Trois jours après sa première date suisse de la tournée à la Z7 de Pratteln et au lendemain d’une prestation XL au Hellfest, on se demandait si Rival Sons aurait encore assez de jus pour régaler le public du Mühle Hunziken, plus jolie petite salle de concert de Suisse. Pas de première partie avant les Californiens et une demi-heure avant l’ouverture des portes, une meute de fans était déjà présente dans les jardins de ce lieu convivial et pittoresque. Le plaisir de retrouver des visages connus, entre bières locales et bons petits plats concoctés par la sympathique équipe du Mühle.
Salle comble, bien sûr, 550 privilégiés impatients de revoir Rival Sons qui tourne beaucoup en Europe ces dernière années et notamment en Suisse (Z7, Docks, Montreux Jazz Festival…). Des albums de qualité, des prestations scéniques généreuses et énergiques, un chanteur et un guitariste charismatiques contribuent au succès grandissant du groupe. 20h00 tapantes, les premiers accords de ‘Mirrors’ emplissent l’ancien moulin transformé en salle de concert et petit musée par son ancien propriétaire et mécène. Les musiciens trouvent rapidement leurs marques sur la toute petite scène entourée par les fans. Quelques frissons dans l’assemblée en entendant la voix de Jay Buchanan où l’on croit percevoir un début de refroidissement. Le spectre d’un concert aux Docks tronqué pour les mêmes motifs il y a quelques années ressurgit l’espace d’un instant. Heureusement, ce n’est qu’une fausse alerte et le chanteur réalisera même l’une des plus belles performances à laquelle nous ayons eu l’occasion d’assister.
Le rythme effréné de ‘Nobody Wants to Die’ électrise le public et n’est qu’un préliminaire à ‘Tied Up’ et un « Too Bad » bien lourd et rythmé. Le très beau et introspectif ‘Feral Roots’ prend le relais avec son intro acoustique qui monte en puissance pour éclater en une gerbe de notes dans le refrain, sublime ! Il faut battre le fer quand il est chaud, ‘Open My Eyes’ et ‘Pressure and Time’, deux hymnes du groupe font monter un peu plus la température, Scott Holiday est impérial à la six-cordes. Rival Sons apprécie jouer dans cette salle intimiste, Jay lâchant même « cette scène est sacrément petite mais p**tain je l’adore ! ». Il parcourt l’assistance du rez, du 1er et même du second étage de cette maison de poupée / boîte à musique avec des yeux plein d’étoiles, un grand sourire illuminant son visage.
Ambiance orientale avec ‘Nanda-Nandana’ chanté comme un mantra par Jay, rythme rapide comme une entrée en transe. Plus tard, on se régale sur l’épique ‘Darkside’, paru l’an dernier sur l’album ‘Darkfighter’ qui fait étalage de toute la classe de l’un des meilleurs chanteurs de sa génération, passant de la douceur à la colère, du velours au feu, la grande classe. Comme l’an dernier, c’est une version acoustique poignante de ‘Shooting Stars’ de Jay, seul avec le public qui reprend ce titre, hymne humaniste de paix, de tolérance et d’espoir. Frissons et émotions dans cette belle assistance. Final sur les chapeaux de roues avec les imparables ‘Do Your Worst’, ‘Electric Man’ et ‘Keep On Swingin’ pour l’épilogue d’une parfaite soirée de rock authentique, sans fard, joué et chanté avec les tripes et le cœur.
Les fans déchaînés rendent un bruyant et immense hommage à Rival Sons et refusent de quitter la salle, même après le départ du groupe en coulisses, le retour de l’éclairage du club et la diffusion de la musique du Mühle. Les Californiens reviennent sous les vivats du public pour un rappel d’anthologie d’une dizaine de minutes – ‘Torture’ – feu d’artifice musical qui clôt l’un des plus beaux concerts de cette année.