Voilà déjà plus de 30 ans que les Brésiliens de Sepultura nous asticotent les cages à miel avec leur musique bien trempée. Le quatorzième opus du groupe sortira ce mois-ci et autant dire qu’après un « Kairos« , pas terrible, un « The Mediator Between Head and Hands Must Be The Heart » pas forcément mieux, on attend quelque chose de vachement plus efficace et rentre dedans. Et sur ce coup, les gars ont mis les petits plats dans les grands !
Il est bluffant de voir comme le groupe a su rebondir et donner un nouveau souffle à sa musique. On connaissait la formule de Sepultura avec sa manière de nous envoyer le bois avec des morceaux d’une rapidité d’exécution impressionnante alliée à une musicalité redoutable, et bien là le groupe lève un poil le pied pour nous offrir une subtile dose de violence. Tout n’est pas forcément que annihilation, mais la manière dont les morceaux sont posés impose tout simplement le respect. « Cyber God » en est une parfaite illustration. L’ancienne formule décrite ci-dessus nous est offerte en pâture avec le titre » I am The Enemy », un morceau brut de décoffrage qui ne peut que nous faire penser aux grandes heures de gloire du groupe.
Après, il y a l’autre visage de Sepultura. Celui qui nous a habitué à l’utilisation de petites percus dans la musique, à l’enrichissement des morceaux par l’emploi d’autres instruments. Là, sur ce coup le groupe a fait appel au claviériste de Myrath et le Myrath Orchestra, ce qui apporte une touche orientale pas dégueulasse du tout. Cet effet se ressent bien sur « Phantom Self » par exemple, mais sera encore mieux exploité sur le magnifique instrumentale qu’est « Iceberg Dances », un morceau qui flirte presque avec le prog de par l’interprétation et la composition du morceau.
Que dire ensuite des prouesses musicales que nous offre Monsieur Kisser ? Des soli tout bonnement magiques, tantôt rentre dedans, tantôt épiques, toujours d’une grande qualité d’exécution. Certains regrettent encore les frères Cavalera au sein de Sepultura ???? Ha mais putain franchement personne n’a à rougir: entre Green qui fait comme le bon vin, qui se bonifie avec le temps, avec la déferlante de rythmiques toutes plus hallucinantes les unes que les autres, le jeune Casagrende nous fait oublier le boucher qu’était Igor. Les deux anciens du clan Sepultura sont eux aussi à l’apogée de leur art. Le morceau précédemment cité est l’illustration parfaite de la technicité déployée par le combo.
Et ce qui est bon c’est que l’album se déroule tout seul sans jamais avoir l’impression de s’essouffler, sans jamais reproposer un truc déjà pondu avant, chaque pièce musicale est un chef d’oeuvre d’écriture et d’interprétation. Si je dis que cet album est sans doute le meilleur album de Sepultura de l’ère Green vous aller penser que j’exagère un peu. Alors faites comme saint Thomas, croyez que ce que vous voyez… enfin ce que vous écoutez sur ce coup. Cet album tabasse sévère avec un seul bémol… la pochette. Ben oui quoi personne n’est parfait.
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