Promethee – Une corde de plus à leur arc

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© Promethee

Les genevois de Promethee sortiront le 4 septembre prochain leur deuxième album, Unrest. Rencontre avec Ludovic et Elric, guitaristes du groupe.


 

On est très loin du premier EP, comment expliquez-vous cette évolution ?

Elric : On a rajouté une corde à notre arc déjà pour commencer.

Ludovic : Ouais, niveau des instruments, on a un peu changé certaines choses, c’est-a-dire qu’on joue avec des guitares 7 cordes. C’est peut-être un truc un peu plus lourd mais en même temps, d’un point de vue plus global, on avait tous envie de composer un truc un peu différent de toute cette vague un peu metalcore très calibrée, un type de son très uniformisé, toute une scène qui a émergé d’un coup et où on a eu l’impression que tout le monde faisait la même chose. J’sais pas, c’est peut-être aussi simplement nous, en évoluant nos idées musicales de composition, des façons de faire qui ont évoluer avec nous, et on se l’est pas forcément dit à l’avance. Ca c’est fait tout seul et c’est comme ça que c’est sorti quoi !

E : Pis par rapport aux compos, avant, dans cet EP, on avait des riffs beaucoup plus mélodiques, avec plein de notes dans tous les sens. Des fois quand je réécoute, je me dis que c’est quand même un peu le bordel. Maintenant on est peut-être plus axés sur des accords en fait, on cherche plus une puissance dans notre son.

L : Un peu plus d’unité au niveau de tous les instruments, la voix… Un bloc un peu plus massif, plutôt que des fines lignes mélodiques des instruments qui jouent de manière très précise.

E : On avait des chansons où y avait 8-9 parties et aucune ne revenait dans la chanson. Alors, dans Unrest y en a qui sont comme ça, peut-être une ou deux, mais par contre, y en a plus où tu ressens le couplet, tu ressens le refrain, etc,… A ce niveau là on a évolué.

L : J’pense que ce qu’on a voulu faire aussi c’est s’approcher plus d’une approche un peu plus rock plutôt que metal/metalcore. Bon, c’est pas du rock, mais c’est vrai qu’on avait ça en tête un peu quand on composait.

E : Y a moins de saccades aussi… Et une septième corde en plus.

Du coup, comment vous décririez-vous maintenant ?

L : Euh… Impossible. Franchement j’arriverais pas à te dire.

E : Bon, on a toujours cette touche progressive.

C’est du Promethee.

E : Ouais voilà !

L : C’est vrai que c’est aussi ce que les gens nous disent. Souvent, on a des retours très positifs de personnes qui disent que, soit y écoutent pas de groupes dans cette veine là, soit ils y connaissent rien, mais dans la masse, ils trouvent qu’on a notre patte, notre style. Et ouais, j’pense que c’est du Promethee !

E : Notre sonorité a pas changé, elle a évolué. C’est l’impression que j’ai quand je regarde un peu en arrière.

Vous avez signé sur un label international, comment ça s’est passé et qu’est-ce que ça change pour vous ?

L : C’est vraiment au moment où on a décidé de ne plus faire de recherche de label que Lifeforce Records s’est manifesté et a manifesté son intérêt pour cet album. Ils ont été totalement convaincus du potentiel de ce disque, puis ils ont décidé d’envoyer la machine et tout s’est fait très très vite. Avant ça, on a toujours fait des recherches parce qu’on estimait que ça valait la peine de la jouer un peu pro pour cet album. On a eu aucun retour de personne, ou alors des retours négatifs. Alors on s’est vus un jour et on s’est dit « bon, cet album on va le faire comme les autres », c’est-à-dire tout seul, peut-être avec des petites structures, des amis par-ci par-là, des petits labels… On allait commencer à préparer la sortie comme ça quand Lifeforce nous a contacté alors on s’est dit « go ! ».

E : Pis après, ce qui va changer pour nous, on va le découvrir ! On se lance dans quelque chose de complètement nouveau, contrairement à toutes nos anciennes expériences. Quand on a sorti Nothing Happens, Nobody Comes, Nobody Goes par nous-mêmes, on savait à peu près dans quoi on se lançait parce qu’on avait vécu la même chose avec notre premier EP. Tandis que là, notre album est dans les mains de Lifeforce Records, on a déjà des chroniques qui tombent bien avant la sortie… Ca va vite en fait.

L : Y a beaucoup de choses qui se font toutes seules. La différence qu’on voit c’est qu’il y a des tournées qui sont déjà annoncées avec des grosses structures de booking, d’autres qui sont en train de se préparer…

E : On est pris au sérieux surtout.

L : Tout se fait à peu près tout seul. On a maintenant la chance de travailler avec un manager qui s’appelle Patrick Häberli de chez Avernus Entertainment qui a décidé de travailler avec nous, vu qu’on avait signé avec Lifeforce, c’était plus important pour lui, il y avait plus d’opportunités. On sent qu’il y a du travail derrière et on va, à l’avenir, plus pouvoir se préoccuper de notre musique plutôt que toutes les autres tâches de management, promotion et tout ça.

E : Et on a un peu cette étiquette pro maintenant, on rentre complètement dans le circuit.

Comment s’est passée la compo ? Vous avez donc ajouté une corde à vos guitares, quelque chose d’autre a changé ?

L : Ca s’est passé de plusieurs manières, on a essayé de nouvelles choses. Par exemple, ce premier EP, c’était surtout des riffs. Avec ces riffs, on faisait une chanson, pis on amenait un autre riff qui était complètement opposé et on assemblait tout ça pour en faire une chanson. Pas toutes, mais la plupart c’était comme ça. L’album précédent aussi. Là on a plus essayé de se retrouver tous ensemble dans le local et voir ce qui pouvait en sortir. Plutôt que de composer chacun de son côté et arriver en disant « voilà, c’est ça », on a essayé de vraiment plus utiliser l’unité de tous les musiciens pour créer en temps réel des morceaux. Alors forcément, y a des idées de base qui ont été amenées, que ce soit de Elric, de moi,… Enfin voilà, on a tous beaucoup plus participé au processus d’écriture j’ai l’impression, mais, axé plus live.

E : Des jams.

L : Des jams, ce genre de choses, c’est de la que sont nés certains morceaux….

E : Complètement de l’impro…

L : Ouais, des jams qu’on a fait dans le local et où on se disait « ah c’est marrant ce truc, c’est excellent ! Mais bon, on va peut-être pas en faire une chanson ». Pis certaines fois on s’est dit « bah ouais, pourquoi pas en faire une chanson ? ».

E : C’est pour ça qu’il y a des chansons dans cet album, tu les écoutes et tu te dis « ah ouais, ils sont complètement dans un autre trip ».

Pourquoi « Unrest » ?

L : Uuuhmm… Alors, malheureusement Josh est pas là…

E : On va appeler Josh ! [rires]

L : C’est vrai que c’est lui qui a écrit tous les textes. Il y a un peu toute une thématique autour de ces chansons. Et l’unrest c’est le non-repos qui est totalement en corrélation avec certains modes de vie qu’on peut avoir aujourd’hui, une façon perdue qu’on a de s’écouter soi-même, ce genre de choses. Je pense que ça traduit un peu un mode de vie qui représente totalement notre société actuelle.

Josh : Le titre de l’album est “Unrest” qui en francais veux dire Troubles, Agitation ou même Inquiétude. Le mot se retrouve un peu partout dans chaque thème abordé l’album. Nous vivons dans une époque remplie d’agitations et d’inquiétudes, qu’elles soient sociales, politiques ou personnelles. On nous pousse à les mettre de côté via une société qui prône l’individualisme et le capital. Donc dans cet album j’ai voulu mettre en avant mes inquiétudes et le fait de les accepter comme quelque chose d’essentiel à ma condition humaine.

Du coup, les chansons parlent de ces modes de vie ? Quels sont les thèmes abordés ?

L : Uhm.. Ce serait bien qu’il y ait Josh pour ça quoi !

En fait ils comprennent pas les paroles alors ils savent pas quoi répondre !

L : Non non ! Mais disons que…

E : Mhmmmm…. J’vais être honnête, j’aime bien la guitare mais… [rires]

L : Peut-être que Josh pourra mieux répondre à cette question si on lui l’envoie… J’pense que ça pourrait être pas mal.

E : Autant nous on fait la musique etc. mais les paroles c’est 100% lui à part une chanson.

L : Oui, y a une chanson que j’ai écrite moi. C’est une chanson dont j’ai écrit les paroles, elle s’appelle Lost Body. C’est un des titres de la deuxième partie de l’album, un peu plus posé, elle est très rock cette chanson en fait. Et les paroles parlent clairement d’une façon qu’on peut avoir de se soûler pour oublier des choses, d’une génération où, voilà, au final y a plein de trucs qui font chier, on voit plein de gens se droguer, se bourrer la gueule à outrance. Ca peut être très drôle, mais des fois derrière y a quelque chose. Et la chanson parle un peu de ça. C’est aussi une chanson que j’ai faite en hommage à un pote qui est décédé y a un an de ça, qui s’appelait Alex Lezzi. Et voilà, j’ai beaucoup pensé à lui, à certaines facettes de sa personnalité avant qu’il décède en écrivant ce texte.

Sur la pochette, on voit un visage de profil, dédoublé : qui est ce personnage ? A-t-il un lien avec celui de Nothing Happens, Nobody Comes, Nobody Goes ?

L : Non, il a pas un lien.

E : Ca nous a tapé dans l’œil.

L : Voilà, et je pense qu’on aime tous un peu les mêmes trucs. Ca donne une certaine identité, une suite peut-être. C’est une photo d’une artiste Portugaise, Maria Lucero qu’on a choisie tous ensemble. Et c’est vrai que l’album, c’est Unrest et justement, dans les paroles et un peu la thématique, c’est un peu ce manque de repos, et un peu ces dédoublements de personnalité qu’on peut avoir dans notre vie de tous les jours. En allant au boulot, peut-être qu’on met une sorte de masque, quand on est en famille c’est différent, quand on est entre potes c’est différent… Enfin voilà, c’est un peu ça. On la voit pas de face, elle se montre pas vraiment mais on voit qu’elle a deux visages.

Si vous étiez à la place d’un de nos chroniqueurs, que diriez-vous sur Unrest ?

E : Que les deux guitaristes sont hyper sexy ! J’en ai plein dans ma culotte ! Euh… Pardon ! [rires] Qu’est-ce qu’on dirait de cet album ?

L : Qu’il est surprenant. J’suis pas bien placé pour dire qu’il est excellent, ni pour dire qu’il est à chier.

E : Non, mais on peut dire qu’on est fiers de cet album.

L : Oui, mais en tant que chroniqueur, j’peux pas vraiment en être fier…

E : …de l’écouter !

L : Ouais, fier de l’écouter, fier de l’avoir, de le chérir, de dormir avec, peut-être même d’avoir des rapports intimes… [rires] Faut pas oublier qu’un CD ou un vinyle, tous deux possèdent un orifice qui peut…

E : Faut en avoir une petite quand même… [rires]

L : Ouais…

E : Mais ouais, se laisser surprendre. Y a quelques petites chansons annexes, des petites ballades etc.

L : J’pense que ce dont on a envie, c’est de surprendre et de montrer à tout le monde que c’est beau d’avoir eu une étiquette très metalcore, mais on écoute tous énormément de musiques différentes et que, dans toutes ces compos, on peut vraiment trouver beaucoup de sources d’inspiration dans des styles musicaux très larges. Alors exotique et surprenant.

Votre note sur 5 ?

E : 6 !

L : 10 ! Dix ou six de toute façon, saucisse ! [rires]

www.prometheemusic.com

promethee_unrest_daily_rock_interviewFiche CD

Titre : Unrest

Label : Lifeforce Records

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