Elle est donc cachée là, la fameuse Hell’s Kitchen, la marmite du diable, prête à bouillir pour les 2000 diablotins présents pour cette grande ouverture de l’enfer alsacien.
C’est donc par un clin d’œil du Ciel que s’ouvrent les portes de l’enfer, douchées par un Dieu souverain rappelant que nous sommes un weekend pascal, si symbolique dans la région. Clin d’œil.. savoureux donc, si logique au final 🙂
Ils sont bien déjà un bon millier à l’ouverture pour soutenir les locaux de Smash Hit Combo, auréolés d’un nouvel effort studio, tout frais sorti des forges cernéennes. Que de progrès depuis leur passage au Grillen en ouverture des Mass Hysteria il y 2 ans. Présence, maitrise, jeu des scènes, un sacré bond en avant pour les rapcoreux alsaciens fans de Jeux vidéo, leur plus grand péché, le dieu Mario étant porté au firmament du set. Priez pour eux, jeunes pécheurs. Un set ultra péchu, super-sonic serait-on tenté de dire. Le premier single est déjà sur les ondes, jetez vous dessus ! Le ton est donné, çà va envoyer.
Le temps de comprendre (et ne pas trouver) la zone pour les tickets (affichée comme à l’extérieur à l’intérieur et… inversement) que les franciliens de Bukowski déboulent sur scène. Où l’on découvre que le diable alsacien a réuni pour cette première édition ses meilleurs suppo(r)ts, les BBA, Bukowski et Dagoba étant de grands fidèles de l’Est de la France. Les habitués des Buko attendent toujours avec impatience LA phrase du jour de Julien, bassiste-showman-choriste-frangin des Winter’s Masters. Après le fameux « vous êtes là Montbéliard ? » à Bartenheim, place cette fois à « alors Colmar, y en a qui sucent ici ? » au lancement de « Vampire » extrait tout frais du nouvel album « On the rocks ». Car le nombreux public présent est donc le premier à découvrir live les nouveaux titres, l’album étant dans les bacs depuis Lundi seulement. « The smocking room » et « winter’s masters » intègrent ainsi la setlist. Cette dernière mélange allègrement les différents albums du groupe ( brothers forever, hazardous créatures, car crasher). Devant un public plutôt métal/hardcore, le groupe emporte l’adhésion finale par son énergie et les riffs de Fred Duquesne (qu’on avait un peu perdu au niveau son en début de show). A revoir sur plus long et avec un peu de rodage des nouveaux morceaux, l’album étant une tuerie.
Le temps d’une pause boisson et d’une interview show brulante des Bukowski que montent sur scène les samourais de Rise of The NorthStar, OVNI de la scène française sans finalement n’en avoir jamais fait réellement partie. La recette des ROTNS sur galette, c’est avant un tout un flow scandé sur son lit de riffs brutaux. Pas vraiment des enfants de chœur en somme. Le live confirme l’impression générale, plus proche d’un suicidal Tendencies entrecoupé de « Yo les kids » du plus bel effet. A noter également le « Nous venons de nulle part nous sommes tout le monde » en ouverture de set qui place bien les choses. Une découverte pour beaucoup de spectateurs. Bonne ou mauvaise, l’avenir nous le dira.
Les heures défilent, nous voici désormais en fin d’après-midi, une heure un peu inhabituelle pour retrouver sur scène les marseillais de Dagoba, leaders du Métal français derrière son batteur diabolique, Franky Costanza. Pour les non-croyants, Dagoba c’est avant tout de la sauvagerie millimétrée, d’une précision implacable derrière une section rythmique de folie. La configuration de scène avec le batteur placé bien au dessus de la foule de fidèles, afin de prêcher la bonne parole dagobienne toutes baguettes tournoyantes. Un show remarquable et remarqué, tant Dagoba est désormais sur une autre planète, une machine de guerre parfaitement huilée, où Shawter le frontman ne prend le micro qu’aux annonces de singles et pour enchainer les Circle pits géants et bravehearts. A noter la découverte d’un nouveau morceau du prochain album, tout à fait dans la tradition maison. Pas de fioritures. Le coté obscur de la force. Le boss est là, il vous salue bien, merci pour eux. Amen
Autre grand familier de la maison, les Black Bomb A. Les BBA, c’est un peu les Dr Jekyll et Mister Hyde du Hardcore français. Aussi zens et posés à la ville qu’enragés sur scène. Nouvel album (décidément), retour en fanfare d’Arno au micro, actualité chargée en somme. Évidemment c’est Poun qui ouvre le bal devant une foule compacte d’enragés fidèles au BBA. Un show tonitruant, parfaitement rodé, où les deux frontmen complices comme au premier jour enchainent les brûlots maison jusqu’au feu d’artifice, « Mary », l’hymne du groupe repris par toute la salle dès les premiers accords. Si vous êtes dans le coin ne les ratez pas à l’Atelier des Moles à Montbéliard en Mai, l’Est leur manquant trop 🙂
Reste donc les 3 têtes d’affiche du soir, avec en tête de cordée, les suédoises de Crucified Barbara. Le groupe profite de l’occasion pour défendre leur nouvel effort et un statut de groupe montant à suivre. Si le positionnement pourra surprendre entre Madball et BBA, deux poids lourds du Hardcore, les scandinaves s’en sortent avec les honneurs, bien aidées par un son impeccable. Le concert marque la clôture de leur tournée française, le groupe ayant déjà un bataillon de fans locaux. Il est grand temps de tenter l’aventure de la restauration en extérieur par un froid de canard, les survivants à la queue pouvant reprendre des forces avant le coup de force des légendaires Madball.
Madball, LE pape du NYHC « in your face » Made in USA. Porté depuis 25 ans par Freddy Cricien, le frontman du combo new-yorkais, le groupe mythique peut faire sourire quand vous voyez débouler sur scène les quadras – au mieux – du Hardcore. Dès le premier morceau, les survivants du pit comprennent rapidement que le Boss ne va pas leur laisser de répit pendant 1 heure. Incroyablement carré, le set s’enchaine vitesse grand V, à grands coups de riffs, de saccades et de ponts dévastateurs. Le pit dégorge les plus frêles, les plus courageux passant leur brevet de survivors Made In Madball. Ils pourront dire « j’y étais ».
Le coup de grâce revient donc les Behemoth, tète d’affiche – ce qui en a surpris plus d’un – de cette première édition, L’organisateur lui laissant le privilège du sacrifice final. Les fidèles se préparent pour la messe, lumière tamisée, encens a foison, feu. Qu’on soit un adepte ou non de ce genre de musique et/ou du groupe polonais il faut être honnête, les Behemoth savent mettre en scène leur arrivée, et nous gratifier d’un concert redoutable d’efficacité. Gros son, lightshow à couper le souffle alternant les ambiances black avec des ambiances plus lumineuses, maquillage et look tout droit sorti du film le Seigneur des Anneaux. Musicalement c’est puissant, c’est violent pour les fans venus nombreux pour les voir. Deux heures de show d’une grande intensité laissant en nage ceux qui sont restés jusqu’au bout.
C’est donc sur ces senteurs d’encens que se termine ce Rock In Hell, premier d’une longue lignée espérons le au vu du son impeccable, de l’organisation alsacienne (donc parfaite) bien qu’encore un peu perfectible, normal pour une première. Les rumeurs courraient déjà dans la salle sur une seconde édition sur 2 jours. Affaire suivre, Satan aurait déjà signé. Hell’s Kitchen attend déjà avec impatience ses nouveaux Top chefs 2016 !
Merci à Sébastien et toute son équipe de Live Colmar, les bénévoles, Amandine et Jonathan, Franky de Dagoba, Poun et Arno des BBA, les Bukowski pour leur accueil, leurs temps précieux et leur gentillesse.
Arno G.
Les photos sont à retrouver ici : Photos Rock in Hell 2015
L’interview de Sebastien Binder l’organisateur du Rock In Hell : Interview