La soirée avait vu l’annulation de QOTSA en raison d’une santé physique et mentale de Josh Homme tristement déclinante. Cependant le Øya réussit le coup de maître de faire jouer à la place Jack White incompréhensiblement libre un vendredi soir. Peut-être était-il lui aussi mal-en-point et faisait une tournée bricolée à la der ? Il ne fallut pas 3 minutes de concert pour nous prouver le contraire. Affuté comme un rasoir, accompagnés de musicos hallucinants de puissance tout en décontraction dans un décor sobre, original et classe à la foi, la moitié virtuose des White Stripes livra une performance d’une perfection rock rarement atteinte, ressuscitant des 60’s et 70’s n’ayant probablement pas existé sous une forme aussi aboutie. Mais bon, j’y étais pas hein ! Jack White pris même la peine de faire un petit détour par ses tubes imparables créé avec ces formations parallèles. Un Steady, as she goes énergique et même un magnifique Pommm, po pom, po popom… en accéléré qui ne sonnait pas tout stade de foot.
Sur la grande scène, plus tôt dans la soirée (qui sous ces latitudes, il faut le dire, se déroule presque intégralement en plein jour) s’étaient ramenés les deux dandy frenchy tout de blanc vêtus Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel pour y jouer en intégralité leur album Moon Safari. Je l’avoue, j’y suis passé en courant d’Air, principalement pour écouter les tubes Sexy Boy et Kelly watch the stars, heureusement placé au début du disque. Là aussi le décor était très beau, un grand cadre blanc bardé d’écrans LED. La grande scène du Øya, ayant la particularité de faire face à un immense talus tout en pente fort propice à une contemplation décontractée à distance (bien plus qu’aux pogos furieux, très déconseillé sous la pluie), se montra parfaite pour le show des spécialistes français des ambiances feutrées. Mais pour votre serviteur 20 minutes de langueurs méditatives furent suffisantes à son bonheur.
Amis du rock, je vais utiliser les dernières lignes qui restent à disposition pour vous narrer la performance d’une vraie découverte. Des petits groupes inconnus, il y en eut pléthore. Sandra vous a déjà parlé de certains. Il y eu du bon et du bof bof. Le festival prompt à soutenir inconditionnellement ses artistes du cru ne se montra pas toujours très sélectif. Alors avec une vision extérieure, nous fûmes parfois en décalage entre l’enthousiasme du public norvégien et la qualité des spectacles proposés. Cependant, il me semble qu’au final, cette fraîcheur innocente, cette envie de faire grandir et de soutenir une production culturelle locale est préférable à l’attitude parfois un peu blasée et au manque de considération pour les groupes suisses que nous affichons chez nous.
Bref revenons à notre imparable découverte. Je veux parler du groupe post-metal (avec un petit côté math-rock) belge Brutus emmené par une batteuse/chanteuse à longue chevelure ondulant dans le flux d’air du ventilateur qui cognait comme une sourde sur ces fûts à la Lars Ulrich de Metallica. Mais attention interdiction de la traiter de Metaliquette, sinon c’est coup de baguette dans la tronche sans sommation aussi sûr que César s’est pris son coup de glaive dans les gencives.
Voilà vous êtes prévenus. En tous cas on vous conseille vivement d’aller voir Brutus s’il venait à passer près de chez vous.
Texte : Olivier Meylan
Photos : Stephanie Meylan