Après deux ans d’absence, Shaka Ponk reviennent avec ‘The EVOL’’. Rencontre avec les voix du groupe, Samaha et Frah, pour en parler.
Vous avez commencé à nous entraîner dans cette nouvelle aventure il y a quelque mois en postant des portraits de vous dans plusieurs décors tirés du tournage de clips, que pouvez-vous nous dire sur ce nouvel univers Shaka Ponk ?
Frah : On peut dire qu’on a mis tout ce qu’on avait dans les tripes et sur les comptes en banque (rires) pour faire un nouveau show qui nous fait presque peur à nous tellement c’est costaud. On s’est lâchés visuellement et on a peur que la bête nous échappe, il va falloir la maîtriser sur scène pour ne pas se faire bouffer. On est parti sur un truc de réel décor animé qui se mélange avec des personnages géants qui viennent nous rejoindre sur scène, toujours dans un décor post-apocalyptique un peu plus dark ou un peu plus féérique pour d’autres. Et nous six devant qui gigotons et nous roulons parterre en criant (rires). On est en train de le découvrir en vrai là. On a travaillé quasiment deux ans dessus, sur les ordis, et là on commence à le voir monté dans de grands entrepôts et on se rend compte que le gros singe géant, qu’on appelle le singe alpha, il est vraiment très, très grand… On s’est peut-être un peu enflammés (rires) ! Mais ça va être joli et chouette !
Vous avez expliqué dans votre récent Facebook Live que pour la première fois, vous vous êtes arrêtés pour composer. Vous disiez même que vous ne saviez pas que c’était possible de faire ça. Comment ça s’est passé ?
Frah : C’était pas le genre de la maison.
Samaha : On est partis en vacances. Ça faisait longtemps et c’est vrai que c’était nécessaire pour s’aérer l’esprit et repartir sur de bonnes bases. On revenait de deux ans de tournée donc on était épuisés.
Frah : Dix ans de tournée ! (rires)
Samaha : C’est presque la vérité en plus ! On est partis dans une normalité…
Frah : Chacun dans son coin. Et on s’envoyait des SMS toutes les trois secondes… ‘Qu’est-ce que tu penses d’un singe alpha…’
Samaha : C’était pas moi ! (rires) Moi je suis partie en Thaïlande, on me parlait plus de rien.
Frah : Après on s’est installés dans un lieu qui s’appelle la Factory. On a mis du temps à le construire pour justement se permettre des expériences différentes et avoir le temps de faire les choses.
Samaha : On pouvait faire les images, mixer, filmer. C’est vraiment un lieu assez grand où on peut tout faire sur place.
Frah : On a dormi beaucoup.
Samaha : On a chacun nos petits ateliers. C’est vrai, il y a des lits, beaucoup de canapés où on peut squatter.
Frah : Parce qu’on n’a pas tous les mêmes horaires. Il y en a qui sont plus de la nuit, donc les autres se réveillent et reprennent le boulot.
Samaha : C’est une fourmilière, un gros bordel en fait.
Frah : Et surtout ce qu’on voulait, c’était le temps de changer d’avis. De prendre le temps de dire ‘voilà, c’est fini, mais on verra dans deux mois si c’est vraiment fini’. Ce qui était impossible à faire avant. Ça nous a permis de se remettre en question, de réessayer les choses, d’expérimenter, de se planter, de s’engueuler, de se réconcilier et de faire ce petit nectar qui est le disque et tout ce qu’on va montrer en live. C’était une première pour nous et tous les groupes qu’on connaît nous disaient ‘mais les gars, tout le monde fait ça, vous faisiez comment avant ?’ et on répondait ‘bah… on était dans un bus avec une base et une carte son et on faisait des disques.’
Et vous pensez retenter l’expérience dans le futur ?
Samaha : Ah !
Frah : Si ça marche bien on prend dix ans ! (rires)
Samaha : On n’est pas très doués pour le futur en fait. Déjà le présent c’est difficile ! (rires) Non, on se laisse toujours porter. Si ça se trouve on sera dans un autre pays. On a toujours cette ouverture, on n’a pas envie d’être coincés dans un truc qui nous bloque.
Frah : Ouais, donc on sait pas ce qu’on va faire dans une semaine déjà. (rires) Mais on a pas mal de dossiers, parce que, malgré tout, on est très bidouille dans tout ce qu’on fait, et on le fait toujours entre nous six donc c’est énormément de travail et de problématiques qui arrivent dans tous les sens tout le temps. On est contents mais c’est comme ça qu’on fonctionne entre nous et c’est comme ça qu’on est sûrs d’avoir ce qu’on veut. Mais du coup on a pas un champ de vision qui dépasse les 125 problèmes qu’on a entre maintenant et après-demain.
Samaha : On a déjà mille problèmes maintenant donc demain…
Frah : Les trucs qui rentrent pas dans les festivals parce qu’on les a fait trop gros, les camions, c’est pas possible, ça peut pas porter ça, installer ce qu’on a prévu… On a prévu de faire une sorte de truc en ruine avec la nature qui reprend ses droits, des machins qui… Bref, c’est très compliqué. Mais ça va être chouette ! Mais chaque idée un peu farfelue, amène 10’000 interactions avec des vrais professionnels qui sont obligés de nous dire ‘les gars, là, on savait que vous étiez fous mais ça va pas en s’arrangeant !’ (rires)
Le titre de l’album, The Evol’ peut avoir plusieurs sens, selon comment on le lit. A l’endroit, on peut penser à évolution ou, à une lettre près, evil, à l’envers, à love, comment est-ce que vous, vous avez envie de l’expliquer ?
Samaha : En fait, j’aime bien laisser une certaine liberté. C’est comme quand on demande au groupe d’expliquer une chanson, c’est un exercice difficile. J’aime que les gens s’approprient nos histoires. Le nombre de fois où les gens nous parlent de nos textes et me disent qu’ils les ont compris d’une manière alors que c’est pas ce que je voulais dire à la base. Mais c’est cool et j’aime bien laisser cette liberté de s’approprier une chanson ou un message. Par exemple ici, c’est vrai qu’il y a love, evil, évolution, on propose un graphisme, un dessin, une idée et ensuite on a vraiment le plaisir de laisser les gens interpréter parce qu’aujourd’hui, la question est toujours plus profonde et puissante qu’une réponse. Et ça amène à réfléchir. Tout ce qui amène à une réflexion, nous on est pour. Donc donner notre propre réponse c’est pas intéressant car ça empêcherait ce principe de réflexion. On est toujours pour l’individualité, que tout le monde pense par lui-même. Comme pour l’écologie, qui est un sujet qui nous tient à cœur, la plupart des gens vont dire ‘ouais la Terre, tout part en couille, le climat,…’ et on a l’impression qu’on peut rien faire. Or, l’écologie, ça existe pas, c’est ni les politiques, ni les industriels, c’est chacun d’entre nous, tous les âges, car on respire tous le même air donc on est tous concernés. On aime bien le fait que les gens soit responsables d’eux-mêmes et réfléchissent par eux-mêmes et donner des réponses, je trouve que c’est ennuyeux.
Frah : Ce qui est intéressant avec le visuel, c’est que certaines personnes le voient comme un truc hyper joli, rassurant, reposant, et il y en a d’autres qui trouvent ça choquant, qui trouvent que c’est dégueulasse. C’est intéressant de voir ces deux points de vue. Et souvent, les gens qui trouvent ça reposant et plutôt chouette, c’est ceux qui voient love. Et ceux qui sont outrés, c’est ceux qui voient evil. Et ce terme d’évolution, qui est concept complétement changé par l’espèce humaine, je parle de la définition d’évolution, est devenu péjoratif. On a aussi ce choix que peut faire la personne qui voit ce visuel de se dire ‘est-ce que j’associe l’évolution à evil, à quelque chose de mal, et donc est-ce que la solution ne serait pas dans l’autre sens, faire machine arrière, de trouver un autre chemin, qui serait l’amour ?’ L’amour comme l’intelligence donc, pas l’amour comme ‘je t’aime, on va se marier’, mais comme façon de relativiser les choses et de respecter non seulement son proche de la même espèce, mais toutes les espèces.
Samaha : D’où le rapprochement de deux espèces, si c’est vraiment deux espèces. L’animal et l’homme, c’est intéressant de voir quel est l’être le plus évolué au final, sachant que l’homme est l’être le plus destructeur de sa propre espèce. Donc est-ce que c’est un être beaucoup plus évolué que l’animal ? Mais il se considère comme plus évolué.
Frah : T’as le singe, qui est quand même la dernière évolution de l’homme avant que ça parte complètement en couille, il a perdu ses poils, il a perdu sa tête, qui se réconcilie avec l’homme.
Samaha : D’où la petite barbe blanche qui est un peu un signe de sagesse. On aime beaucoup jouer sur les symboles mais on se plait vraiment à écouter l’interprétation de chacun. Cela nous intéresse parce que ça mène à une réflexion et si on peut lancer une réflexion sur l’espèce humaine ou sur quoi que ce soit, ça nous intéresse.
Frah : En tout cas, c’est plus intéressant, selon nous, plutôt que de lancer un message et faire une image qui dit ‘l’homme fait n’importe quoi’, de faire en sorte que les gens se demandent pourquoi il y a cette image. Et en réfléchissant là-dessus, peut-être faire quelque chose. Mais peut-être qu’on fait n’importe quoi en fait.
Samaha : C’est vite donneur de leçon aussi de donner des réponses.
Frah : Fallait pas nous lancer sur le sujet ! (rires)
Samaha : Le bien et le mal c’est pas si simple que ça, c’est pour ça qu’on aime bien écouter l’interprétation des gens. On aime bien que les gens réagissent, bien ou mal, on prend tout !
Justement, vous disiez que la pochette n’a pas fait l’unanimité, ça a parfois déplu à l’extrême, certaines personnes allant jusqu’à dire que c’est de la zoophilie ou que ça va à l’encontre des droits des animaux. Vous êtes justement pour la protection des animaux, vous êtes véganes, qu’est-ce que ce genre de réaction vous inspire ?
Samaha : Je trouve que c’est de toute façon intéressant d’entendre des points de vue, je suis pour que les gens s’expriment, donc c’est très démocratique. Donc, ils ont le droit de le penser et, on est tellement convaincus du sujet que si on peut se poser une question sur la protection animale, on prend !
Frah : C’est intéressant parce que la protection animale, c’est un vrai problème. Le 214 quand ils montrent des abattoirs, ils montrent pas des vaches qui s’éclatent dans la rue en mode ‘je suis trop contente, je suis libre’. Ils montent la réalité. Donc si la personne qui voit ce truc là se dit que c’est choquant parce que ça parle de la violence animale, ce qui n’est pas le cas, ça veut dire que c’est quelqu’un qui est sensible à ça. Et vaut mieux qu’elle existe cette personne.
Samaha : Dans cette photo, il y a l’homme qui est à égalité de l’animal, puisqu’il est nu, bon, en l’occurrence c’est une femme. Donc c’est les mettre à la même hauteur. Et je pense que c’est ça aussi qui fait très mal réagir les gens, parce que là, les antispécistes sont contents, mais nous, on est forcément pour la protection animale. Après les gens qui nous suivent le savent.
Frah : C’est abstrait.
Samaha : Mais il y aura toujours des malentendus, mais continuez à vous exprimer !
Frah : On préfère ça plutôt que quelqu’un qui dit ‘c’est cool, l’humain va se taper le singe, c’est rigolo.’ Mais on a eu des commentaires rigolos aussi… Enfin, il faut vraiment être tordu pour voir un truc du premier degré dans ce visuel.
Samaha : C’est pas grave, il y en a qui voient plus le evil, d’autres le love. C’est bien.
Dans le clip de ‘Mysterious Ways’, on vous voit, Frah, marcher sur un chemin plutôt mystérieux, et, tout autour, il y a des représentations du groupe, que ce soit des statues ou des petites bêtes à cinq têtes, pourquoi ?
Frah : On a décidé de bosser avec le studio Smack qui a fait des supers clips. En plus, ils avaient un concept assez fun puisqu’ils utilisent des moteurs de jeux vidéos pour créer un clip. Personne le sait, ça se voit pas mais je trouve ça fun. Et ensuite, comment on fait pour faire ce personnages qui se ballade un peu comme dans un jeu vidéo, puisqu’on a un personnage qui marche au milieu d’un monde ?
Samaha : Ca correspond au texte aussi.
Frah : Donc, comment faire ? Et la première idée c’était qu’on voulait pas que ce soit un membre du groupe. On voulait que ce soit quelqu’un d’extérieur qui soit un peu acteur. Et puis, pris par le temps, c’était un peu compliqué à un moment, on s’est retrouvés, comme dans tous les cas de tournages de clips avec Shaka, complètement à l’arrache. Au dernier moment, on courrait dans tous les sens, comment on va faire. Donc on a décidé de se partager les rôles. Donc moi je ferais le mec qui raconte l’histoire, et les autres membres du groupe illustrent ce qu’on raconte. Donc je suis le mec qui illustre un peu l’histoire et j’aurais vraiment préféré que ce soit pas moi !
Samaha : Ouais, il s’est battu pour pas le faire ! On a dit ‘Frah, tu vas pas y échapper !’ (rires)
Frah : Non, mais c’est cool. Mais c’est un peu une première dans le sens où c’est une ballade, qu’on adore, mais qui est difficile à revendiquer comme étant l’essence même du groupe. En terme de mentalité on est pas très… On est plutôt on saute partout et on se détend en faisant des trucs fous. Et le fait d’être obligé de la jouer un peu comme ça en la chantant, j’ai pris pas mal sur moi. Donc du coup, à chaque fois que je regarde le clip, je mets mes deux doigts au milieu de l’écran, et je regarde ce qu’il y a autour. (rires)
Samaha : Vraiment, il arrive pas à se regarder. Mais c’est dur de se regarder.
Frah : Il est vachement chouette mais c’est difficile… Je m’en remettrai jamais je crois ! (rires)
Ces derniers temps, on a beaucoup entendu parler d’agressions sexuelles et de comment les femmes ont envie de vivre leurs sexualité…
Frah : Tu vas nous dire que le singe agresse la fille c’est ça ? (rires)
Non, non ! Ca n’a peut-être rien à voir, mais la chanson qui m’a le plus frappé à la première écoute, c’est ‘Faking Love’ puisque vous dites ‘you’re making love to me, I’m faking love to you, it tastes better when I’m on my own’. Que pouvez-vous nous en dire ?
Samaha : Encore une fois, quand on écrit une chanson, on s’inspire de plein de choses, du vécu et c’est vrai que celle-ci est la plus féminine de l’album.
Frah : Oui, il y a ‘Fear Ya’ qui est aussi sur le borderline entre je t’aime et ça dégénère. Mais c’est vrai que pour ‘Faking Love’, tu parles vraiment de la femme qui se dénigre.
Samaha : Oui, voilà, dedans il y a plein de codes différents. Ca pouvait aussi être une prostituée. Moi je voyais ça comme une femme, ça pouvait être une prostituée, ou une femme qui avait décidé de reprendre en main… C’est un peu comme quelqu’un qui cherche l’amour, c’est le paradoxe avec l’amour. C’est vrai qu’au début je m’étais inspirée d’une prostituée mais en fait, c’est comme une femme qui cherche l’amour mais qui en même temps n’a jamais ce qu’elle veut donc elle a décidé que pour avoir l’amour, elle va le simuler. Mais c’est aussi le problème souvent entre les hommes et les femmes. Les hommes rencontrent une femme pour faire l’amour, les femmes pour avoir de l’amour. C’est un truc très classique dans les relations hommes-femmes. Et la femme a décidé à un moment de faire semblant pour correspondre à l’homme et en même temps, elle décide d’arrêter. C’est-à-dire qu’à un moment, si on fait attention aux mots, elle reprend un peu le contrôle : ‘I’m better when I’m on my own’. Donc à un moment, elle dit ‘tu peux repartir avec ton singe et ton buffle.’
Frah : T’as remarqué qu’on parlait du porc et du buffle avant qu’il y ait #balancetonporc. Parce que le buffle, c’est aussi le gros lourd qui passe pas par quatre chemins pour dire à une nana ‘si tu veux avoir ce que tu veux, il y a peut-être moyen pour que je te le donne en échange de quelques faveurs’. Donc c’est un truc universel de toute façon.
Samaha : C’est sur les rapports hommes-femmes et c’est une sorte de déception, c’est pas très original…
Frah : Mais si, c’est un vrai sujet qui fait tourner le monde.
Samaha : C’est intéressant qu’on puisse lier ça à cette actualité… Je sais pas vraiment. Qu’est-ce qui vous a fait lier tout ça ?
Je crois que c’est le fait qu’on soit tellement submergés par ces accusations et témoignages. Et du coup, quand j’ai entendu ‘I’m faking love to you’, ça m’a fait tilt car c’est vrai que malheureusement, certaines femmes sont en quelque sorte ‘obligées’ de simuler cet amour, qu’elles cherchent leur place.
Frah : Je suis pas une femme mais il y a des trucs que j’observe depuis que je suis sur cette planète, c’est qu’il y a quand même, malheureusement, une petite obligation des femmes, de se dire ‘il faut plaire aux hommes.’ Et c’est horrible de se dire ça.
Samaha : C’est comme l’actrice, récemment qui fait du no-makeup. Elle a décidé de ne plus porter de maquillage en télé, par exemple. Et ça fait un buzz et un scandale énorme, sous prétexte qu’elle ne veut pas porter de maquillage. Ca montre aussi à quel point on impose aux femmes des codes à respecter et souvent, pour plaire aux hommes. Donc ça fait se poser des questions sur les relations hommes-femmes. La femme doit plaire mais après elle reprend le pouvoir. Après elle a toujours l’espoir, donc ‘est la schizophrénie de l’amour.
Quand vous avez fait ‘Palabra Mi Amor avec Bertrand Cantat, tout le monde vous demandait si vous alliez refaire un titre en français et vous répondiez que si ça devait se reproduire, ce serait également dans le cadre d’une rencontre qui mènerait à cela. Sur ce nouvel album, on a un rap d’Edouard Baer sur ‘Slam & Slam’Ed’, comment c’est passé cette collaboration ?
Frah : Alors ça, c’est un classique, t’as le moment où le disque est fini et le label te dit qu’il faut faire des featurings. Et en général à ce moment là, on est un peu perdu parce que nous on vise généralement des trucs qu’on aime bien, genre Dave Grohl, ou des trucs qui sont au-delà de nos possibilités. (rires) Et donc, est venue assez naturellement l’idée d’Edouard Baer. On l’écoutait souvent le matin en travaillant et comme il nous fait marrer à mort, il est un peu taré, décalé, on l’adore. Et donc, quand on a dit ça, le label a fait ‘quoi ?!’ donc on s’est dit ‘ah, bonne réaction, c’est que c’est la bonne idée.’ On l’a rencontré, on a testé un peu le personnage, parce qu’on ne le connaissait pas et ça a marché.
Samaha : Il nous a demandé plus ou moins de lui raconter comment ça se passe en tournée. C’est vrai que ça parle de slam, le saut, mais aussi le délire de tourner, le public, les fans, le bus. On lui a raconté ce qu’il se passait et il s’est vraiment imprégné de ça et il a brodé autour, des fois des trucs totalement imaginaires. Ensuite il a improvisé un truc et on peut presque dire que la première prise a été la bonne, même si on a fait quelques rectifications après. Il a vraiment une capacité d’improvisation. Il nous fait délirer, il est fou, et on a besoin de cette bonne folie dans ce monde. On a découvert le texte le jour de l’enregistrement, on lui avait juste envoyé le morceau, voir si ça allait lui plaire, on savait pas s’il allait accepter.
Frah : En tout cas, c’était plus évident que n’importe quel chanteur ou chanteuse, de la scène francophone en tout cas.
Samaha : On a pensé à lui vu qu’on est plutôt dans la spontanéité. Après est-ce que c’est vendeur… On s’en fout, nous on a bien déliré.
Frah : J’imagine le rencontrer et se dire que ça va pas du tout, que le courant passe pas, qu’on sent une distance. On s’était beaucoup parlé au téléphone et on a senti qu’on allait bien se marrer. Et une fois qu’on s’est vu en vrai, en deux minutes c’était le grand n’importe quoi. Et donc on s’est dit que c’était bon, que ça allait le faire.
‘The White Pixel Ape’ se terminait avec ‘6xLove’ qui parle de religion. Il y avait même des mort-vivants qui chantaient dans une église sur le live. ‘The EVOL’’ se termine avec ‘Killing Hallelujah’ qui peut aussi faire penser à la religion de par son titre, quel est votre rapport à la religion ?
Samaha : Faible. (rires)
Frah : C’est un vrai dossier. On va prendre ‘Killing Hallelujah’, qui parle en fait de véganisme. C’est un piège, c’est caché. Notre rapport à la religion est extrêmement lié au rapport à l’évolution. C’est un des dernier bastions qui retient l’évolution réelle. C’est-à-dire qu’on reste dans des traditions, des choses à ne pas changer, qui sont utilisées à des fins destructrices. Donc le rapport qu’on a à la religion, c’est qu’on ne pratique pas de religion quelconque mais on parle souvent de ceux qui utilisent la religion pour manipuler et créer un énorme merdier exponentiel dans lequel on est. Et pour revenir à ‘Killing Hallelujah’, on a fait un parallèle entre les gens qui continuent malgré tout à bouffer de la viande à outrance et une sorte de secte grandeur nature de religion…
Samaha : D’aveuglement.
Frah : De tueries juste parce que c’est la tradition, sans se rendre compte des conséquences catastrophiques.
Samaha : Déjà, il y a la souffrance animale, qui n’est pas rien, c’est la souffrance d’un être vivant, et c’est vrai que nous on est sensibles à ça. Mais, écologiquement parlant, le fait de massacrer des animaux à outrance, c’est un problème, outre la souffrance animale. C’est une des plus grandes sources de pollution dans le monde, on peut pas le nier. Sous prétexte qu’aujourd’hui, on veut ça tous les jours, parfois à tous les repas, on est prêts à s’autodétruire, à manger de la viande bourrée d’antibiotiques. Parce que dans la viande, y a bientôt plus de viande.
Frah : Et là où on voit que c’est hyper concret, malgré tout, les gens continuent à faire un truc, sans parler de souffrance animale, qui détruit.
Samaha : Et ça détruit tout le monde, les hommes, leurs enfants. Mais en même temps, c’est caché, c’est vrai que médiatiquement, on en parle pas tant que ça. Les gens ne connaissent pas les vrais risques. Ils se disent ‘ah ouais, le climat c’est un peu bizarre.’ Mais il y a des terres qui ne sont plus fertiles à cause de l’agriculture, l’élevage. Mais on n’est pas au courant et, finalement, on ne s’y intéresse pas tant. Mais pour nous, notre désir, c’est d’en parler un maximum, sans devenir rébarbatif, parce que je comprends que ce soit hyper chiant. Mais en même temps, les risques, l’air qu’on respire… La pollution que l’élevage crée, c’est pour tout le monde.
Frah : C’est des animaux qui parlent en fait dans cette chanson. Même la petite fille qu’on entend au milieu, ça pourrait être une espèce, pas l’homme, qui dit que tout allait bien, puis ils sont arrivés de nulle part comme une armée, et là c’est devenu un bordel monstre, ils se sont fait massacrés,… Y a aucun espoir dans les choses pour l’instant…
Samaha : Mais y a des morceaux happy ! (rires)
Frah : Oui, par exemple… Attends, je sais pas lequel… laisse-moi réfléchir… Non, en fait y en a pas. (rires) Si, ‘Gung Ho’ est plutôt happy, du coup on a fait un clip avec du sang partout ! (rires)
Pour terminer, sur le Pixel Ape Tour, il y avait une bataille entre Goz et d’autres singes qui se termine avec un énorme gorille qui porte une télé. Est-ce qu’on aura la suite sur le Moncadelic Tour ?
Ensemble : Oui !
Samaha : Et ça va être énorme. Je pense qu’il va falloir se préparer, ça va être un clou. On s’est donné…
Frah : Arrête, tu me fais peur !
Samaha : On a pas terminé encore, c’est pour ça. Il est en train de flipper dessus.
Frah : On a encore 300 pistes à finir…
Samaha : Mais ça avance bien. C’est vrai qu’’on a été ambitieux dessus.
Frah : J’sais pas si je viendrai !
En concert le 14 avril à l’Arena de Genève!
Chère équipe de Daily Rock,
Je tenais simplement à vous dire à quel point votre article sur « Shaka Ponk : l’évolution de l’amour malgré tout » est incroyable ! Votre capacité à capturer l’essence de la musique de Shaka Ponk est tout simplement remarquable. Les paroles réfléchies et la fusion des styles musicaux font de cet album un chef-d’œuvre d’émotion et d’énergie.
Merci de continuer à partager votre passion pour la musique avec le monde entier. Continuez votre excellent travail !
Cordialement,
Arthur