(Dernière Bande / PIAS)
Son timbre est sans égal, sa profondeur infinie. Alors qu’il permettait à la musique de Kat Onoma de magnifier sa tension électrique, depuis la fin de l’aventure du groupe strasbourgeois, Rodolphe Burger lui construit un écrin plus reposé, plus éclectique, pas moins touffu. Sur une base d’instrumentaux que l’on doit ici à nos compatriotes Christophe Calpini et Blaise Caillet, le chanteur y a glissé des textes, greffé sa guitare souvent juste comme dans un souffle. Tendant à une forme épurée, l’album attire, aimante. Au-delà de sa lenteur, de ses structures électroniques minimalistes, les mélodies concentrent la lumière.
La densité n’est pas rock, les tempos très posés, les textures taciturnes, mais l’âme est profondément blues. De l’électronique on palpe surtout l’organique. À l’écoute des paroles, l’auditeur se retrouve en face à face avec le chanteur qui l’interpelle autant qu’il s’interroge lui-même sur ses questions du goût, sur le rapport à l’amour, à l’égo, sur la légitimité de nos propres choix. On y glisse du sérieux au rire, on parle de mélancolie avec un œil ironique. Les travers sont-ils vraiment sérieux et la vie si importante ? Pris dans cette avalanche, on se laisse aller à divaguer. [YP]
Note: 4/5