Steve Hackett band insiste pourtant. La première partie du concert est purement dédiée au répertoire du maître. Le rock ici, certes, n’y retrouve plus ses élémentaires. Ce n’est qu’un style parmi tant d’autres pour l’auteur. Pis, certaines délicatesses à l’opposé du genre finissent d’abattre la bête non convaincue. Affranchi de faire un potin d’enfer, Steve Hackett exprime alors sa sensibilité avec un mi- show apaisé.
Peu nombreux les dubitatifs dans l’assistance, avec une salle bondée et plus d’un millier de quadras, quinquas et sexagénaires présents, public mâle et grisonnant. Une audience de connaisseurs, pour beaucoup, qui saluera des titres comme ‘Every Day’, ‘Spectral Mornings’, le final de ‘Shadow of the Hierophant’, tous titres mixés avec la dernière production d’Hackett, l’album ‘The Night Siren’.
La deuxième partie du concert sera elle consacrée à Genesis. Hackett retrouvera tous ses effets, si bien dans ce rôle perdu de guitariste de Genesis. La qualité des compositions n’a pas trompé le public qui a porté le membre honoraire très haut après des morceaux de bravoure tels ‘The Musical Box’, ‘Firth of Fifth’, ‘Dance on the volcano’ et ‘Los Endos’. Surtout, il exécutera quelques tranches de l’album quadragénaire ‘Wind and Wuthering’ et le fameux ‘Afterglow’, si bien joué, si émouvant. Genesis, révolu autant que renaissant, au gré des courants d’amour des fans invétérés est si bien célébré par l’un de ses principaux compositeurs (jusqu’en 1977) qu’on en reste bluffé.
Cependant.
Même si ses groove sont de laboratoire, même et bizarrement lorsqu’ils se font tribaux, même si la mixité des compositions déroute un peu, même si tout cela manque d’incarnation, reste hypothétique et aérien, volatile ou glissant, nous lâche des mains par des effets musicaux étonnants, surprenants parfois, détonnant ou faisant plouf parfois, dans d’inconstantes règles du jeu, il faut aimer Steve Hackett.
Sa trajectoire unique a engendré de nombreuses vocations musicales qui formulent le rock d’aujourd’hui. Son public est bien là, et on le saluera longtemps. Même s’il fait un peu ombre d’un fantomatique groupe nommé Genesis, seule sur un bateau sans capitaine.[Pierre-Yves Theurillat]