24 heures après une Rocklette des plus agréables au col du Lein, nous voici de retour à l’ombre des mélèzes pour une affiche très alléchante annoncée complète depuis plusieurs semaines. Massés dans les bus navettes conduits de main de maître par les chauffeurs locaux sur les routes alpines escarpées, les fans de tout âge et les familles aussi ont hâte de s’installer sur l’alpe dans un cadre unique et merveilleux. A l’annonce de probables orages en fin de journée, les organisateurs ont pris les devants et ont décidé d’avancer l’heure de passage des groupes. Excellente initiative qui aura permis à tout un chacun de profiter totalement de sa journée.
C’est le trio alémanique féminin Velvet Two Stripes, quatre albums sous le bras et près de 15 ans de carrière déjà, qui ouvre le feu musical. Les sœurs Diggelman et Franca Mock ont de l’énergie à revendre et savent la transmettre au public déjà nombreux et très réceptif. Leur dernier opus (‘No Spell For Moving Water Out Now’, 2023, auto-produit) enregistré à Portland/USA est une petite pépite. Un garage rock fougueux et des textes engagés (contre les discriminations, le sexisme, mais aussi encourageants pour les femmes afin qu’elles prennent le lead et se lancent dans des projets) font mouche. On retrouve la poésie passionnée de Patti Smith, la furia de Courtney Love ou de The White Stripes, l’engagement de Janis Joplin. Belle entrée en matière qui laisse augurer une suite royale.
The Picturebooks prend le relais et ne baisse pas d’intensité. Le duo allemand établi aux Etats-Unis est actif depuis 15 ans et a multiplié les collaborations prestigieuses (Chrissie Hynde des Pretenders et Lzzy Hale de Halestorm notamment). Il nous propose un florilège de ses titres de garage rock – on adore ‘Masquerade’ et sa tension latente qui explose en riffs puissants à la Clutch- ‘The Rabbit and the Wolf’, le bluesy ‘Somebody Get Me Back to L.A. et l’incandescent ‘Your Kisses Burn Like Fire’. ‘I Feel You’, belle cover de Depeche Mode à l’atmosphère moite, nous enchante également. En tournée européenne actuellement, en ouverture de Wolfmother, gageons que The Picturebooks obtiendra enfin une plus large reconnaissance bien méritée.
Wolfmother, oui, c’était vraiment LA tête d’affiche de ces Rocklettes. Emmené par son leader Andrew Stockdale, à la guitare et au chant, la louve australienne arpente les scènes internationales depuis plus de 20 ans. A peine le temps d’effectuer son soundcheck sur le pouce, Wolfmother embraie le concert avec un ‘Dimension’ de derrière les fagots. Le trio est affûté, en veut, et le partage avec les fans qui se sont agglutinés derrière les cordes délimitant une scène aussi naturelle qu’originale. ‘Rock Out’ qui suit est le jumeau de ‘Detroit Rock City’ de Kiss, un riff imparable sur lequel se calque une basse qui déboule en entrée, court et intense, my god, long live rock’n’roll ! L’un des hymnes du groupe, ‘Woman’ et ses accents zeppeliniens sont repris en chœur par les fans tandis que ‘White Unicorn’ et sa poésie nous emmène dans des contrées plus psychédéliques. Une setlist idéale, menée de main de maître par le barde australien aux pieds nus, sur laquelle nous aurons encore beaucoup de plaisir à écouter entre autres l’intense ‘California Queen’, le tressautant ‘Pyramid’ et l’imparable ‘Victorious’. ‘Rock’n’Roll Survivor’ a des réminiscences du ‘Country Girl’ de Black Sabbath, splendide. Au passage, on aura apprécié ‘Rock’n’Roll’, cover impeccable de Led Zeppelin, hymne intemporel de plus de 50 ans. Visiblement enchanté de la beauté et de l’originalité du site ainsi que du chaleureux accueil réservé par les fans, Andrew Stockdale est tout sourire et communie avec le public.
Les Rocklettes s’achèvent ainsi sur un feu d’artifice musical avec une participation record et des conditions atmosphériques idéales – ce n’était pas joué d’avance ! Le plus bel encouragement pour toute l’équipe du PALP Festival qui nous régale chaque été dans la vallée de Bagnes. Comme les enfants le soir de Noël, on trépigne d’impatience en attendant août 2025.
Texte : Jean-Blaise ‘jb’ Betrisey
Photos : Yves Peyrollaz