Me voilà replongé, après avoir assisté à la conférence de presse 2017 des Eurockéennes de Belfort, dans les programmations des années d’avant. Tout simplement parce que cette programmation semble diviser les internautes qui, pour les fidèles du festival, ne comprennent pas ou ne comprennent plus cette inversion de tendance, celle qui fait passer le rock (au sens pur de registre musical) au second plan.
Ils ne comprennent pas que Booba ait pu s’écrire avant Iggy Pop, ils ne trouvent plus le rapport entre l’esprit d’origine du festival et ce qu’il est devenu sur le plan artistique. Mais il est clair, comme j’avais pu le signifier l’année précédente, qu’il ne faut plus concevoir le nom Eurockéennes comme un jeu de mot habile mais comme une marque. Une marque qui a incontestablement participé à l’histoire et au dynamisme local et qui a, il est vrai, réussi à traverser le temps.
Au milieu de tout cela, je me suis frayé un chemin dans la programmation pour, tout de même, extraire les quelques noms à suivre sur ce festival pour vous fans de rock qui tâche !
« Les esprits du punk mais aussi des Doors et de Nirvana semblent planer au-dessus de ce quatuor de cousins et de frères jumeaux. » The Orwells semble incarner la fougue par excellence, celle des années 90, au moment où les Pixies étaient les PIXIES et où nous assistions au renouveau du garage avec plein de distorsion dedans. Une découverte en perspective sur la scène de la Loggia.
« Surtout ne lancez pas de canette en signe de bienvenue à Archie and The Bunkers, ces deux là n’ont même pas l’âge légal de boire une 8-6 ! À 14 et 17 ans, les frères O’Connor ont encore des bouilles aux rondeurs évanescentes. Mais ces sauvageons fans de The Stooges et The Screamers sont capables de vous mettre à genoux. Dotés d’une énergie dingue, ils envoient un garage enragé et influencé par le jazz de Jimmy Smith comme par le punk des Deads Boys. Derrière un simple clavier et une batterie, le duo déclenche une explosion de breaks hyperactifs, de rythmiques fulgurantes du ska au rockab. Alors que Cullen vous prouve par A+B qu’un clavier peut sonner furieusement punk, Emett martyrise sa batterie à une cadence infernale tout en hurlant dans le micro. Sans pitié ! » (source : dossier de presse Eurockéennes)
« Complètement allumés, enragés…et brillants, IDLES balance un post-punk comme on l’aime : sec et passablement énervé. Espèce de Sleaford Mods (Eurocks 2015) en version punk, débarqué de Bristol, héritier de The Damned, ce quartet adepte du hors-piste fait dans le radical conscient et diablement ironique. Revêtus de tenues blanches, comme échappés d’un hôpital, en robe de bal ou en costard, les quatre gars d’IDLES pratiquent le bruitisme à base de guitares incendiaires, de basse brutale et de batterie mordante ainsi que les attaques en règle anti-parti conservateur, anti-système ou anti-machos. Et vous en connaissez beaucoup vous des groupes punk qui vous somment de pogoter sur des paroles évoquant le syndrome de Stendhal, le système de santé publique ou leur mère ? » (source : dossier de presse Eurockéennes)
« Depuis 20 ans, Gojira répand un death metal qui brise les clichés de sa France natale jusqu’aux USA. Tournés vers des préoccupations environnementales, la bande des Duplantier forme un combo à part, en évolution permanente. Dernièrement, les géants du prog metal ont conçu un nouvel album à leur image et qui change à nouveau la donne. Encensé par la critique, nominé deux fois aux Grammys Awards 2017, classé N°1 au chart Billboard, Magma tire le tiercé gagnant : à la fois lourd, complexe et accrocheur, ce concentré d’émotion et d’énergie brute livre dix pistes entre guitares tremblantes, percussions frémissantes, mélodies élégantes et atmosphères cosmiques. Guest des poids lourds de Metallica (Eurocks 1999), Slayer (Eurocks 2000 – 2003) et Mastodon (Eurocks 2005 – 2012), en tournée aux États-Unis, Gojira revient sur ses terres pour un live extrême. » (source : dossier de presse Eurockéennes)
« Les ATW sont de la catégorie… Hors catégorie. Originaire de Nashville, ce groupe donne dans le gros son teinté de bizarreries inclassables. Au l de leurs albums, un rock à la fois expérimental et cérébral. Le tout hanté d’instruments aux résonances extraterrestres, d’espaces sonores étranges et de mélodies en orbite autour des planètes blues, space rock, stoner et hard. Avec leurs derniers titres issus de Sleeping During The War, ils mettent le doigt sur cette manière que l’on a de détourner le regard de réalités en s’absorbant dans nos smartphones ou dans des vidéos de chats ?! Déformant l’espace-temps, ils font resurgir des échos de Bruce Springsteen comme de Kyuss (Eurocks 2011), mélangeant le feu psychédélique d’un lointain Dr John à la glace de Sigur Rós (Eurocks 2006). » (source : dossier de presse Eurockéennes)
Je noterai évidemment Iggy Pop, Royal Blood, Blues Pills (même après plusieurs passages dans les deux dernières années à proximité du festival), Psykup ou encore Editors.
Il faudra donc cette année, si vous aimez le gros son, se tourner vers la découverte, vers la petite scène des Eurocks, la Loggia, là où nous avions pu notamment voir Ghost en 2014…
Une page s’est définitivement tournée au Malsaucy ; le rock réussit aujourd’hui à se frayer un chemin parmi les pèlerins là où il était avant, en charge de la grande messe. L’équilibre est rompu mais peu importe, le rock, le vrai, continue et continuera d’exister. Tant qu’on ne voit pas les Fréro Delavega au Hellfest, il y a de l’espoir.
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