Quand les Swans entonnent leurs premières notes, tu te tais et tu restes muet pendant les deux heures trente que durera leur litanie. Parce que tu ne peux de toute façon pas faire autrement, tant le volume sonore atteint des niveaux démentiels, mais surtout parce que la créature t’enlève, te met les chaînes et ne te lâche à aucun moment du spectacle qu’elle t’inflige.
Un mot, surtout un mot pour décrire un concert des Swans : la transe. Et ce show n’y a pas dérogé. Plein d’autres expressions viennent bien sûr à l’esprit : mammouth électrique, sermon psychédélique, supplice de Prométhée, découverte de penchants SM, mais rien ne s’impose autant que la transe quand explose la musique de Michael Gira et de son équipe.
Le combat est plus direct en live qu’en studio, beaucoup moins progressif. Le résultat est que les deux tiers du concert au moins se déroulent dans un pic d’intensité cosmique où chaque instrument crache son âme et son larsen à la face de l’audience en apesanteur tétanisée, tandis que Gira hurle ses vocalises infinies et mène son orchestre de tarés avec le souffle d’un dieu.
Un spectacle à nul autre pareil, qui n’a encore une fois pas déçu. Il nous donne surtout à regretter que cette version des Swans est bientôt morte est enterrée, avant sa renaissance sous une forme qu’on espère aussi belliqueuse.
La messe est dite… pour le moment.