Comme chaque été, le PALP nous donne rendez-vous dans des lieux idylliques du val de Bagnes pour une bonne dose de rock psychédélique et de stoner ainsi qu’une ration de raclettes locales et de fendant. Trois concerts programmés de 1230 à 1730 sur divers sites, en l’occurrence au col du Lein, magnifique spot aux mélèzes majestueux où les dieux du rock communient avec ceux de la nature.
C’est le trio bernois E-L-R qui fait résonner les premiers accords sur l’alpage. I.R. à la basse, S.M. à la guitare et M.K. à la batterie, deux blondes et un noiraud en plein soleil du mois d’août, nous envoûtent avec leur rock tantôt planant, tantôt psychédélique, qui nous renvoie les fantômes des premiers Anathema, Alcest, Opeth ou Pink Floyd. Leur musique atmosphérique est la parfaite bande-son du paysage qui séduit les festivaliers, l’un de leurs titres s’intitulant d’ailleurs ‘Forêt’. Une belle découverte en live.
Les Romains de Black Rainbows font parler la poudre dans la foulée. Leur ‘heavy psych stoner space’ énergique aux volutes fleurant bon les 70’s donne des fourmis dans les jambes du public. On y retrouve les tempos lourds des premiers Black Sabbath, des riffs acides hendrixiens et des touches plus contemporaines et intensives rappelant Clutch entre autres. Gabriele Fiori à la guitare et au chant, Edoardo Mancini à la basse et Filippo Ragazzoni à la batterie se mettent le public dans la poche avec des accords simples mais diablement efficaces. Beau succès d’estime pour le trio transalpin qui écume les scènes depuis 2006.
Au cours de l’après-midi, nous avons vu arriver sur le site plusieurs festivaliers coiffés d’un long bonnet pointu rouge, malicieux farfadets sortis des antres de la montagne, prêts à jouer des tours à qui s’en approcherait sans précaution. Il s’agissait bien sûr des fans de Gnome, groupe belge inclassable originaire d’Antwerp dont la musique est un patchwork de stoner, de metal psychédélique et progressif, voire de grunge. Intégrant des intros hilarantes et clins d’oeil (aboiements de chien, vieille boîte à musique, etc.) ils sont les dignes représentants contemporains musicaux des surréalistes de leur nation comme René Magritte ou James Ensor. Rutger Verbist (guitare et voix), Egon Loosveldt (batterie) et Geoffrey Verhulst (basse) sont eux-mêmes coiffés de bonnets de gnomes et donnent tout sur scène. Les réactions dans le public sont immédiates et impressionnantes : multiples crowdsurfeurs et surfeuses, débuts de circle pits, fans au contact des musiciens dans une ambiance bon enfant. Deux albums ont suffi à créer la réputation de Gnome dont l’excès d’énergie est quand même parfois décousu.
Sur la route du retour dans la vallée, à bord des bus navettes, on regrette aussitôt la fraîcheur de l’ombre des mélèzes et les brises légères du col de Lein, écrasés par la chaleur estivale. Tous les passagers ont la banane, certains se sont assoupis après leur débauche d’énergie ou leurs excès gastronomiques, un bel esprit convivial et de communion autour du rock. On en redemande et on reviendra.