Ancrés névrotiquement sur le spectre d’un son imbibé et qui tâche d’entrée de jeu, les Red Is Dead ont le sens de la mélodie et du groove qui heurte de plein fouet. Leur musique va droit à l’essentiel…c’est massif et un poil plus élaboré que leur précédent EP dont j’avais déjà parlé en début d’année.
Loin de nous balancer un simple os à ronger, ils nous offrent du Stoner puissant et appliqué avec des rythmiques lourdes et lancinantes qui nous parachutent en terrain connu. Le quatuor ne réinvente rien et s’appuie sur les fondamentaux et les classiques. On pense alors que le château de cartes peut vite s’effondrer et que la hype naissante sera vite oubliée. Mais on se rend vite compte que le combo a bien plus de personnalité que leur technique ne laisse supposer et ils franchissent un nouveau palier sans toutefois brûler les étapes.
La confiance est de mise car on les sent capables de se renouveler, de créer la surprise et de poursuivre une ligne aux multiples embranchements pour repousser les limites d’un style légèrement trop étroit pour eux. Et ce n’est pas la chanson titre Glory Owl, une pièce maitresse de 11:18mn qui me fera dire le contraire. En incorporant une bonne dose de Doom, ce morceau gagne en consistance et on y retrouve tous les ingrédients de leurs influences servies par une science extrême du riff qui impose.
Le groupe s’ouvre ici une voie de lancement large comme un boulevard, qui n’apporte pas que des globules blancs mais aussi du sang neuf. Tout simplement le chainon manquant entre le Red fang des débuts et le Orange Goblin d’aujourd’hui ! Ils empruntent un nouveau chemin qu’ils n’avaient qu’effleuré jusqu’ici et ils élargissent leur horizon. Et même si la production parait encore assez rugueuse, l’effort est bien là et leur approche possède un charme indéniable.
On peut donc presque prendre un pied intégral avec ce Glory Owl qui ramone tous les tuyaux sans laisser échapper la moindre trace de morosité. Assurément un bon EP, agréablement composé où l’efficacité est omniprésente, simple et ambitieux à la fois, et qui apparaît comme l’oeuvre d’un groupe souhaitant s’inscrire dans la durée. Profitons-en, les braises sont encore chaudes.