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Simon Phillips, pas rasoir du tout

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C’est en ce jeudi 15 juin, jour férié pour certains cantons suisses, que le légendaire batteur Simon Phillips nous délivre un workshop chez Boullard Musique à Morges. Ces deux heures de bonheur vous sont racontées ci-dessous.


C’est sur une scène montée pour l’occasion au milieu du magasin, que le directeur des lieus Alexandre Boullard nous accueille on ne peut plus chaleureusement. Il commence par légitimement remercier son équipe pour le travail fourni pour l’organisation de cet évènement, nous fait un peu la promotion de son établissement, et nous décrit brièvement à quoi nous devons nous attendre pour la suite. L’homme peine à contenir son excitation, et on le comprend.

Simon Phillips arrive sobrement sur scène et s’installe directement derrière son énorme kit Tama. Les enceintes nous crachent aussitôt un morceau de son groupe Protocol, et c’est parti. Les deux écrans installés de chaque côté de la scène nous permettent de jouir d’intéressantes prises de vue. De face, du dessus mais aussi au niveau des pieds. Lors de ce long morceau, le maître nous gratifie d’entrée de jeu d’un groove dantesque, de ‘paradiddle’ simple ou double, de partie binaire sur du ternaire ou encore de ‘ghost notes’ savamment dispersées un peu partout. Il enchaîne ensuite avec un solo improvisé d’une dizaine de minutes. Sa faculté à construire un solo cohérent, en y ajoutant petit à petit les éléments est stupéfiante. Lorsque son solo atteint le sommet, il redescend tranquillement pour revenir à son motif de caisse claire initiale du début. Génial !

L’ancien batteur de Toto vient ensuite micro à la main sur le devant de la scène. Munis de son téléphone portable sur lequel il lit, il nous salue et nous présente son ‘set-up’ de batterie en français. Ça fait clairement son petit effet, et l’assemblée le lui rend bien. Suite aux questions de certains participants, il nous détaille son jeu de ‘toms’ et pourquoi il les utilise à des moments précis. Il nous conte aussi non sans une légère nostalgie, qu’il fut influencé par Buddy Rich, Joe Morello ou encore Ian Paice. Il nous raconte aussi qu’à l’époque, il restait assis derrière les batteurs qui jouaient avec son père, et s’imprégnait de leur jeu. Il nous fait ensuite la démonstration d’un impressionnant exercice d’échauffement à la caisse claire sur une rythmique en 12/8 enseignée par le percussionniste Luis Conte. Simon possède cette faculté d’être ambidextre et de jouer de manière ‘open-handed’. Il n’a de surcroît pas de faiblesse ni de la main gauche, ni de la main droite. Et lors de cette démonstration d’échauffement, c’est on ne peut plus clair. Et que dire de l’indépendance dont il fait preuve, en faisant le même exercice, mais derrière sa batterie. C’est tellement complexe que même lui s’y perd à certains endroits, ce qui provoque en lui des rires.

Un membre de l’assemblée lui pose la question de comment il fait pour ne pas s’ennuyer lorsque qu’il joue le même morceau très souvent (on se dit que Rosanna et Africa devaient quand même lui sortir par les oreilles.) Il répond simplement qu’il pense que son diner était différent, que l’endroit est différent, l’atmosphère aussi n’est pas pareil et tout cela l’aide. On apprend aussi que pour éviter tout monotonie, il tient à garder ses musiciens en éveil, en modifiant ses ‘breaks’ ou carrément en arrêtant de jouer pour les laisser l’espace d’un instant se débrouiller. Ces petits éléments aident à briser les habitudes lorsqu’un titre est souvent interprété. Il terminera ces deux heures de démonstration par deux autres titres de Protocol dont un fantastique 7/4 sur un tempo assez lent.

Alexandre Boullard revient sur scène pour remercier l’artiste, mais pas uniquement. Deux de ses employés fêtaient leur anniversaire. Il les invite à rejoindre la scène et leur offre une carte signée du team Boullard ainsi que par Simon Phillips. Superbe geste du sympathique directeur qui semble proche de son équipe.

Simon Phillips est talentueux, ouvert et généreux. Son humour a été fortement apprécié (bien qu’Anglais, il possède la nationalité américaine et nous distille subtilement de petites vannes assez drôles sur la nouvelle administration en place du côté des USA.) Il a su captiver un auditoire concentré, attentif et principalement constitué de musiciens. Sa petite taille est inversement proportionnelle à son talent, c’est certain.

 

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