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Skepticism – Ordeal

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©Skepticism

En français, Ordeal se traduit par ‘Ordalie’, soit une manière sympathique de bousiller de l’hérétique en faisant semblant de lui laisser sa chance, Dieu ne permettant pas que se noie un bon chrétien innocent si on le balance à l’eau avec des plombs aux panards. Sous cette appétissante étiquette, nos sceptiques et néanmoins doomeux finnois lâchent sur le monde leur cinquième album, couronnant une carrière de vingt ans. Quand je dis couronne, c’est bien sûr une façon de parler.

Après vingt premières minutes assez oubliables, le son prend du muscle et le groupe trouve son inspiration, avec un orgue funéraire à souhait. C’est long, vingt minutes, à ce rythme et avec une intensité qui péclote. La batterie ? Enorme, paradoxalement très claire et pourtant pleine d’écho (la double caisse sonne presque comme si on l’avait pompée sur …And Justice For All)« Comme si c’était enregistré en live ? » fais-tu remarquer, taquin lecteur ? Eh bien voui, c’est justement enregistré en public. Ce choix audacieux se révèle-t-il heureux ?

L’ensemble manque de cohésion : non pas qu’ils soient infoutus de jouer en rythme (Sur ‘Momentary’, le clavier fait quand même un peu n’importe quoi) mais l’ingénieur du son semble avoir voulu donner à chaque instrument sa place, au risque d’affaiblir l’impact et l’intégrité de compositions déjà assez décousues pour qu’on les épargne. La saturation aléatoire de la guitare est un poil agaçante, les potards ouverts aux trois quarts, soulignant cruellement le jeu parfois saccadé du musicosse. Mais le vrai problème est au niveau des vocaux, caverneux à la Glenn Benton dans les meilleurs moments, ils se font éprouvants dégueulis clownesques dans les moins bons. Aussi détachées du reste du groupe, les imperfections de la voix sont mises à nu, pénibles efforts fournis pour être aussi râpeuse que possible, à la limite du gargarisme. Le braillard donne la déplaisante impression de ‘karaoker’ un peu à l’arrache, d’improviser sur des compos qui se passeraient fort bien de ses raclements de gorge hasardeux.

Considéré par certains comme parmi les fondateurs du genre, le quatuor donne un peu dans l’auto-parodique, le pompeux, pour ne pas dire le grandiloquent. Ça se veut écrasant et désespéré, c’est surtout lent, vaguement lassant et parfois maladroit, pour ne pas dire que ça laisse (allez j’ose ? J’ose, c’est trop nul pour ne pas la placer) un peu sceptique. Le son brut ne pardonne rien, surtout pas la frugalité des chansons, à qui un vrai mur de grattes pourrait sauver la mise. Une fois de plus, on n’est pas obligé de s’échiner à être original et complexe pour être efficace : voyez ce que Warhorse avait accompli sur l’autrement plus aplatissant As Heaven Turns to Ash, grâce à un son gigantesque ! A saluer plus pour la démarche que pour la qualité intrinsèque des nouvelles pistes, qui n’apportent pas grand-chose de neuf au répertoire du groupe.

FICHE CD
Ordeal
Svart Records
www.skepticism.fi

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