Le (jeune) public des Docks avait la chance d’accueillir (chaleureusement) Palace, quartette londonien aux mélodies aériennes, pour la dernière date de sa tournée européenne. Rollo Doherty, leur ami et leader du groupe Island, jouait en solo à l’heure de l’apéritif avec une douceur bienvenue en cette fraîche et humide soirée de novembre.
Défendant son projet solo, Rollo Doherty égrène de jolies balades et petites histoires accompagné de sa guitare acoustique. Il crée des boucles musicales qui sont autant de strates qui étoffent ses chansons, utilisant notamment un minuscule archet dont il joue sur les cordes de sa guitare et dont il tire des sons étonnants. L’artiste a sorti un EP groovy et coloré l’été dernier (‘Out My Window’ / autoproduction, Bandcamp) sur lequel figure le délicieux single ‘Papaya’.
On doit avouer que l’on ne connaissait que peu ou pas Palace avant son concert des Docks. Et pourtant ! Douze ans d’existence, quatre albums à son actif dont le nouveau paru en avril dernier (‘Ultrasound’ / Fiction Records), petit diamant noir doux et mélancolique qui se veut un journal ouvert d’une lutte d’un an de dévastation à délivrance suite à la fausse couche tardive de la compagne du chanteur et guitariste Leo Wyndham. Ce dernier dira dans une interview : « C’était incroyablement difficile de comprendre ce qui s’était passé, comment y faire face et comment aller de l’avant. L’album est le parcours de cette expérience – en commençant par une perte, puis une période de traitement, et enfin l’acceptation, la sortie et la croissance. Et être dans l’admiration des femmes. Leur dignité, leur force et leur courage pour faire face à ces choses qui se sentent au-delà d’un homme. » La musique du quartette londonien nous ramène au ‘Parachute’ de Coldplay, Editors, Keane, voire ses aînés de Ride ou Radiohead.
Les Docks ne sont pas complets mais une solide fan base dont la moyenne d’âge doit être de 25-30 ans occupe les premiers rangs. C’est dire si votre serviteur faisait figure d’ancêtre au sein de cette juvénile assemblée mais illustre également une nouvelle fois que la musique est un trait d’union entre les générations. Deux très beaux titres d »Ultrasound’ ouvrent le concert, le tourmenté ‘Goodnight, Farewell’ et l’éthéré ‘When Everything Was Lost’. On savoure particulièrement l’irrésistible single, ‘Bleach’, suivi du très beau ‘Lover (Don’t Let Me Down)’ et de l’émouvant ‘Son’. Leo Wyndham, tout de douceur, est charismatique avec sa voix de Chris Martin des premières années. Le public s’embrase avec ‘Break the Silence’ et ‘Live Well’, chantant toutes les paroles avec ferveur, ce qui éclaire le visage de Léo d’un large sourire.
Moment intimiste sur ‘Holy Smoke’ où Rollo Doherty rejoint Leo pour un duo acoustique qui fait chavirer la salle, illustration de la complicité et de l’amitié des deux artistes. Plusieurs titres des premiers albums nous amèneront jusqu’au rappel, ‘Veins’, mélodie simple et retour à un rock épuré. Une belle soirée découverte pour un jeune groupe qui pourrait devenir l’un des grands du rock alternatif dans les années à venir.