Après un passage remarqué à Festineuch, l’an passé, les Prophets Of Rage étaient de retour en Suisse pour une date en tête d’affiche au Gurten Festival le jeudi 12 juillet 2018. Une occasion unique de voir autant de musiciens de légende réunis sur la même scène. Les Prophets Of Rage c’est bien sûr trois ex-Rage Against The Machine qui se sont unis avec deux cadors du hip-hop américain, à savoir Chuck D de Public Enemy et B-Real, voix mythique de Cypress Hill, pour jouer leurs nouveaux titres et bien sûr puiser allégrement dans le répertoire des trois groups mentionnés.
Un concert au Gurten cela se mérite. Je n’étais pas revenu depuis plusieurs années, mais on retrouve vite les sensations avec d’abord cette petite montée à pied estimée à 40 minutes tant la file d’attente du Bahn est bondée. 35 minutes chrono bière en mains finalement. Alors arrivés en haut, on mange rapidement une morse pour se récompenser de ce bel effort. Enfin, après voir assimilé le système cashless et difficilement chargé une carte.
On a loupé Two Door Cinema Club qui finissait son set pendant notre montée. Dommage. Il faut attendre deux heures avant le prochain concert sur la grande scène, alors on profite de voir quelques morceaux de Tobias Carshey, qui a l’air suffisamment du coin pour s’adresser en dialecte au public. Belle reprise de ‘I Shall Be Released’ suivie d’un autre morceau joué un peu fort mais plutôt sympathique.
Derrière la grande scène, énorme backdrop des Prophets. Les gens sont là pour eux et les festivaliers commencent à s’amonceler vers les barrières. Étonnamment, pas mal de gens ont des chopes de bière en verre, le plus souvent au bout d’un harnais ou d’un mousqueton. Le gars devant moi en a 2 à la ceinture et cela m’inquiète un peu car d’ici quelques minutes cela va bouger pas mal. Les gars de la sécurité ont pour la plupart leur petite chope à la ceinture aussi ! Un énorme black issu de l’entourage du groupe, le modèle armoire normande XXL avec foulard et casquette noirs masquant son visage passe en revue la foule et donne des consignes. Ce soir c’est lui le patron, personne n’a envie de le contredire.
A 21.15 heures, les six musiciens (un DJ les accompagne) arrivent, bras tendus et poings levés quelques instants puis lancent le titre de Public Enemy qui a donné son nom au groupe, avant d’enchaîner avec deux morceaux de RATM, ‘Testify‘ et ‘Take The Power Back‘. Tom Morello a encore un énorme pansement sur la main droite, mais cela n’a pas l’air de le gêner. Ce qu’il fait avec sa guitare est tout simplement incroyable. Il la tient par moment comme un fusil mitrailleur, puis à la verticale comme un Gypsy Kings, avec une fluidité ahurissante. Les photographes se régalent également des mouvements de Tom Morello qui pose clairement pour eux. Cela me fait quelques pincements car plus tôt dans la semaine, j’ai eu la confirmation du staff presse que ma demande d’accréditation n’était jamais arrivée. Décidément une semaine compliquée pour les photos après l’épisode de Nine Inch Nails.
Le public saute, pousse et se défoule bien. Belle ambiance avec un wall of death inattendu et de larges pogos. B-Real annonce un nouveau morceau ‘Hearts Afire‘, qui sera le premier single du nouvel album. Pas la meilleure chanson des Prophets, dont les autres titres se sont pourtant révélés très convaincants sur scène, pourtant en compétition directe avec les tubes joués, notamment le superbe ‘Living On The 110‘ ou le ‘Unfuck The World‘ de 2016.
Par moment, Morello s’assied et les deux MCS s’amusent à reprendre des classiques du hip-hop, principalement de Cypress Hill (‘Insane In The Brain‘, ‘Rap Superstar‘ ou encore ‘I Aint Going Out Like That‘) et de Public Enemy (‘Black Steel‘ et ‘Bring The Noise‘), mais aussi le ‘Jump Around‘ de House of Pain après avoir fait s’asseoir toute la foule. Vêtu d’un training rouge et de son indéboulonnable keffieh, B-Real assure tandis que Chuck D tire un peu la langue car son flow à l’ancienne n’est pas le plus adapté sur toutes les chansons. Évidemment ce sont les morceaux de Rage Against The Machine qui ont le plus de succès. Sublime version de ‘Sleep Now In The Fire‘ où Tom Morello rejoint ses compères pour démontrer encore ses qualités sonores d’une autre planète.
En fin de set, le guitariste pris la parole pour remercier le public et la Suisse qui a toujours fait un bon accueil aux musiciens. Il a aussi pensé à remercier son équipe et toutes les personnes qui œuvrent à la bonne marche de ce festival, ceux qui arrivent longtemps avant les musiciens et qui repartent bien après eux.
Le concert se termine dans une ambiance magnifique sur trois morceaux de Rage Against The Machine et pas des moindres : ‘Bulls on Parade‘, ‘Freedom‘ et un ‘Killing in the Name Of‘ repris en chœur du début à la fin. Sur cet ultime morceau B-Real descend de la scène et s’appuie contre les barrières pour chanter avec les premiers rangs du public, le poing en l’air jusqu’aux dernières notes. Il n’y aura pas de rappel, les 90 minutes imparties ayant été entièrement utilisées. De toute manière impossible de suivre un final comme celui-ci.
N’ayant jamais vu Rage Against The Machine avec Zack, c’était une grosse claque et un bonheur de voir les Prophets Of Rage. Ceux qui étaient ados dans les années 90s, qui ont connu les deux premiers albums de RATM et les trois premiers de Cypress Hill à l’époque de leur sortie, ont fait un saut dans le temps ce jeudi 12 juillet 2018 qu’ils ne sont pas prêts d’oublier. Promis l’an prochain je reviens avec une accréditation pour laquelle j’aurai fait la demande en recommandé.