Au commencement était une seule session studio, un seul mix. Mais la pandémie avait amené ses fractures, ses questionnements, son lot de tristesse, son lot de bonheur aussi. Et le travail de Rival Sons en a profondément été impacté au point que le quartet a éprouvé le besoin d’en faire deux œuvres différentes, l’une fondamentalement sombre (« Darkfighter » sortie au début de l’été) et l’autre, qui débarque cet automne, offrant une vision plus positive (« Lightbringer »).
Pourtant il ne faut pas penser trouver dans les nouvelles compositions au goût d’espoir retrouvé une quelconque évolution de leur rock vers un univers plus frais et pimpant. Si Jay Buchanan chante qu’il doit se pousser pour combattre ses démons, s’il souhaite plus que tout pouvoir être un porteur d’espoir, et conseille de toujours savoir être sensible au malheur des autres, il le fait sans surprise en projetant sa voix puissante vers l’avant, en se laissant porter par des instrumentations aux contours sauvages et rêches. Et le passage entre les deux univers est même l’un de ces moments que les musiciens savent si bien construire, évoluant sur un fil au-dessus du vide. Laissant le souffle noir et poisseux de « Darkside », qui clôturait la première galette, s’évaporer posément pour ne laisser qu’une voix nue, l’ouverture se fait ici dans la sensibilité de l’acoustique. Comme pour mieux dessiner ce moment suspendu entre les deux. Parce que très vite l’énergie est de retour, et tout au long des presque neuf minutes du titre « Darkfighter » fureur et lumière vont se faire face. La suite se déroulant sans surprises autour de leur rock écorché, tortueux et résolument dense.
Rival Sons se veut ici pourvoyeur de lumière, mais son chemin est toujours intensément taillé dans la mélancolie. [YP]
Note: 3/5