Supersonic Blues Machine, voici un nom de groupe qui claque. Un coup des Américains encore une fois. Il faut dire qu’ils sont carrément forts dans cet exercice de toute façon. Dans cette façon qu’ils ont de perpétuer une tradition artistique bien de chez eux, le Blues. Toujours « the same old blues ».
Mais du Blues, il n’y a pas que ça ici. Il se laisse vite prendre par l’Americana populaire qui donne tantôt envie d’enfourcher une Mustang, tantôt de rouler au volant d’une grosse caisse de là-bas qui envoie valser toutes les règles anti-pollution, ou encore de chausser sa plus belle paire de bottes.
Voilà ce que m’a fait la première écoute de l’album de SuperSonic Blues Machine. Un album dont la production n’a d’égal que le prestige des featurings qu’on peut trouver sur le disque. Voyez un peu : Billy Gibbons (ZZ Top), Warren Haynes (Gov’t Mule, Allman Brothers Band), Robben Ford, Walter Trout…
Mais comment réunir autant de noms sur cet album ? La question se pose évidemment ! Elle trouve sens quand on retrouve derrière les manettes : Fabrizio Grossi. Cet homme, qui a notamment travaillé pour des artistes comme Joe Bonamassa, Alice Cooper ou encore Zakk Wylde, a suggéré, en 2012, l’idée au guitariste, chanteur et songwriter texan Lance Lopez, alors en visite à Los Angeles pour enregistrer un album. D’amis en amis, de connaissances en connaissances, Lance et Fabrizio qui prend la basse, se virent rejoindre par Kenny Aronoff à la batterie. Une sorte de super groupe de potes à l’assaut du Blues Rock.
Mais qu’on se le dise tout de suite, ces featurings et cette superbe façade ne sont pas des « cache-misères ». Les compositions du disque, made in Seventies, avec ou sans guest, sont de très bonne facture. Diversifiées, elles passent du Grand Ouest américain au Texas, à coups de guitare Dobro, d’harmonica et de voix qui a bien connu un certain Daniel’s, Jack de son prénom. « Miracle Man » est le témoin de cet esprit.
Sans révolutionner le genre, SBM lâche ses grilles d’accords sans complexe, en nous promenant dans le monde du Blues Rock, en long, en large et en travers. « I Ain’t Fallin’ Again » et son riff de guitare ravageur prolonge la première impression. L’ensemble sonne heavy. Les chœurs donne un relief incontestable au refrain avant que n’arrive le solo comme une délivrance.
C’est tout ce qu’on aime ici. Le mixage est en tout cas aéré et groovy. On continue de plus belle notre petit bonhomme de chemin sur Supersonic Blues Road ; place à Billy Gibbons et sa voix qui n’a que trop (ou pas assez) vu de cigares dans sa carrière. « Running Whiskey », titre plus qu’approprié au barbu made in Texas, est un des moments phares de l’album. La légende a décidément son petit effet où il passe, comme son apparition récente dans le dernier album de Buddy Guy.
Puis Warren Haynes, avec un titre à mi-chemin entre Seventies et la classe de Lynyrd Skynyrd. Rien de compliqué dans le morceau, mais c’est efficace et cela fait du bien !
Qu’il est bon d’entendre un disque ainsi élaboré. Une bande de potes qui jouent le blues, qui jouent le rock et qui y prennent un malin plaisir. Du groove de « Ain’t No Love » à la brutalité de « Whiskey Time » (eh oui encore du « whiskey » !), en passant par la ballade « Let’s Call It a Day », tout y est.
Sorte de compilation sur l’état du Blues Rock en ce début de 21e siècle, l’album de Supersonic Blues Machine est un pansement contre la morosité. La preuve que la flamme de cette musique n’est pas prête de s’éteindre et que même si certains parmi les meilleurs nous ont récemment quittés, des générations se relayent, s’épaulent, s’apprécient et sont toujours capables de grandes choses.
Un immanquable de ce début d’année. Merci messieurs.
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