Avec le goût infernal des cinq lascars californiens pour une esthétique et un rock aux structures enchevêtrées, on se retrouve souvent à dire un peu facilement que le diable se cache dans les détails (je le sais bien, ma précédente chronique démarrait exactement ainsi…). Alors tant pis pour moi, mais diable qu’il y a de détails à traquer dans cette galette de QOTSA.
Déjà rien que la pochette, son entrelacs humano-bestial, son logo auto-mutilé et sa typo style faux plastique, on sent que l’humeur des comparses était à plonger dans les profondeurs sombres de l’âme humaine, mais avec de multiples touches annexes de légèreté. Côté musique, le constat est le même. La construction touffue et tortueuse est bien là, marque de fabrique du quintet, illuminée de nombreux gimmicks imparables. Et pas de ceux à même de faire de l’ombre à des compos dont le seul défaut serait peut-être de rester souvent calées sur un tempo relativement lent. Non, surtout pas, on est bien loin de la prod molle du genou dont cette mauviette de Mark Ronson avait réussi à affubler « Vilain ». Ici, avec le groupe en maître d’œuvre de son propre son, tout est à très haute teneur électrique, les compos denses offrant toujours un lyrisme mélodique éprouvé en appoint. Et donc par-dessus tout ça, les détails diaboliques. Guitares kalxonnantes ou caverneuses, cloches cabossées, cordes cairotes, motifs orientaux, porte grinçante, basse façon ours mal léché, frotti de plectre, duo de guitares se toisant dans un miroir déformant, grand-huit de claviers, claquements de percus. Finalement ce que tout cela ne cache pas, c’est un band en très belle forme, qui ose affronter sa propre vulnérabilité face à la dépression, la mort ou le suicide. [YP]
Note: 4/5