Avec ses presque 60’000 entrées, Michael Drieberg doit être tout sourire à l’heure du bilan. Daily Rock revient pour vous sur les deux soirées rock…Style de soirée de plus en plus rare dans les festivals. Nous nous devions d’être présents.
Mardi 16 juillet
17h15, l’heure d’entrée en scène des Suisses de Silver Dust. C’est aussi l’heure à laquelle je ne pouvais pas être là. Aucun souci pour les chanceux présents, car je sais d’expérience que là où passe le groupe jurassien, il y a de l’Ajoie. Place ensuite à ce que je considère comme la plus grosse prise de risque en termes de programmation depuis la création du festival. Le Johnny symphonique tour, c’est un orchestre classique avec pas moins de 150 musiciens sur scène qui reprennent les standards de Johnny Hallyday. Sous la baguette du légendaire Yvan Cassar, l’orchestre accompagne l’idole des jeunes qui chante et que l’on voit sur écran. En fermant les yeux, on croirait que Johnny est de retour à Tourbillon. Pour magnifier encore ce concert, les Valaisans du chœur Allegria furent sélectionnés pour chanter sur scène avec tout ce beau monde. Faire venir le Johnny Symphonique tour fut payant. Un public ému reprenant les paroles avec ferveur, guidé par un Yvan Cassar heureux d’être là. Moment hors du temps. Bravo ! La transition n’est pas facile, tant le taulier Marc Storace est connu pour son hard-rock carré à souhait. Il a su s’entourer d’invités d’exception. En effet Ronnie Romero (qui connaît bien la ville de Sion pour y être venu jouer souvent), Tommy Henriksen et Ryan Roxie (Alice Cooper Band) font partie du line up du soir. Sous l’entité Storace, on pourrait presque dire que c’est un cover band de luxe tant les reprises sont nombreuses. Etant donné que la carrière solo de Marc est toute neuve, ceci explique cela. Malheureusement, le concert manque clairement d’énergie et à toute les peines du monde à décoller, même si Ronnie parvient à galvaniser un peu la foule grâce à son charisme et à son timbre de voix chaleureux.
ZZ Top est là pour clôturer cette première journée de festival. On pourrait presque dire que Billy Gibbons est un habitué du Valais, tant il a tissé des liens amicaux avec des personnes du coin au fil des années. Ce concert est sans surprise et le groupe est fidèle à lui-même. ‘ Gimme all your lovin’ , ‘La Grange’ , ‘Sharp dressed man’. Tout y passe pour charmer les fans présents. Alors je ne sais pas si c’est dû à un trop-plein de raclettes, mais le groupe semble avoir fait le minimum vital, et s’en est allé sans trop d’égards. Le genre de concert qu’on a apprécié, mais sans plus.
Le bilan de ce mardi est mitigé. J’ose dire que pour la communion artistes-public, il n’y avait que très peu d’hosties, hormis pour le Johnny symphonique tour. Un peu déçu, mais pas complètement quand même.
Jeudi 19 juillet
Au vu de l’affiche proposée ce soir, c’est aussi excité qu’un acarien au salon du tapis que nous nous rendons au festival. La météo est de notre côté, l’ambiance est conviviale. Un des gros points forts de ce festival c’est son confort et son agencement. C’est très bien pensé et agréable. Et comme mardi, l’accueil qui est réservé aux personnes accréditées est chaleureux. On profite pour remercier Adeline Berset pour son professionnalisme et se gentillesse.
Entrée en matière très réussie avec les Danois de Queen Machine. Considéré comme l’un des meilleurs cover band de Queen en Europe, les Scandinaves vont offrir au public sédunois un très bon concert. Ils sont contents d’être là, le montrent, et cela fonctionne à merveille. Le set, fluide, est un condensé des tubes de Queen. Bjarke au micro fait preuve de justesse et d’endurance, mais surtout il chante intelligemment. Il module souvent, fait chanter le public. Il maîtrise sa voix et sait que par exemple un ‘ Show must go on ‘ vient toujours en fin de concert et qu’il ne faut pas se griller. Queen est le groupe le plus risqué à reprendre vocalement tout le monde le sait. Une très bonne interaction avec le public, quelques mots en français et beaucoup de bonne humeur. Queen Machine a probablement marqué les esprits. Les musiciens peuvent être fiers de ce qu’ils ont présenté à l’assistance ce soir. Les applaudissements très nourris furent leur récompense.
Du Danemark à la Suède, il n’y a qu’une frontière ou alors qu’un changement de scène. Originaire de Malmö, ce sont les Suédois de Royal Republic que Sion sous les étoiles accueille ce soir. Le déjanté groupe scandinave évolue dans un style relativement inclassable, mais ô combien jouissif. Punk, pop, rock, metal, tout y passe. Se prendre au sérieux ? Jamais ! Mais par contre, faire preuve de vraies connaissances musicales pour que le rendu soit plausible et non décousu, là le combo frappe dans la cible. Le groupe parvient à trouver l’équilibre entre ne pas surjouer et jouer. En peu comme le ferait The Darkness, mais en plus subtil. Un super moment de musique qu’il sera possible de revoir en novembre à Zurich.
Il fait partie de ces artistes où l’on se dit en écoutant un titre : Ah, mais ça c’est lui ! Je veux parler de Chris Isaak qui foule ce soir les planches de la plaine de Tourbillon. Par rapport aux deux concerts précédents, l’Américain fait descendre la tension mais pas l’attention. Il nous offre un voyage dans l’americana profonde, celle de ses racines. Tout en douceur et en subtilité, il distille au travers de sa musique bienveillance et amour. Il s’offre même une longue balade dans le public sédunois pour le plus grand bonheur de ses fans. Assister à un concert de Chris Isaak c’est faire fi de la technique musicale ou de tempos endiablés. S’abandonner, se laisser bercer par le flot de quelques notes bien senties, c’est ça assister à un concert de cette légende américaine.
Toto. Al’évocation de ce nom, on pense immédiatement au légendaire groupe californien, pourvoyeur de tubes. A l’origine du groupe, Steve Lukather qui faisait partie de ce qu’on appelait à l’époque ‘ first call musician’. Soit les musiciens que les producteurs appelaient en premier pour enregistrer un album. Quand il décida de former Toto, il n’engagea donc que des musiciens de sa trempe. Jeff Porcaro, David Paich, Steve Porcaro. Aujourd’hui, en 2024, malgré les décès de membres, la maladie pour d’autres ou simplement la lassitude pour certains, Toto n’est pas mort et fournit toujours des concerts d’une indescriptible qualité. Et le concert en terre sédunoise ne fait pas exception à la règle. Les qualités techniques de chaque musicien (mon Dieu que le titre ‘Jack to the bone’ fut dantesque), les arrangements, mais aussi les harmonies vocales font merveille. On en veut pour preuve le titre ‘ With a litttle help from my friends’ où le refrain sonne de manière magistrale. Paul McCartney apprécierait ! Nous avons droit à un vrai best of du groupe. L’Album Seventh one de 1988 est mis à l’honneur avec pas moins de trois titres joués ( ‘Home of the brave’, ‘Pamela’, ‘Stop Loving you’). Titre le plus récent interprété ‘ Burn’ de l’album XIV datant de 2015. Dommage que ‘Falling in between’ n’ait pas été représenté. Lors de la sympathique et originale présentation des musicien, Luke nous apprend qu’avec John Pierce (basse) leurs mères étaient enceintes en même temps et qu’ils ont pour le coup vraiment grandi ensemble dans le même quartier. On apprend aussi que chaque musicien possède un CV long comme le bras de collaborations ( Michael Jackson, Lionel Richie, Clapton etc etc…).
Toto, comme à son habitude, su convaincre grâce à une expérience de la scène hors normes, des musiciens de haut vol et des titres élevés au rang d’hymnes. Hymnes rassembleurs à souhait. Merci pour ce concert qui restera dans l’histoire du festival.
On ne peut que remercier Michael Drieberg d’avoir offert au public deux soirées consacrées au rock. Sa programmation audacieuse et risquée est tout à son honneur. L’homme de spectacle a promis une nouvelle soirée rock en 2025. Que d’autres en prennent exemple. Dur de s’imaginer qui sera de la partie l’année prochaine. Les contrats sont certainement déjà signés. Alors wait and see.
Texte : Pierric Dayer
Photos : David Betrisey