La journée avait bien commencé en ce beau dimanche d’avril : soleil radieux, température estivale, paysage à couper le souffle sur le trajet avec les Alpes bernoises enneigées se découpant dans l’azur et une affiche de rêve dans la plus belle petite salle de Suisse.
Une jolie découverte pour débuter cette délicieuse soirée musicale avec la jeune autrice-compositrice-interprète norvégienne, Fay Wildhagen. Artiste émergente norvégienne, la chanteuse et guitariste commence à se faire un nom bien au-delà de ses frontières nationales, sa pop folk séduisante s’inscrivant dans la lignée de Bon Iver, Ane Brun ou Angus & Julia Stone. Tout sourire, elle dit sa joie d’accompagner Sivert Høyem sur cette tournée qui fait halte aux portes de Berne et de se trouver dans une si belle région. Accompagnée d’un musicien à la guitare acoustique, elle a séduit le très nombreux public (sold out) du Mühle Hunziken qui lui a réservé une chaleureuse ovation en fin de concert.
Neuf mois après sa dernière venue en Suisse avec Madrugada et un concert mémorable dans la vieille ville de Winterthur, Sivert Høyem nous faisait l’honneur et le privilège de s’arrêter en Helvétie pour deux dates (Rubigen le 14.04 et Winterthur le 15.04). Nous suivons sa carrière depuis plus de trente ans et avons un plaisir renouvelé à le voir en concert, que ce soit en solo ou avec son groupe. Sa voix à l’ample tessiture, reconnaissable entre mille, grave et feutrée, réchauffe coeur et âme. Sivert est de plus un excellent artiste en live au charisme intense, habité par sa musique et dégageant une énergie contagieuse.
C’est dans le cadre de la tournée de son nouvel album (« On An Island » / WarnerMusic Norway) paru au début de cette année que le chanteur norvégien se produisait au Mühle Hunziken. Un nouvel opus fort, enregistré dans une vieille église de Nyksund, ancien petit port fantôme du nord de la Norvège – région d’où Sivert est originaire – qui revient à la vie depuis peu. On sent cette ambiance particulière dans les musiques cinématiques de l’album dont cinq titres seront interprétés. Parmi ceux-ci, l’imposant blues nordique aux accents de Nick Cave, « Now You See Me / Now You Don’t » qui prend une dimension supplémentaire en concert, montant en puissance pour éclater à son terme avec des riffs de guitare et les cris du chanteur. Enorme ! Pas le temps de reprendre ses esprits que retentissent les premières notes de « Give It A Whirl », pêchu en diable, qui met le public en nage et en transe. Avant cela, nous avions pu savourer notamment « Two Green Feathers », tout d’élégance, avec ses guitares à la Chris Isaak ou The Shadows, puis le jouissif « Lioness » à l’irrésistible intro au piano. Le chanteur et ses musiciens ont beaucoup de plaisir à jouer dans ce lieu particulier qu’est le Mühle Hunziken, petit atrium sur trois étages dont la scène minuscule est directement entourée par le public pour la meilleure des ambiances possibles.
A mi-concert, Fay Wildhagen rejoint Sivert sur scène pour interpréter une version touchante de « My Thieving Heart » figurant sur le dernier album. Complicité touchante entre deux artistes de générations différentes qui s’apprécient. Nous aurons doit à un titre inédit, « Some Miserable Morning », qui figurera sur le prochain album solo de Sivert (« qui paraîtra plus tôt que vous ne le pensez » (sic) ») et sera capté en direct. Le chanteur explique qu’il va enregistrer plusieurs titres de cette manière au fil des dates de la tournée et fera une sélection parmi ceux-ci pour qu’ils paraissent sur le disque à venir. Une manière de travailler qui est familière à Neil Young notamment. En fin de concert, « The Rust », bijou au cœur de « On An Island », longue pièce de près de 8 minutes, construite elle aussi en crescendo, où l’on peut apprécier la quintessence de la musique de Sivert et la force de ses paroles, tel un court métrage. Le populaire et mélodique « Sleepwalking Man » précède trois rappels parmi lesquels une interprétation solo et acoustique de « Majesty » (Madrugada) qui donne des frissons de bonheur aux fans. Pour clore le concert, Sivert chante « Don’t Pass Me By », ballade dont le refrain est repris par la salle en guise d’au revoir. Au revoir mais à très vite, tant on a hâte de retrouver sur scène l’un des artistes contemporains les plus attachants et talentueux.