Par ses immenses forêts, ses millions de plans d’eau et ses grands espaces à perdre de vue, la nature québécoise semble s’étaler à l’infini. Que ce soit en littérature, en poésie, en peinture ou en musique, elle reste une source inépuisable d’inspiration. C’est dans cette perspective que le compositeur, arrangeur et multi-instrumentiste Sébastien Leblanc développe son projet de musique instrumentale, dans lequel s’inscrit le premier album Nordicité qui a vu le jour le 14 mars 2025.
En compagnie de Fred Bouchard à la coréalisation, Sébastien Leblanc nous présente onze compositions inspirées par la nordicité québécoise, celle qui projette une beauté symbolique de liberté. Douce comme une brise, l’immersion commence par les pièces Lac Noiret et Anticosti, où nous sommes plongés dans une ambiance épurée et paisible. Le compositeur conçoit une musique folk orchestrale avec des guitares délicatement arpégées qui gravitent autour d’instruments à cordes. Omniprésents, ces arrangements interprétés par le quatuor à cordes Esca, dirigé par Antoine Gratton et Gabriel Desjardins, accentuent le caractère majestueux de l’album. Si la prédominance du piano dans Hivernité résonne d’espoir, d’autres effets enjolivent notre imagination, en particulier dans Perséides. Astucieuses, les références à l’hémisphère nord sont personnifiées dans l’expression des instruments. Elles défilent dans nos oreilles jusqu’à nous faire rêver aux aurores boréales tout en planant au-dessus de grands espaces forestiers. Enregistré dans trois prestigieux studios situés à Montréal (Studio PM, Studio Frisson et Studio Troublemakers), Nordicité ne s’aventure pas dans les grands déploiements, mais s’oriente sur des mélodies progressives bien ficelées. La pièce Nomade, par exemple, se conclut de manière grandiose.
Dès la pièce-titre, à mi-chemin, le ton de l’album évolue légèrement. La section rythmique gagne du terrain, celle assurée par le coréalisateur Fred Bouchard à la batterie et aux percussions et du bassiste Alexandre Lapointe (The Brooks), un autre musicien accompli qui a participé au projet. On sent que le compositeur et arrangeur explore les multiples nuances possibles à son concept musical sans trop s’égarer. L’album atteint son point culminant dans Aérolite par son ambiance ondulée et par l’effet de distorsion des guitares électriques, créant une atmosphère dynamique. Ce segment singulier et réussi s’ensuit d’Éphémère, dénouement posé, puis par un regain d’entrain dans la dernière pièce Lumière. Sébastien Leblanc a travaillé sur des projets audiovisuels et l’ensemble des morceaux démontrent son talent de mélodiste. Visiblement, celui-ci accorde une attention méticuleuse aux liens qui unissent la musique aux images. D’ailleurs, cette démarche s’est transposée sur scène dans le cadre d’un concert-lancement organisé par l’artiste à la Cinquième Salle de la Place des arts le 15 février dernier.
Sébastien Leblanc signe une première œuvre fertile de sens, d’une poésie musicale pour acclimater notre perception de la saison froide, en créant des paysages sonores articulés et émouvants. Avec Nordicité, le compositeur livre un album à s’enraciner l’esprit le temps d’un agréable périple instrumental qui valorise les régions nordiques québécoises, telle une célébration de notre spécificité culturelle.
Notez que le disque vinyle de Nordicité paraîtra le 24 mai prochain.
Crédit photo : Justin Dupont (site web: https://www.dupsvisuals.com/)
