Quelques mois après la sortie de leur nouvel EP, ‘Narrenschiff’, nous avons rencontré Javier (chant) et Max (batterie) pour faire le point sur ce disque et leurs projets.
L’actualité 2019 de Nostromo c’est ‘Narrenschiff’, un nouvel EP de 6 titres sorti en début d’année. Comment s’est passé l’enregistrement ?
J : Super bien. C’était la première expérience que l’on avait dans le studio de Lad, notre bassiste. On l’a enregistré avec Johann Meyer de Gojira et du Silver Cord Studio. Pour ma part, j’ai trouvé l’ambiance géniale et le feeling général très cool.
M : C’était une première pour moi aussi. J’ai intégré le groupe, il y a une année et demie maintenant et c’était la première fois que j’enregistrais avec eux.
Le mix est particulièrement bluffant. Souvent avec les groupes qui envoient, quand tout le monde est à fond, tu ne distingues plus rien alors que là les parties vocales et les parties de guitare sonnent particulièrement bien.
J : Ils ont beaucoup travaillé là-dessus au mixage et au mastering. Il y a eu des gros affinages. C’était un peu le challenge parce que, comme tu dis, on est un peu tous dans la même fréquence et du coup parfois cela se mangeait un peu. Ils ont fait un boulot énorme entre Johann et Jérôme, notre guitariste, à l’enregistrement et au mix, puis encore Lad qui est venu affiner l’histoire au mastering.
Pourquoi un EP plutôt qu’un album entier ?
J : On voulait sortir un EP pour rester dans l’actualité. Parce que l’on avait ces morceaux-là qui étaient prêts et plutôt que d’attendre encore 1 an ou 1 an et demi pour un album, on s’est dit on y va !
M : il y a quelque chose d’un peu urgent dans cet EP. Il y a eu des hauts et des bas quand le groupe s’est séparé de l’ancien batteur. Il a fallu en trouver un autre, moi, puis travailler le set pour les concerts déjà prévus, bref mettre un peu les bouchées doubles durant cette période pour rester actifs.
« Narrenschiff » est d’abord une œuvre littéraire allemande traduite sous le titre la nef des fous, en référence au bateau qui servait à éloigner les fous indésirables. Faut-il y voir des analogies avec les musiciens de la scène metal ?
J : Il y a plein d’analogies à faire, comme avec tout poème de Brant en fait. Il y a des analogies par rapport à la société, à nous et nos vécus, ou encore à la période dans laquelle nous vivons. On trouvait que cela correspondait vraiment bien à cette période, que cela représentait notre état d’esprit à ce moment-là, tant musicalement qu’émotionnellement. C’est Lad qui a eu cette idée. Il nous en a fait lire quelques passages et cela a paru comme une évidence de choisir le titre et même d’intégrer une partie du poème dans l’EP. Pour l’artwork, j’ai fait des recherches et je suis tombé sur cette statue qui représentait une vue en volumes de gravures médiévales et cela collait super bien.
Les 6 titres sont incroyablement asphyxiants. Souvent, les groupes aiment bien alterner passages calmes et grosses déferlantes. Avec vous, pas le moindre espace pour respirer du début à la fin.
J : On garde pour l’album les morceaux qui se déroulent et les interludes, avec aussi des parties plus aériennes. Le dernier morceau de l’EP annonce un peu cette idée-là. Mais sur l’EP, on s’est dit, c’est court, faut que ce soir direct. On n’avait pas le temps de développer, il fallait vraiment que cela sorte. Comme disait Max, il y avait une certaine urgence, on avait envie de les poser assez vite.
Mais avec l’âge, les gens ont d’habitude plutôt tendance à se calmer. Clairement, ce n’est pas votre cas ?
J : Quand on s’est reformé, on s’était de toute façon dit, si on revient, ce sera au max, pas question de revenir au rabais. On a toujours eu cette énergie, cette envie de se donner à 100%.
M : A l’époque des premiers albums, c’était déjà considéré comme quelque chose d’extrêmement brutal. Evidemment, 10 ou 15 ans après, on avait aussi envie d’amener quelque chose qui était à jour dans le metal extrême actuel.
J : Il y a des références que l’on a maintenant qui sont quinze fois plus brutales donc on s’est dit, on ne va pas refaire ce que l’on faisait à l’époque.
Le dernier titre est chanté en allemand par un invité, Rodolphe Burger (fondateur de Kat Onoma), comment s’est passé cette collaboration ?
J : C’est une histoire de rencontres. Lad avait déjà travaillé avec lui régulièrement sur d’autres projets de mastering. Avec aussi Christophe Calpini qui le connaît à travers Kat Onoma. De nouveau, quand on a eu le titre de l’EP, on s’est dit que ce serait pas mal de pouvoir déclamer une partie du poème en allemand. Aucun de nous n’étant germanophone, Lad a proposé de demander à Rodolphe qui a été super emballé. Comme c’est un poème assez lourd, on voulait quelqu’un avec une bonne voix, qui en impose et Rodolphe a été parfait pour cela.
Deux ans après cette décision de relancer Nostromo, quel bilan en fais-tu ?
J : Un peu comme tu disais par rapport à la Nef des Fous, on se retrouve dans une sorte de maelstrom général où tout s’enchaine super vite
…et super bien !
Et super bien, ouais ! On profite, on surfe la vague car on ne va pas encore tourner pendant quinze ans. On a tous nos vies de famille, nos boulots à côté, donc on s’est dit on y va à fond et on profite. Tout ce qui nous arrive, c’est que du bonheur. On n’a que des opportunités de dingue. On ne remerciera jamais assez toute l’équipe qui tourne avec nous. On a une chance incroyable.
Je regardais récemment la captation d’Arte de votre concert au Hellfest 2017 et on te voit avec un énorme sourire. On a l’impression que tu te dis, mais bordel comme on a bien fait de revenir !
J : C’est clair. C’est ça. Tu as tout résumé.
Max, tu as rejoint le groupe lorsqu’il s’est relancé en 2017. Quel est ton parcours et comment tu t’es retrouvé à devenir le batteur du groupe ?
M : Début 2018 pour être exact. Cela fait une quinzaine d’années que je fais de la batterie J’ai vraiment commencé la batterie à l’âge de 15 ans en étant très fan de metal, de grind, de hardcore. J’ai toujours eu plusieurs projets, encore actuellement de différents styles, notamment Convulsif avec Loïc Grobéty qui jouait dans Enigmatik. A l’époque, j’avais un groupe, mon tout premier groupe de grind, Daïgoro avec Loïc justement et j’ai rencontré Jérôme qui nous avait enregistré dans son home studio. J’ai ensuite collaboré avec lui pour Mumakil, son groupe de grindcore. Fin 2017, je reçois un coup de fil un dimanche soir de Jérôme qui me demande sans détour si je serais intéressé à rejoindre Nostromo. J’étais vraiment tout fou car j’ai toujours été fan de Nostromo. Je lui ai que c’était un sacré challenge et qu’il fallait que je réfléchisse mais pour moi c’était clair que c’était oui. On a commencé à répéter en mars 2018 avec un premier concert en avril 2018.
Vous êtes prochainement en concert au Romandie avec Herod. J’imagine que d’autres dates sont prévues cet automne ?
J : Non, pour l’instant, on lève un petit peu le pied. On a un gros projet de collaboration dans le cadre du Red Bull Academy à Paris. En fait, c’est trois collaborations distinctes, nous on joue avec Dehn Sora, qui est un DJ dark ambient du collectif de Church Of Ra. Il y a deux autres collaborations avec d’une part Hangman’s Chair et Regarde Les Hommes Tomber et d’autre part, Alcest et Pertubator. Ce sera juste avant le Romandie au Trianon à Paris. On va travailler ce projet-là et ensuite enchaîner avec le Romandie, mais après cela, on ne va pas avoir d’autres dates, sauf proposition qui ne se refuse pas. On va se concentrer sur l’album. On espère commencer à maquetter en novembre pour dans l’idéal une sortie en 2020.
C’est assez nouveau pour vous parce que ce côté électro DJ n’est pas très présent dans Nostromo ?
J : Cela fait dix ans que Lad fait de l’électro. Il a d’ailleurs un label dans ce style, mais c’est vrai que pour Nostromo, c’est une vraie première collaboration à ce niveau-là. On se réjouit beaucoup.
M : Ce weekend on va d’ailleurs avoir une répét’ avec Dehn Sora qui vient de Paris exprès. On va s’enfermer dans le local pour travailler. C’est vrai que c’est un truc auquel on pense depuis un petit moment, sous l’impulsion aussi de Lad, ouvrir un petit peu sur d’autres ambiances, d’autres style, développer un peu cette idée pour l’album avec des nappes.
Un mot pour les lecteurs de Daily Rock ?
J : Cela nous fait toujours plaisir d’être interviewé par un media local. Comme je l’ai dit avant, on ne remerciera jamais assez tous les gens qui nous suivent, nous soutiennent, nous ont poussé à nos débuts et maintenant. Cela nous motive à fond. Merci à tout le monde.
FICHE CD
Narrenschiff
Noise Addict
4/5
Notre chronique de Narrenschiff