Je viens vous parler d’un temps que nous avons tous connu ; d’un temps où nous, fans de lives, ne franchissions pas les portes d’une salle de concert pour ne pas être sure d’en sortir, où personne n’avait à l’esprit qu’un billet de concert rock pouvait être apparenté par certains à un ticket validant l’adhésion à une doctrine irresponsable.
D’un temps où un concert de rock étaient un rassemblement d’amis, d’amateurs, de fans mais certainement pas de profanes. Nous avons renversé de la bière au moins une fois dans une salle, mais la couleur des traces laissé sur le sol ces temps-ci a bien changé.
N’ayons pas peur d’aimer le rock, ce rassemblement de personnes qui se tiennent chauds, qui aiment prendre des riffs de guitares dans les oreilles et pas des balles dans le corps. Coupables d’être ensemble, coupable de s’amuser, coupable de sortir, coupable de rien.
Je dédie ces modestes mots à ceux qui ont laissé un peu d’eux mêmes au Bataclan, à ceux qui y ont laissé la vie et qui sont désormais rock n’ roll pour l’éternité.
Une semaine avant, j’étais aussi sur la capitale, au Grand Rex, à quelques centaines de mètres de là, pour moi aussi profiter de l’opportunité parisienne de voir un de mes groupes favoris, le Tedeschi Trucks Band. Composé des groupes de Susan Tedeschi et Derek Trucks, mari et femme dans la vie, le groupe propose un combo rock blues gospel aux teintes jazzy avec 12 musiciens sur scène au total.
De la pointure de premier ordre pour occuper l’une des plus belles scène de Paris. Plus beaucoup de places dans l’assistance au moment où les lumières s’éteignent pour accueillir Théodore, Paul et Gabriel en première partie [acoustique] du show. La demi heure de folk soft du groupe échauffe le public qui trépigne d’impatience à l’idée de retrouver la tête d’affiche de la soirée.
D’autant plus que ça parle guitare dans tous les coins. Derek Trucks a attiré à coup sur les gratteux du coin. Il faut dire qu’avoir joué dès le plus jeune âge avec le Allman Brothers Band et prendre finalement la place du regretté Duane Allman jusqu’à la fin du groupe lors d’une tournée d’adieu en 2015, magnifie de toute évidence le CV du bonhomme, abordant avec sérénité la quarantaine. Les fans de gratte ne s’y sont pas trompés : un des dix meilleurs guitaristes au monde, ça ne se rate pas. Et que dire de la voix de la saisissante Susan Tedeschi, fille spirituelle d’une certaine Etta James.
Bref, que d’espoirs lors de l’entrée des musiciens sur scène. Et ce seront deux heures de concert fortes en intensité auxquelles nous aurons droit. 12 musiciens qui se laissent de la place chacun à leur tour dans un ensemble où tout transparaît, c’est beau. Entre reprises et compositions originales du band, la setlist est équilibrée, oscillant entre douceur (« bird on a wire ») et force (« made up mind ») avec une apothéose atteinte au rappel tant espérer : une reprise des beatles version Joe Cocker de « With a little help from my friends ».
Les larmes se sont emparées de mon visage au début et à la fin du concert. Tant de talents, d’humilité et de générosité, cela force le respect. Le déplacement valait le coup. La petite nana aux cheveux long et le timide guitariste au bottleneck foudroyant forment de toute évidence un tandem qui n’a pas fini de tourner et de répandre avec leurs musiciens, leur musique autour du globe.
Aussi amoureux qu’ils sont l’un de l’autre, nous pouvons l’être de leur travail – Tedeschi Trucks Band, à voir si cela n’est pas fait.
- Anyhow
- Made Up Mind
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Laugh About It
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The Letter(Joe Cocker cover)
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Bird on the Wire(Leonard Cohen cover)
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Keep On Growing(Derek and the Dominos cover)
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Midnight in Harlem
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Break In The Road(Betty Harris cover)
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Sticks and Stones(Joe Cocker cover)
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I Want More
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I Pity the Fool(Bobby “Blue” Bland cover)
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Idle Wind
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The Storm
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With a Little Help From My Friends(The Beatles cover)