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Il faut tout d’abord saluer le magnifique travail du label Eagle Rock qui, depuis quelques mois maintenant, s’est donné pour mission de remettre en lumière plusieurs concerts historiques. La maison de disque s’est, entre autre, occupée de revisiter l’histoire des Stones, à travers une série de lives honorables ou excellents. Et puis il y a eu ces épisodes historiques, enfin édités en format cd. La tournée « Deguello » de ZZ Top, le live à l’Isle de Wight des doors, et j’en passe.

Cette série aurait suffit à positionner la maison de disques dans un secteur aussi essentiel que lucratif : l’exploitation et la mise en lumière d’un patrimoine qui fait encore rêver. Mais non, elle a désormais décidé de mettre en lumière les grands événements contemporains.

Le premier à en bénéficier fut Iggy Pop qui, ressuscité par la fougue de Josh Homme, a donné une véritable leçon de Rock’n’Roll au Royal Halbert Hall. Un an plus tard, au même endroit, c’est Steven Wilson qui vient graver son nom à la suite des glorieux rockers déjà immortalisés par le label.

Le choix de ce contexte n’est pas anodin, et intervient au moment où le compositeur récolte enfin les fruits de son exceptionnelle créativité. Boudé avec « Porcupine Tree », auteur de trois albums solos aussi grandioses qu’ignorés, l’homme a su taper du point sur la table pour donner sa vision de la musique pop.

Résultat, en 2017, il parvenait à rendre son univers accessible avec le foisonnant « To The Bone ». Les vente de cet album, et la monumentale tournée qui suivirent, firent dire au magazine Telegraph que « Steven Wilson est le plus connut des musiciens dont vous n’avez jamais entendu parler ».

Cela résume bien cette soudaine popularité, qui est en réalité le résultat de plusieurs années de travail acharné. Avec ce concert au Royal Halbert Hall, Steven Wilson nous invite à célébrer sa percée tant attendue, à communier autour de cette musique spirituelle, enchanteresse et virtuose.

Et pour ça, le maître de cérémonie a concocté un programme impressionnant, fait du meilleur de sa carrière solo et des meilleurs passages de « In Absentia », le chef d’œuvre de « Porcupine Tree ». Quand je parle du meilleur de sa discographie en solo, j’y inclus bien évidement le petit dernier, qui est largement représenté ici.

Le concert s’ouvre sur une cinématique solennelle, censée nous présenter les principaux thèmes chers à l’artiste, et permettant de se détendre avant l’arriver des musiciens. Le public est assis attentif, comme conscient du choc merveilleux qu’il est sur le point de recevoir.

Le groupe entre en scène et entame avec le classieux « Nowhere Now », et sa sympathique mélodie qui annonce la suite des événements. Le titre introduit surtout « Pariah » de manière parfaite. Issue de l’album « To The Bone » c’est un des instants les plus envoûtants du concert.

Enveloppé par des nappes de clavier vaporeux, le public entre dans une communion solennelle, bercé par la voix de Ninet Tayeb, qui semble venir des profondeurs d’une âme torturée. Les effets visuels rajoutent de la magie à ce moment grandiose, et on ne peut qu’admirer la performance avec les yeux d’un enfant le soir de Noël.

Ce sentiment se manifestera régulièrement tout au long du show, les passages atmosphériques et introspectifs du concert ayant cette capacité à toucher les âmes qui ont encore un peu de sensibilité. Et puis il y a l’envolée rock de « People Who Eat Darkness », ou Tayeb brille encore dans un registre plus festif, les jams plus agressifs, où le groupe joue avec un plaisir communicatif, et la pop dansante de « Permanating », prétexte à une chorégraphie colorée de danseuses indiennes. Loin de paraître boursouflé, les cinématiques floydienne projetées derrières les musiciens participent à l’univers poétique du concert.

Et puis n’est-ce pas la performance des musiciens en état de grâce qui incite le public à se lever entre chaque morceau, pour manifester sa reconnaissance ? C’est aussi cette virtuosité qui les pousse à reprendre en cœurs le refrain de « Sound Of Muzak » , rendant ainsi hommage au chef d’œuvre qu’est « In Absentia ».

Avec « Home Invasion », Wilson applique à la lettre les principes de l’artiste telle que les a défini Burrought : « Ce qu’on appelle art, est d’origine magique. C’est-à-dire que cela était originellement employé à des fins cérémonielles pour produire des effets précis. Dans le monde de la magie , rien n’arrive à moins que quelqu’un ne le veuille, et il existe certaines volontés. L’artiste essaye de faire arriver quelques chose dans l’esprit de celui qui regarde son œuvre ».

Avec ce concert, Wilson peint, à l’aide de sa musique entraînante, enchanteresse, et parfois sombre, un tableau d’une beauté et d’une intensité hallucinante. On sort de ces quelques minutes la tête remplie de merveilles sonores et visuelles, dont on se souviendra sans doute longtemps.

Merci Monsieur Wilson, merci l’artiste.

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