(YagwudsRecords)
La voix se fait presque linéaire, la guitare ne cherche pas à tout prix à prendre la lumière, les claviers creusent des chemins ondulants tandis que la rythmique maintient une pulsation poisseuse. Nous voici aux portes d’un nouvel album de Puts Marie et une fois encore leur univers est en évolution. Pas un changement radical mais un large pas de côté. Après les méandres bucolico-foutraques de leur musique improvisée, après le piquant du croisement d’un slam hip-hop et des lignes tendues du rock, le quintet biennois nous propose de les rejoindre dans les méandres sombres et âpre de leur musique. De leur manière toute personnelle de construire la musique, ils gardent la densité, l’esthétique. Mais là où c’était l’impulsion de certaines parties de guitares qui tendaient les lignes, là où la rythmique dessinait des paysages abrupts, aujourd’hui le décor tend vers l’homogénéité, chacun trouve une place bien à lui, chaque instrument dessine un coin du tableau tout en s’appuyant sur les teintes déposées par les autres comparses.
Que l’on y regarde de près ou que l’on cherche à appréhender l’ensemble, les détails se confondent autant que les espaces se personnalisent. Et surtout sans trahir la volonté de ne pas se caler dans un quelconque modèle de couplet-refrain. Se brosse alors un portrait un peu étrange et onirique d’un monde en fin d’humanité. On y croise pêle-mêle, des coureurs de fond, des voleurs, des arnaqueurs, des pigeonniers artisanaux, des hôtels en ruine et une ex-star du porno. Terrain fertile pour que la voix de Max Usata vous attire comme un aimant dans un long flot mélancolique. En abandonnant les lignes directes Puts Marie aurait pu friser la perte d’équilibre, le groupe y a gagné en maturité et en harmonie. [YP]
Note: 4/5