Le seul défaut de leur premier album éponyme (auquel j’avais attribué la note maximale), était d’avoir placé la barre tellement haute, que les attentes pour les prochaines productions seront forcément particulièrement exigeantes. Moins immédiat, c’est à partir de la deuxième, voire de la troisième écoute que II commencera à vous envahir, à vous hypnotiser, à vous enlacer dans ses mélodies plus complexes (et intemporelles à la fois) et plus alambiquées dans leurs structures.
La musique des Suns Of Stone et le chant d’Alan Charlton sont devenus plus profonds et viennent directement vous envelopper et prendre possession de vos sentiments, chaque titre s’incrustant un peu plus en vous à chaque passage dans votre lecteur, pour devenir la bande sonore de votre journée. Loin d’être aussi simpliste que son titre ne le suggère, ce deuxième album leur permet d’imposer leur identité dans un style musical qui ne pardonne, ni le manque de détermination, ni l’honnêteté.
Propulsé par une section rythmique alliant dynamisme et efficacité, le gang d’Ottawa nous tricote des pistes accrocheuses à la fois subtiles et équilibrées. L’ensemble défile, ne nous laissant que très peu de temps pour reprendre notre souffle et aucune chanson ne présente la moindre faiblesse. Sans prise de risque excessive, cela reste tout de même d’une redoutable efficacité et ces onze chansons nous démontrent la fougue d’un groupe qui n’hésite pas à faire évoluer son style sans toutefois le défigurer.
Changeant régulièrement de tempo, sans jamais manquer leur cible, ils réussissent à trouver leur place et ils font la différence en variant les plaisirs pour échapper avec brio à une certaine linéarité. Solides et bien en place, ils nous entrainent à nouveau à travers leur territoire dans une course effrénée nous menant vers divers horizons. Entrainant, musclé, inspiré, voici un opus qui vous donnera envie d’en savoir un peu plus sur ce quatuor canadien prêt à en découdre dès que l’occasion se présente.
Une chose est sûre, les grandes découvertes musicales se font parfois grâce aux petits labels, qui par un travail de fourmi et par passion, se chargent de nous débusquer et de nous faire découvrir de grands groupes, qui n’auraient sans doute connu qu’un avenir confidentiel sans leur aide. Alors merci à eux et, ici, à Bad Reputation.