix ! – de Ian, rejeton improbable d’un Jim Morrison qui aurait été élevé par Steven Tyler.
Premiers frissons avec ‘Wild Flower’ et sa rythmique simple et efficace à la AC/DC, l’une des chansons phares de l’album ‘Electric’ qui nous ramène au cœur des 80’s. Quelques titres dont l’étonnant ‘The Witch’ illustrent la diversité du répertoire de The Cult, connu à ses débuts pour son rock gothique, virant sur un hard rock mélodique dès son deuxième album avec des touches psychédéliques et indie sur les plus récents.
Au milieu du concert, moment intimiste réussi avec une version semi acoustique du très beau ‘Edie (Ciao Baby)’ avec le duo Astbury / Duffy qui offre un bref répit à l’assistance. L’imparable ‘Sweet Soul Sister’ relance la machine avec son refrain fédérateur repris en chœur par le public, jouissif ! Ian est au taquet, parfois fantasque, tantôt agacé par un tambour à percussion qu’il fracasse sur scène, tantôt magnanime en offrant un autre à un fan des premiers rangs. On craint parfois une réaction semblable à celles des frères Gallagher à l’époque d’Oasis mais il n’est rien. Le chanteur, qui n’a (presque) rien perdu de sa superbe, montre qu’il est le patron et ne cache pas son plaisir à se produire devant le public réactif et bien garni de la Z7. Final en feu d’artifice avec quatre missiles qui font mouche – incroyable ‘Fire Woman’, intense ‘Rain’ qui nous ramène aux années de gloire du groupe, irrésistible ‘Spiritwalker’, et immense ‘Love Removal Machine’. Deux rappels viendront couronner cette belle soirée d’anniversaire, titres des premiers albums de The Cult, ‘Brother Wolf, Sister Moon’ et la chanson par laquelle tout a commencé, ‘She Sells Sanctuary’.
