Palé’eau est redevenu Paléo pour sa soirée de clôture, non sans laisser un petit souvenir aux festivalier.ère.s. C’est donc les pieds dans la boue que le public a envahi la Plaine de l’Asse une dernière fois.
Le classique à l’honneur
Tradition oblige, c’est au son des violons et autres clarinettes qu’a démarré cette dernière journée. L’orchestre de chambre de Lausanne montait pour la première fois sur la scène du Paléo et avait carte blanche. Avec des pièces de Beethoven, Mozart ou encore Mendelssohn, l’OCL a captivé une foule relativement grande. On s’arrête par curiosité et on se surprend à rester plus longtemps qu’on ne le voulait.
Du côté de la Grande Scène, Jane Birkin présente son spectacle Birkin/Gainsbourg : le symphonique. Celle qui a été la compagne de Serge Gainsbourg pendant dix ans lui rend hommage, accompagnée de l’Ensemble Symphonique de Neuchâtel. Baby alone in Babylone, Requiem pour un con, La Javanaise, des milliers de personnes chantent avec Jane Birkin, comme un chœur improvisé. La musique fait frissonner Paléo comme il a rarement frissonné.
Du folk tout doux pour un réveil en douceur
Le petit groupe genevois pose ses premières notes au Détour et la magie opère. Au sein de Quiet Island, il y a 4 voix qui forment une douce harmonie. En ce début d’après-midi du dernier jour de Paléo, on n’est pas bien réveillé et on apprécie de se laisser happer dans un monde entre rêve et réalité. Un rêve justement réalisé pour le quartet, fier et un peu impressionné de se retrouver sur cette scène qu’ils connaissaient d’un autre point de vue. Une pause intimiste bienvenue en début d’après-midi.
Du rock trop propre
Jane Birkin nous a demandé d’aller voir sa petite Lou sur la scène des Arches, et le public accoure. Lou Doillon déverse un peu de rock sur le Paléo. Sa voix grave est surprenante vu sa carrure, mais pas désagréable. Sa musique énergique nous prend un instant, mais peine à garder notre attention. Tout est presque trop propre, trop parfait.
Vague de bonne humeur
La foule est étonnamment étendue devant la Grande Scène pour Dadju. Le français, qui n’est autre que le frère de Gims, a proposé un rap gentil, agrémenté de sonorités estivales et dansantes. Son grand sourire est communicatif, même les gens de passage, derrière des gradins, s’arrêtent pour jeter un coup d’œil aux écrans géants et repartent avec un petit shot de bonne humeur. Avant qu’il ne quitte la scène, la Plaine de l’Asse reprendra en chœur son tube Reine jusque sur les hauteurs de la pépinière d’Utopia 2050.
Folk brousailleux
C’est sans mentir que la programmation de Paléo nous avait annoncé ce groupe aux accents de Mumford & Sons ou encore The Lumineers. The Gardener & The Tree nous a offert un beau moment folk au Détour. Vocalement, Manuel Felder porte le groupe avec une voix rocailleuse et chaleureuse. Le groupe zurichois nous emmène danser autour d’un bon feu de camp et nous raconte ses histoires en ombres chinoises. Les mélodies sont lumineuses et on leur souhaite une belle carrière !
Pop végétalisante
Le concert de Voyou, c’est une lignée de fan au premier rang qui attend impatiemment. C’est Thibaud Vanhooland qui arrive tout sourire sur une scène végétale et colorée en s’adressant directement au public. Si la communication est un outil infaillible pour se construire une fanbase, Voyou l’a bien compris. Du texte à la danse, chaque pas le mène vers le succès. Il délivre une pop fraîche accompagné par ses musiciens. N’étant plus seul sur scène, il est comme atteint d’une allergie à l’immobilisme, plutôt contagieuse pour le public.
On s’était dit rendez-vous à Paléo
Celui que la foule (étonnamment… féminine) attend avec impatience, c’est bien sûr Patrick Bruel. Il y a six ans, il jouait sous des trombes d’eau, en 2019, il n’aura eu que la boue. Une heure avant le show, les traditionnels « Patriiiiiiiiick » se font déjà entendre devant la Grande Scène. Le feu d’artifice, qui s’est terminé sur le titre Tout Recommencer, a fini de chauffer les fans. Le beau gosse entre en scène sous les ‘Patriiiick’, les ‘épouse-moi’ ou les ‘il est vraiment trop beau’. Les tubes s’enchaînent (trop vite) et on peine presque à entendre le son issu des façades.
Patrick Bruel semble aussi excité que ses fans. Il faut dire que depuis six ans, il n’a pas arrêté de parler de son concert au Paléo et de l’envie qu’il avait d’y revenir. Il se nourri de la vue et de l’ambiance comme le public se nourri de sa musique. Le show est rôdé, et on voit que les musiciens ne font pas juste le job. L’alternance de titres comme Louise ou Héros avec les classiques J’te l’dis quand même ou Marre de cette nana-là nous fait passer par toutes les émotions. Après un Casser la Voix qui a été pris un peu trop littéralement par certaines personnes, Patrick Bruel offre un dernier moment en guitare-voix au Paléo. Tout d’abord avec une reprise plus qu’émouvante de J’ai oublié de vivre, puis avec son titre À tout à l’heure. Une jolie sortie pour un grand artiste.
Bye-bye Paléo
C’est au rythme de Gato Preto que l’on quitte une dernière fois là Plaine de l’Asse. Pour une fois, on ne termine pas sur des basses lourdes et étouffante mais avec de l’afro-électro déjantée. Sous le Club Tent, les sons traditionnels sont mêlés aux sons électroniques alors que la chanteuse fait crier la foule en dansant telle une prof de zumba. Quelques derniers pas de danse dans la boue, une gaufre et puis s’en va. À l’année prochaine Paléo !
Texte par Alessia Merulla & Coralie Binder
Photos par Coralie Binder & Davide Gostoli