C’est à la Blackbox, très belle salle de concert à Nice, que j’avais RDV ce mardi soir pour l’unique date en France du Clinic tour de l’incroyable Paul Gilbert. Le guitariste américain, à la technique irréprochable, a depuis ces dernières années apporté au fil des ans des petits plus à son jeu qui en ont fait un maitre incontesté de la 6 cordes. Le guitariste que je n’ai encore jamais vu live sur une scène à la réputation, en plus de son immense talent, d’être extrêmement sympathique, d’une grande simplicité, et plein d’humour, donc une soirée de pur plaisir en perspective pour moi…
48 ans et pourtant, c’est un Paul Gilbert à l’allure d’éternel ado et coiffé d’un drôle de chapeau qui fait son entrée sur scène sous les applaudissements nourris d’un parterre de fans réunis pour l’occasion. En retour, le guitariste salue son public chaleureusement en Français et avec un grand sourire. C’est avec un sens de l’humour aiguisé et dont il usera tout au long de cette Clinic, que le guitariste nous expliquera également un peu plus tard dans la soirée, qu’il laisse repousser ses cheveux, et que du coup il a une coiffure bizarre et que c’est pour ça qu’il préfère planquer sa tête sous ce couvre chef étrange.
Accompagné par une section rythmique composée d’excellents musiciens locaux, Gabriel Candela, qui n’est autre que batteur du nouveau groupe de Chris Holmes «MEAN MAN» et le bassiste Serge Lopez, Paul Gilbert attaque le premier morceau avec quand même, une bonne demie heure de retard. Le bon coté des choses, c’est que ça nous a laissé le temps de causer musique et photos avec les collègues photographes présents à la soirée, le mauvais c’est que du coup, la première partie «Les Running Birds» sont relayés dans un premier temps, après Paul Gilbert, pour finalement, à cause de l’heure tardive, être annulés. Vraiment dommage pour le public car c’est un excellent groupe qui tient la scène avec beaucoup de talent, et regrettable également pour les « Birds » qui ont dû être supers déçus de ne pas pouvoir ouvrir pour le Maestro… Mais ce sont malheureusement les aléas du direct comme le dirait notre regretté «Zitrone».
Avant de dégainer mon Canon, je jette un dernier coup d’oeil sur la salle. Elle est remplie de fans à 95 pour cent masculin (une constante à ce type d’évènements ), aficionados qui sont fin prêts pour s’abreuver des paroles et du son du maitre. Quelques rangs plus haut, j’aperçois également Chris et Cathy Holmes venu écouter l’artiste en voisin.
C’est un Paul Gilbert en grande forme qui attaque le premier morceau. Le départ est à la fois énergique et charismatique, ses doigts glissent sur la guitare avec une grande agilité, le guitariste donne l’impression d’une grande simplicité alors que l’ensemble est définitivement de très haut vol …du grand Paul Gilbert. La Clinic sera ponctuée de moments de jeux, auquels succèderont des explications traduites par l’organisateur de cette soirée, Tom Cézario, lui même guitariste pour Chris Holmes dans son groupe «MEAN MAN».
Riffs solides et à fort impact, Tapping, Solos accompagnés de plusieurs nuances de blues, le guitariste donne une foule d’explications techniques et insiste sur l’importance de nuancer la vitesse de déplacement, ponctuant le tout une nouvelle fois d’une note d’humour, en expliquant par exemple l’importance du lever de bras pour l’attaque des notes ou encore en précisant, que lorsque la grimace du visage est à son apogée, et bien nous dira-t’il, ça signifie que le jeu guitaristique est parfait. Pour illustrer ses propos, il nous gratifiera de quelques mimiques bien exagérées qui déclencheront les rires du public. Paul Gilbert aime et cultive la proximité et la complicité avec le public et il à vraiment l’art de communiquer avec lui.
Entre deux morceaux, le maestro consulte sa set list et prend du temps pour accorder sa guitare, dans un silence solennel. Il en profite une nouvelle fois pour lancer quelques petits blagues. Cette spontanéité, cette humilité captent l’attention du public qui est en grande admiration devant lui.
Paul Gilbert nous confie son amour pour le blues, et le mettra à l’honneur de nombreuses fois dans la soirée avec notamment une reprise du grand Albert King, ce qui, surprendra certains qui s’attendaient à retrouver un Paul Gilbert en mode «Shredd à fond les manettes». Le guitariste développera sur l’importance du jeu tantôt rapide, tantôt lent dans ce type de musique. Quelque peu démonstratif dans la période «Get Out of My Yard» le guitariste s’est «assagi» et son jeu est beaucoup moins «in your face». La musique de Paul Gilbert a définitivement évolué depuis ces dernières années, passant du rock/métal pur et dur pour s’ouvrir à de nouveaux horizons, dans lesquels il laisse cette très grande place au blues.
Paul Gilbert aime marier les styles de jeux et passe facilement de mélodies légères au phrasé lourd et très technique. Sur quelques morceaux le guitariste nous fera découvrir une autre facette de son talent en chantant avec une grande intensité et une bonne voix, je dois l’avouer, montrant ainsi également ses compétences dans l’art du chant.
Le guitariste se livrera ensuite au jeu des questions réponses avec son public puis, conclura cette Clinic en proposant à ceux qui le souhaitent de venir jamer avec lui. Seul quatre guitaristes oseront se mesurer au maître, mais ils en garderont surement un sacré souvenir car Paul Gilbert s’est montré très amical et s’est prêté avec beaucoup de plaisir et de simplicité à cet exercice de style. La soirée se termine sur une séance autographe et photos très attendues par les fans.
Des notes d’humour, pas d’entrée star system, une sortie en toute simplicité, l’impression que tout est improvisé (ce qui n’est à mon sens qu’en partie vrai), un jeu irréprochable bref, du grand art version Paul Gilbert. Moi j’ai trouvé la formule bien sympa et très conviviale mais, et oui il y’a un petit mais, même si j’ai eu un joli pick du maître, je reste toutefois sur ma faim. D’une part parce que Paul Gilbert n’a joué que des reprises, et même si j’aime bien les Beatles, Led Zep ou Hendrix, j’aurai quand même bien aimé entendre, et je pense je n’étais pas la seule dans ce cas, quelques compos. Dautre part, je trouve la formule Clinic Tour un peu réductrice pour la bien piètre guitariste que je suis et qui venait plus pour le guitariste que le prof. N’ayant jamais vu le Guitar Héros en concert et ayant lu des critiques élogieuses sur ses shows, je n’ai eu droit pour ma part qu’aux «Antipasti» comme diraient nos amis italiens. Mais bon, qu’à cela ne tienne, je vais mettre dès que possible un concert de « Mr Big » au programme de mon agenda.
Un dernier mot pour saluer la belle organisation à l’initiative de ces évènements en la personne de Tom Césario et Alex Gilly de SB Music qui permettent aux guitaristes de la région de pouvoir rencontrer des légendes comme Paul Gilbert, Guthrie Govan, Marty Friedman, ou encore le 5 mai prochain Michael Lee Firkins.
http://www.paulgilbert.com
Pour retrouver toutes les photos du concert, c’est ici:
https://www.facebook.com/media/set/?set=a.822723497781240.1073741992.424499934270267&type=1