Du paradis des guitaristes où il repose, Paco De Lucia a dû être bien heureux de voir tout ce beau monde réuni pour rendre un vibrant hommage à son immense talent. Car oui, c’était du bien beau monde qu’avait rassemblé pour le plus grand plaisir du public venu nombreux, Jean Claude Rapin, Directeur artistique de cette Nuit de la Guitare 2015 . Musicien émérite et virtuose de la six cordes, ce dernier qui est aux commandes de ce festival depuis plusieurs années, a une nouvelle fois, réussi le pari de réunir sur une même scène, des guitaristes d’univers très différents et de nous faire voyager harmonieusement au son de leurs guitares et de leurs univers respectifs.
C’est Jean Claude Rapin et Juan Carmona qui ouvriront la soirée, et vu l’immense talent des deux guitaristes et bien je peux vous dire que c’est une entrée en matière de très haut niveau. Deux univers qui croisent leurs guitares dans une belle complicité pour nous offrir un moment absolument magique, teinté de belles notes blues et flamenco.
C’est Dominique DI Piazza, bassiste virtuose, surprenant et fascinant tant par sa musicalité que par sa technique de jeu au pouce très particulière qui se lancera ensuite et de façon originale dans un hommage au grand Paco, en interprétant une de ses pièces à la basse. Du grand art sur 5 cordes et en l’écoutant, on comprend pourquoi le grand John McLaughlin a fait plusieurs fois appel à lui. Un musicien tout simplement excellent.
Ce dernier cède la place à Franck Aghullon, batteur jazz de la nouvelle génération, qui a joué avec des grands comme Biréli Lagrène, Eric Légnini et bien d’autres. En plus d’accompagner tous les musiciens de la soirée, ce dernier va nous présenter une œuvre de sa composition. Œuvre originale et technique qui met en valeur tout le talent et la musicalité de ce batteur, fidèle de ces Nuits Guitare et que l’on retrouve toujours avec un grand plaisir.
Petit retour du maître de cérémonie, Jean-Claude Rapin, accompagné de la section rythmique et de Michael Jones pour nous interpréter «le Blues du beau Rigo» ou du «borrigo»… enfin je ne sais pas trop comment ça s’écrit, mais mon dieu quel pied ! Le genre de blues qui tire les larmes des yeux tellement c’est bon. Du grand Jean-Claude comme il sait nous régaler, avec ce toucher exceptionnel qu’il délivre avec une légèreté et une facilité qui te laisse à penser en le voyant, moi aussi je vais le faire, jusqu’à ce que tu prennes ta gratte et là pour le coup, c’est des larmes de désespoir qui coulent lorsque tu te réalises qu’il te manque juste 20 ans de pratique pour sortir le quart du son qui sort de sa célèbre Strat rouge vintage assortie à ses éternelles Santiags.
C’est Michel Haumont qui leur succèdera ensuite avec des pièces de sa composition. Ce guitariste n’est plus à présenter, Maître incontesté du finger-style, le guitariste à l’art de la sensibilité, de la musicalité. Son jeu est tout simplement grandiose et très technique mais ses pièces n’en restent pas moins accessibles au public. L’artiste sait captiver l’attention au son de sa guitare acoustique et il va proposer au public d’interpréter un titre qu’il n’a joué qu’une seule fois et dont il dira avec humour, qu’il va la tester à nouveau ce soir auprès de nous public et il nous demande notre tolérance. Bon comment vous dire… en fait une pièce non finalisée de Michel Haumont et bien c’est un peu comme l’équivalent d’un morceau que vous travaillez depuis 10 ans à la gratte et que vous jouez tous les samedis soir…Bref, après il vous reste juste l’envie d’accrocher votre gratte au mur du salon en guise de déco.
C’est au tour de Jean Félix Lalanne d’entrer ensuite sur scène et je découvre alors une guitare un peu étrange entre ses mains et que je ne connaissais absolument pas. Une double manche acoustique d’un côté, et quand on la retourne c’est une électroacoustique, une guitare aussi étrange à voir que jolie à écouter. En même temps, c’est Jean Félix qui en extirpe ses belles notes, pas sur que si c’était moi qui la prenais en main, je la fasse sonner pareil. Bref tout ça pour vous dire que j’ai adoré la sonorité et les mélodies un peu prog que Jean Félix Lalanne nous a offert. Bon je ne sais pas si c’était l’effet de cette gratte venu d’ailleurs, mais je trouvais que le son du guitariste avait des consonances un peu Hindou. Et on pourra pas mettre ça sur le compte de la bière, il n’y en avait pas hein ! Bon Hindou ou pas, en tout cas c’était très très bon et j’ai bien hâte de retrouver ce guitariste. Son jeu multi facettes et sa technique sont tout simplement exceptionnels, ce musicien est un pur virtuose. Compositeur de symphonies classiques, aussi bien que de musiques de films, il a joué aux côtés des plus grands (John Mc Laughlin Chet Atkins, Doc Watson…). On pourra le retrouver sur la tournée «Autour de la Guitare» qu’il organise, avec à l’affiche des guitaristes exceptionnels, mais bon là n’est pas le sujet et je vous en reparlerai très bientôt.
Suite du concert sous le charme et la voix envoûtante de Michael Jones accompagné par Jean Félix, avec une prestation exceptionnelle sur le titre « Say It Ain’t So Joe » de Murray Head. Pétard de voix, Pffft j’en ai encore les poils qui se dressent tellement c’était bon. Michael Jones c’est à la fois une voix, une guitare et un charme Gallois qui fait toujours son petit effet. Et je dois avouer qu’en terme de talent et de charme ce duo formé pour l’occasion par Jean Félix Lalanne et Michael Jones fut tout simplement délicieux et m’a rendu complètement chamallow… Mais bon je m’égare, revenons donc à ce qui nous intéresse ici, la guitare, instrument magnifique et qui sera encore à l’honneur de façon majestueuse avec de nombreux trios, duo… et une fin de soirée placée sous le signe du flamenco avec Juan Carmona.
Ce guitariste et compositeur Flamenco primés de nombreuses fois et auteur de plusieurs albums nominés aux « Grammy awards » à un jeu de très haut niveau et qui prend sa source à la fois dans le traditionnel flamenco et la musique actuelle dans laquelle il puise à la fois son inspiration technique et mélodique…. Avec ses musiciens, ce dernier va nous offrir une heure de voyage dans cet univers aux sonorités méditerranéennes hautes en couleurs, le tout ponctué par un chant flamenco justement dosé pour nous permettre d’apprécier à sa juste valeur la guitare de Juan Carmona, mais également l’ensemble des instruments qui l’accompagnent avec beaucoup de talent.
C’est donc sur ces notes Flamenco et l’entrée sur scène de tous les artistes qui ont participé au spectacle que se termine cette « Nuit de la Guitare » 2015. Une soirée très réussie et ovationnée par le public du Palais des Festival. Un grand bravo à Jean Claude-Rapin pour cette belle organisation et pour oser des rencontres guitaristiques improbables, surprenantes mais toujours très réussies. Rendez vous donc en 2016, pour la prochaine édition de la « Nuit de la guitare » de Cannes avec très certainement de jolies surprises.
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L’album photos de la soirée ici:
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