Sandor – electro sensuel

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Voici encore un nouveau visage féminin dans le paysage musical suisse-romand. Mêlant influences 80’s avec une touche très moderne, Sandor offre une musique plutôt sensuelle et singulière. Après des années à penser ce projet, elle a finalement sauté le pas et posté quelques morceaux qui ont tout de suite attiré l’oreille. Elle nous en dit plus…


zic_sandorParle-nous un peu de ton background musical.
J’ai commencé très tôt. On a toujours eu des instruments à la maison. J’ai toujours joué sur le piano de ma mère ou sur une guitare que j’ai reçu à mes 8 ans. J’ai commencé la guitare électrique un peu plus tard quand j’étais adolescente. Ensuite, j’ai fait une formation de guitariste et j’ai toujours joué dans les groupes des autres. Je me suis toujours calquée sur des projets de musiciens solo ou de groupes. Ça a duré quelques années comme ça jusqu’à ce je sois assez mûre pour lancer mon propre projet.

Pourquoi as-tu attendu si longtemps avant de proposer ton projet ?
Ça s’est fait naturellement. J’avais des chansons que j’avais composé il y a presque 10 ans. Il fallait que je sois assez courageuse, assez sûre de moi. J’attendais d’être satisfaite de mon travail en fait. Et ça a pris des années. Mais maintenant, je le suis et je suis fière de sortir ce que je fais.

Qu’est-ce qui t’as fait changer la façon de voir ta propre musique ?
Je crois que pendant de longues années, je me suis souciée des attentes des gens en essayant de plaire. Et c’était faux parce que je finissais toujours par faire des morceaux qui ressemblait vaguement à quelque chose et je n’osais pas faire écouter ce qui venait vraiment de moi – ça existait déjà, mais je ne l’assumais pas. Avec la maturité, avec l’âge, on prend confiance en soi et c’est comme ça que tout à coup, j’ai eu envie de me lancer. C’est aussi grâce aux encouragements de mes proches.

En parlant d’attentes, tu as fait une formation de guitariste, tu étais dans un registre plutôt rock, Sandor ce n’est pas vraiment là où on t’attendait justement. Les guitares sont plutôt en retrait.
Elles ne sont pas si en retrait que ça en fait : je compose essentiellement sur une guitare. Un peu au synthé aussi, mais la plupart des chansons sont composées à la guitare. Cette origine guitare/voix, tu peux la retrouver si tu l’écoutes bien. Toutes mes chansons, je peux les jouer juste à la guitare. Pour moi, c’est important d’avoir cette base-là parce que, comme tu le dis, c’est mon instrument de base. C’est l’instrument que je porte le plus dans mon cœur. Pourquoi maintenant, elles ressortent un peu moins et pourquoi je suis moins dans un registre rock, c’est plus difficile de l’expliquer. J’aime toujours le rock, j’en écoute toujours beaucoup et j’aime énormément ça, mais au final, ce n’est pas toujours ce qu’on écoute qui ressort de nous. Ça se traduit comme ça. Et la musique que je fais aujourd’hui est beaucoup plus fidèle et plus sincère à ma personnalité. Elle reflète vraiment qui je suis.

Je sais que les musiciens n’aiment pas trop les étiquettes, mais Sandor est une sorte de pop avec des synthés avec des sons un peu 80’s ; quels sont les artistes qui t’ont amené sur ces chemins ?
Je qualifie ma musique d’electro-pop parce qu’il y a aussi beaucoup d’éléments électroniques. Toute mon adolescence, ça a été Thiéfaine, Niagara… j’ai énormément écouté ça. Moderat, Nine Inch Nails, Marilyn Manson, dans un registre plus rock. Ce sont tous des artistes qui m’ont influencée. J’ai aussi été éduquée dans la chanson française avec Gainsbourg et Michel Berger.

Tu me parles d’artistes de ton adolescence et finalement, tu en fais quelque chose d’assez moderne qui me font penser dans l’esprit à des artistes plus récents comme Lescop ou Woodkid.
Ces deux artistes, je les aime énormément. C’est marrant parce que lorsque tous ces artistes sont sortis comme Christine And The Queen ou Perez, la plupart de mes amis m’ont appelé en disant ‘Regarde, ça ressemble à ce que tu fais !’ et moi je crois assez à ce truc de conscience collective et je pense que ces artistes qui sont matures aujourd’hui, ce sont des artistes qui ont mon âge et qui partagent les mêmes influences. Du coup, je me sens aussi un peu portée par une vague.

Tu t’es lancée dans un projet francophone. Courageux n’est pas le bon mot, mais plutôt osé car très casse-gueule. Tu te sentais vraiment plus à l’aise en français, bien que tu culture musicale soit aussi anglo-saxonne ?
C’est vrai, ma musique a beaucoup d’influences anglo-saxonnes et d’ailleurs, c’est pas toujours évident de caler le français sur ce type de musique parce qu’il y a quand même un phrasé différent et pourtant ce que je fais ne ressemble pas à de la chanson française. C’est pas vraiment un choix le français en fait, c’est naturel. J’écris des textes qui sont pour la plupart autobiographiques. Cela signifie que je parle de moi et je vis en français, je rêve en français, je suis de langue maternelle française, c’est ma nature. Ça aurait été un choix de chanter en anglais plutôt.

En français, on pardonne peu les paroles douteuses alors qu’en anglais, on peut dire les pires niaiseries, ça donnera toujours bien. Tu te mets un petit peu en danger ?
Je me mets en danger, mais en même temps, c’est vraiment un défi parce que j’ai complètement conscience de ça. Du coup, quand j’écris un texte, j’écris beaucoup de choses avec beaucoup de détails et j’essaie d’épurer au maximum pour essayer de garder juste l’essence du message, pour permettre à chacun de s’identifier. Parce que ce qui peut paraitre un peu niais, je pense que c’est lorsqu’on va trop dans les considérations personnelles. J’essaie d’épurer le texte, de le nettoyer de tout ça aussi pour faire une vraie place à l’auditeur, pour qu’il puisse se faire ses propres images, son propre monde, même si je raconte des choses très personnelles.

Je trouve qu’il y a une atmosphère assez sensuelle et douce qui s’échappe de tes morceaux. Qu’est-ce que ça t’inspire ?
Il y a une part de choix et une part de naturel. Je crois que mon principal souci quand je compose et même après dans les arrangements que je travaille avec Jérémie Duciel, c’est que ça me ressemble et je crois que j’y arrive assez bien. Enfin c’est pas pour dire que je suis sensuelle, j’ai pas cette prétention (rires). Mais si ma musique dégage ça eh ben tant mieux, je le prends vraiment comme un compliment.

Justement tu parles de ton complice Jérémie Duciel qui joue avec toi sur scène. Comment en êtes-vous arrivé à cette configuration de trio sur scène ?
Jérémie, je l’ai contacté parce que j’avais entendu des arrangements qu’il avait faits pour d’autres artistes et j’aimais beaucoup son travail. Je lui ai fait écouter ma musique en espérant que ça lui plaise. Il a tout de suite été motivé et on a trouvé un super terrain d’entente. J’ai 100% confiance en lui et en son travail. On a une super complémentarité, une bonne complicité, on s’amuse beaucoup, on a un monstre plaisir pendant les répètes. Elise, je l’ai rencontrée dans un tout autre contexte. Je l’ai entendue chanter en soirée par hasard au Romandie, du Ace of Base pour être honnête (rires). Et j’ai adoré ! Il y avait un truc dans sa voix, mais aussi dans son énergie. Je me suis dit que ça pourrait coller. On a fait quelques essais et ça a marché. En plus, elle joue du synthé. Sur scène, elle fait donc du synthé et les deuxièmes voix.

Lors de votre concert, en première partie de Jeanne Added au Romandie, il y avait ta famille. C’est plutôt quelque chose qui te galvanise ou qui te bloque ?
Pour le tout premier concert qu’on avait joué, j’avais rien dit à personne. Ça m’angoissait à l’idée que mes proches viennent me voir. Et finalement, le concert s’est mal passé pour moi. Tous les gens qui étaient présents, ils ne me connaissaient pas et je me demandais ce qu’ils allaient en penser. Pour les concerts suivants, quand ma famille, mes amis sont venus, ça m’a portée et j’ai eu du plaisir à jouer pour les gens que j’aime et c’était rassurant. Au Romandie, c’était dingue de jouer devant autant de gens et d’avoir une telle attention, ça m’a vraiment rendue heureuse.

Je n’ai pu m’empêcher de remarquer cette chanson au milieu du set très ‘sexual explicit lyrics’ et qui est d’ailleurs une chanson excellente, c’est pas si commun sauf dans le hip-hop. Parle-moi de cette chanson.
En fait, ‘Tu disais’ est une chanson d’amour. Si tu vas plus loin que les paroles tu te rends compte qu’il y a beaucoup de tendresse. Mais oui, les paroles sont clairement sexuelles.

C’était important pour toi d’utiliser ce pseudo Sandor (femme élevée comme un homme) qui est proche du milieu queer ?
Oui, ça fait un peu partie de mon identité personnelle. Mais c’est aussi un choix esthétique. C’est un mot qui m’a plu. J’avais vaguement lu quand j’étais adolescente un truc d’elle parce qu’elle écrit aussi. Et ce nom m’a plu. J’y ai vu tout de suite quelque chose de très chevaleresque, de très romantique. Ça m’a donné envie de lire son histoire qui m’a beaucoup touchée au final.

Quels sont tes projets à court terme ?
Je suis partie pour une année avec l’opération Iceberg qui est une organisation entre les Eurockéennes et la FCMA qui regroupe une dizaine d’artistes suisses et français dont le but est d’intégrer les projets suisses en France et l’inverse. Je pense qu’on va jouer pas mal en France. Mon but maintenant, c’est de faire un maximum de live. A bon entendeur ! (rires) On a envie de jouer et visiblement, on amène pas mal de monde. Un album est aussi prévu pour la rentrée de septembre. 

mx3.ch/sandor

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