L’édition 2018 du Moon and Stars, organisée dans le cadre très atmosphérique de la Piazza Grande à Locarno depuis 2004, a rencontré un bon succès auprès le public malgré une baisse des spectateurs durant les années précédentes. La manifestation, qui déjà depuis le début avait l’intention d’être un peu élitiste, est une espèce d’énorme living-room où le rock était présenté dans ses formes plus classiques et légères ainsi que beaucoup de groupes pop. De temps en temps on nous a présenté aussi des sonorités un peu plus lourdes (on se rappelle du punk de Die Toten Hosen et Green Day par exemple). Cette année, place au hard rock des légendaires Scorpions, groupe avec 50 ans de carrière et plus de 100 millions d’albums vendus. Une bonne occasion donc se rendre au beau Tessin pour assister à ce concert.
Le groupe originaire de Hannover entre sur scène devant une Piazza Grande remplie par 10’000 personnes qui les accueillent chaleureusement sur les premières notes de ‘Going Out with a Bang’ suivie par ‘Make it Real’, ‘The Zoo’ et l’instrumental ‘Coast to Coast’. Jusqu’à maintenant la set-list est pareille au concert de Zürich trois ans auparavant. Je m’attendais à un peu plus de fantaisie quand même ! Si Klaus Maine est un peu statique sur scène, le guitariste et fondateur du groupe, Rudolf Schenker, de son côté n’arrête pas de bouger, courir et faire des grimaces aux photographes. Le medley de morceaux des années soixante-dix, qui normalement ne trouvent pas facilement leur place dans la set-list actuelle, est à nouveau présenté ce soir, et si je ne me trompe pas il s’agit exactement des mêmes morceaux que la dernière fois. Les fans de longue date du groupe apprécient beaucoup mais le public qui attend les ‘hits’ des années quatre-vingt ne semble pas trop participer. Place à un peu de romantisme: Scorpions déballent deux ballades, pour lesquelles ils ont toujours été très connus. ‘Send me an Angel’ et leur succès mondial ‘Wind of Change’. A l’époque de la publication ce morceau a été le symbole de la période chargée de changements, après que la chute du mur de Berlin a ammené à la dissolution de l’Union soviétique en 1991. La place est illuminée par multiples briquets en créant une atmosphère très intime. Le groupe embraisent à nouveau les guitares électriques pour ‘Tease Me Please Me’ mais surtout pour une reprise de ‘Overkill’ de Motörhead dediée à Lemmy. Mikky Dee, qui a longtemps joué avec Lemmy, est maintenant dans les rangs de Scorpions et cet hommage ne surprend pas. Une version fort sympathique, malgré la voix de Klaus Maine un peu trop légère pour un morceau autant heavy. C’était bien drôle d’observer les visages des fans de Scorpions, moins habitués aux sonoritées metal, qui recevaient de front cette mitraillée de double-caisse ! Mikky, comme son prédécesseur James Kottak, occupe l’espace pour un long solo avant que le groupe enchaîne sur ‘Blackout’ et ‘Big City Nights’ , où le public peu scander le refrain sur invitation du chanteur. Après la pause obligatoire, ‘Still Loving You’ et ‘Rock You Like a Hurricane’ terminent au mieux ce concert. J’ai trouvé le groupe moins solide et frais que pendant leur dernier passage au Hallenstadion il y a trois ans, mais ils ont quand même offert un très bon concert de hard rock. Malgré l’âge, les allemands sont encore capable de nous divertir!