Je me dois de le préciser, lorsque j’ai décidé de chroniquer cet album des Finlandais de Swallow The Sun, il y avait une éternité que je ne m’étais pas penché sur leur carrière. Depuis facilement 10 ans en fait, alors que j’étais fan de leur album « Ghost Of Loss » et que j’avais pu les voir au Hellfest 2008 à l’époque. J’étais après cela passé a autre chose, d’autres styles. Je m’attendais donc a du Funeral Doom/Death avec des touches mélodiques, une voix gutturale, quelque chose d’assez simple et efficace…J’étais donc loin de me douter de ce qui allait arriver dans mes esgourdes, et surtout loin d’imaginer la portée émotionnelle que cet album pourrait avoir.
Je vais donc vous faire découvrir cet album comme je l’ai découvert.
Première écoute : c’est un peu le choc. M’attendant a retrouver le Swallow The Sun de mes 20 ans, je me retrouve face à des morceaux extrémement mélodiques, beaucoup de chant clair (alors que celui ci était très peu présent dans ce que je connaissais du groupe) et surtout une musique sensible, parfois violente mais aussi très douce. Je suis décontenancé.
Deuxième écoute : en approfondissant quelque peu, il est pas si désagréable à écouter finalement cet album. C’est à la fois catchy, émouvant, et certains passages restent quand même assez bourrins et tirant parfois vers le Black Metal si cher à mon coeur (sur « Firelights » notamment), quand d’autres titres paraissent vraiment plus accessibles au grand public (Stone Wings), mais sont chargés d’une énergie et d’une sensibilité assez dingue, tandis que le dernier morceau(« Never Left ») a un petit coté Katatonia qui ne me laisse pas indifférent. Et coté chant, il faut avouer que le vocaliste Mikko Kotamäki fait des merveilles, autant en chant clair que guttural.
Troisième, quatrième, cinquième écoute : Bon d’accord c’est vraiment très très bon, je vais m’en reprendre une tartine tiens!
C’est à l’abord de la sixième écoute que j’aborde un petit peu l’histoire récente du groupe et celle de la composition de cet album. Et tout s’éclaire.
Il faut savoir que Juha Raivio, guitariste et tête pensante du groupe, a perdu sa femme Aleah il y a 3 ans de cela, moins d’un an après la sortie de leur triple album « Songs From The North », considéré comme la pièce maitresse du combo. S’en est suivi une longue période d’isolation pour Juha, près de deux ans et demi, au milieu de la forêt, ou il tenta de faire son deuil, de comprendre, de se remettre, puis accoucha de neuf morceaux en 3 semaines. Ces morceaux ce sont les 8 de « When A Shadow Is Forced To The Light », plus « Lumina Aurea » un single sorti en Décembre dernier, près de 3 mois avant l’album. Ce single, ou l’on peut retrouver Einar Selvik de Wardruna au chant, symbolise la part sombre, le désespoir du compositeur face a l’implacabilité de la mort, alors que l’album symbolise le retour à la lumière, à l’envie de vivre, un grand coup de pied au cul comme peut le symboliser le titre, en français : Quand une ombre est poussée vers la lumière. Car oui, cet album est lumineux, mélodique, d’une beauté dingue, mais on peut aussi y percevoir un certaine tristesse , une mélancolie latente. On peut surpasser la douleur de perdre un être aimé, mais on ne peut jamais l’oublier, et une part de tristesse subsistera toujours en nous.
Il faut avancer.
Voilà pourquoi cet album de Swallow The Sun prends tout son sens une fois que l’on en connait la genèse. Et pourquoi il est encore plus beau après chaque écoute. Même si l’on aurait préféré pour Juha Raivio qu’il n’aie jamais eu a accoucher d’une oeuvre aussi belle…