« Siiiiiiiiivert !! » « Siiiiiiiiiiiiiveeeeeeeeeeeert !!!!!! »
Voilà, nous y sommes, enfin. C’est lui l’artiste que j’attendais le plus, et apparemment, je n’étais pas la seule.
« Siiiiiiiiiiiiiiiveeeeert ! » La foule est hystérique.
Mais qui est Sivert Høyem ? Si ce nom sonne exotique à vos oreilles, vous devriez au moins le connaître en tant que formidable chanteur de Madrugada.
Ce crooner norvégien à la voix profonde, tantôt dark folk, tantôt rock, mélange gracieusement douceur et ténèbres, et j’avoue, il touche mes cordes les plus sensibles.
Empreint d’une élégante noirceur, Sivert et son groupe créent brillamment une ambiance intimiste devant les 8000 personnes agloutinées sous la tente Sirkus. Une scène décorée comme un petit salon, on s’y croit, on s’isole tous mentalement avec lui dans cette « petite » pièce.
Le concert passe à une vitesse folle. Il enchaîne ses titres solos et ceux de Madrugada, et quand la chanson Majesty débute, le public explose. Mon petit cœur a fait BOUM. Je suis contente de l’avoir vu le dernier jour, sinon tout le reste aurait perdu de son éclat.
Heureusement pour moi, nous avons pu enchaîner avec Yard Act. Leur déflagration d’énergie post-punk, pop-rock, et dance ultra funky a fini par m’arracher aux abîmes dark-poétiques de Sivert. Les Anglais étaient comme chez eux, et leur envie de faire la fête a trouvé un écho parfait devant la horde de Vikings.
Nous étions désormais tous prêts pour la clôture rock du festival : IDLES. Et ils n’ont pas déçu, bien au contraire. Après, non seulement une baffe, mais une multitude de claques, l’une après l’autre, nous sommes en admiration devant cette autorité punk qu’ils dégagent si naturellement. Sous des airs et des acrobaties bien rock ‘n’ roll, seul un œil averti peut deviner la maîtrise totalement professionnelle de ce groupe, ce qui, à mon humble avis, fait leur force. Ça transpire la malice, et on adore!
D’ailleurs, coup de maître, le festival savait que nous n’étions pas prêts à les laisser partir à la fin de leur live, car une after-party était proposée plus tard en ville, au club Goldie, pour nous permettre de danser sur le DJ set de IDLES. L’after est bien entendu sold-out, et le Goldie est le club parfait pour cet événement intime. On se croirait dans Twin Peaks : la déco est chaleureuse, légèrement rétro, et la foule au style underground promet une nuit de folie.
C’est la dernière soirée, on peut tout lâcher. Joe Talbot et Adam Devonshire arrivent derrière les platines, tout frais, sans un soupçon de la tornade qu’ils ont lâchée deux heures plus tôt. Le regard toujours rempli de malice, ils nous livrent un set electro dub. Premier constat : ce n’est sûrement pas leur première fois dans cet exercice. Ils maîtrisent les enchaînements à la perfection et électrisent rapidement le dancefloor.
Pour nous, c’était la fin parfaite pour ce festival. Chaque jour a été unique, avec un enchaînement d’événements parfaitement orchestré. Si vous cherchez un festival à combiner avec vos vacances d’été en Norvège, le Øya a tout pour vous plaire : la proximité du centre-ville d’Oslo, la facilité des déplacements, la combinaison d’espaces extérieurs et intérieurs (après tout, l’origine de la fameuse phrase « Il n’existe pas de mauvais temps, seulement de mauvais vêtements » est bien norvégienne, donc n’oubliez pas votre imperméable !), et la variété de la programmation vous évitera toute monotonie.
Finalement, qu’est-ce qui m’a le plus surpris lors de cette 25ᵉ édition du Øya Festival ? Très honnêtement, ce n’était pas un groupe particulier, une after-party ou une sortie sportive, mais une vibe. Une vibe portée par des valeurs devenues essentielles : l’écologie, l’égalité, et la solidarité. Oui, cela peut sembler cliché, mais lorsqu’on les voit réellement appliquées, on se dit que ça ne doit pas être si difficile à mettre en œuvre. Par exemple, première réaction de Stéphanie, notre photographe : « Je n’ai jamais fait autant de photos de meufs sur scène dans un festival. » Rappelez-vous, un sujet qui a fait les gros titres chez nous en début d’année, et rapidement noyé sous mille excuses. Mesdames et messieurs, la preuve que c’est possible, c’est le Øya.
On se bat gentiment pour limiter les déchets ? Allez voir leur site. Ils se sont engagés depuis 2002 à devenir le festival le plus vert au monde, et ils y sont presque arrivés, certifiés comme exceptionnels par l’organisation britannique A Greener Future. Avec une nouvelle stratégie durabilité pour 2023-2030, ils ne prennent rien pour acquis.
Trop de gens bourrés ? Ils ne diluent pas leur bière, mais proposent également des stands uniquement de bière sans alcool.
Bref, j’ai vraiment eu l’impression qu’ils mettent leurs valeurs avant le porte-monnaie, et ça fait du bien. C’est exactement le genre de festival qui se soucie de ses festivaliers, et ça donne envie de les soutenir.
En tout cas, je me réjouis d’ores et déjà de découvrir leur prochaine programmation, et je ne peux que vous conseiller de vous y rendre si l’appel du Nord se fait entendre.
Texte : Sandra Henny
Photos : Stephanie Meylan