DRF a profité d’un concert de Joanne Shaw Taylor au Grillen de Colmar pour poser quelques questions à Nono (Trust) avant que ce dernier ne monte sur scène avec ses acolytes Patrick Rondat et Jean-Claude Rapin. Il nous a parlé de RNR, mais aussi de son projet solo et, pour finir, de Trust !
DRF: Salut Nono, merci de nous dire comment ce projet RNR (Rondat, Nono, Rapin) a vu le jour ?
Nono: Il aurait fallu que Jean Claude s’exprime aussi, car c’est parti d’un concert commun qu’on a fait il y a deux ans à la Black Box de Nice. J’avais également partagé auparavant la scène avec Patrick. Et donc pendant ce concert de Nice le feeling est bien passé entre nous et on s’est dit que si on trouvait quelqu’un qui nous trouve des dates, ce serait cool de rééditer cela. On est même dans une seconde étape car on s’est réunit et on a discuté de peut-être écrire ensemble et de sortir, soit un EP soit un album. On a même déjà planifié de se retrouver en studio en Normandie, où on va se faire une petite résidence pour composer.
DRF: Donc à quoi s’attendre ce soir au niveau musical ?
Nono: Chacun va avoir son propre passage où il va y avoir des compos de chacun mélangées a des reprises (3 ou 4 morceaux au total), et on se retrouve tous ensemble à la fin pour un jam final sur des reprises.
DRF: Alors je vais être un brin provoc, mais comment fait-on pour gérer l’ego de chacun quand on a 3 virtuoses de la guitare qui se partagent la scène ?
Nono: (Rires) Déjà, l’ego, vu nos âges, cela fait bien longtemps qu’on la mis dans notre poche, du moins en ce qui nous concerne tous les 3. Il n’y a vraiment pas de question d’ego, mais un véritable plaisir à se retrouver, à jouer ensemble. On vient de milieux musicaux différents, et ce mélange est intéressant. C’est aussi bien un enrichissement musical, qu’humain. On ne se pose même pas la question de savoir qui démarre ou qui joue en dernier, l’important est de prendre du plaisir et d’en donner.
DRF: Ce choix de vous trois a été naturel, ou d’autres guitaristes auraient pu en faire partie ?
Nono: Des guitaristes, et d’excellents, ça ne manque pas en France, mais c’est le simple fait qu’on se connaissait et qu’on avait déjà partagé des scènes ensemble, qu’est parti cette idée. Mais on pourrait très bien le faire chacun séparément avec d’autres guitaristes, ce qui risque d’arriver d’ailleurs, car pour trouver un agenda commun ce n’est pas forcément très simple. Mais pour l’instant je vis dans le présent donc chaque chose en son temps.
DRF: Revenons a toi, tu as joué du hard rock avec Trust, tu as joué avec pleins d’autres artistes tels que Johnny ou Goldman, mais dans quel style musical te retrouves tu le plus ?
Nono: J’ai joué avec plein d’artistes et dans des styles différents, de Trust à Johnny en passant par du Raï. Mais comme le dit un certain Jean Jacques Goldman, quand la musique est bonne et ben c’est bon. Pour moi c’est un enrichissement musical et humain. J’ai mis 20 ans à sortir un album solo car justement, j’aimais cette enrichissement et j’étais souvent sollicité pour des participations à des albums (une centaine d’albums) ou pour de la scène. Et pour moi qui suis avant tout musicien, j’aime tous les styles de musique du moment que c’est bon et que cela m’enrichit dans mon jeu et me fait progresser. Je quasi touché à tout, mais en ce moment le jazz m’intéresse, mais c’est purement musical et technique, parce que je trouve qu’harmoniquement c’est extrêmement riche. Donc en ce moment je bosse là dessus pour apprendre et comprendre, et pas forcément pour devenir guitariste de jazz. L’avantage de la musique c’est qu’il n’y a pas de fin.
DRF: La famille a apparemment une grande importance pour toi, tu as joué avec ton frère, ta belle fille, et tu as un projet avec ton fils, peux tu m’en dire un peu plus ?
Nono: En effet la famille c’est important, voire même prioritaire, car c’est une chance extraordinaire d’avoir un fiston de 28 ans qui a énormément de talent et de pouvoir bosser avec. Et concernant l’album, en effet il est en cours de mixage et il s’appellera « Father and Son », et le mixage doit être impérativement terminé avant le début de la tournée de Trust le 01/12. L’album devrait sortir début d’année 2017.
Mon fils a composé quasiment tout l’album et a joué quasiment de tous les instruments sauf les guitares. En fait mon album était quasi prêt à être enregistré et je lui ai demandé de me faire 3 titres bien rock, et il est revenu avec 30 morceaux. Il m’avait vraiment fait quelque chose de sur mesure, très rock avec la fraîcheur d’un gamin de 28 ans. J’ai convoqué le reste du groupe pour choisir 3 titres et à l’unanimité, on a décidé de laisser en standby ce qu’on avait déjà composé et on a fait un album qu’avec les titres de mon fils.
Et non seulement il a composé, participé au mixage et à l’enregistrement de l’album, mais on prévoit également de partir en tournée avec lui au chant, entre deux dates de Trust. On est en plein dedans justement.
Ceci est un projet car il a sa vie de son côté et je ne vais pas l’accaparer pour mon projet solo, mais je continuerai à l’aider pour développer sa carrière d’artiste. J’invite tout le monde à découvrir son univers, il s’appelle David Sparte et j’espère qu’il aura une belle carrière devant lui.
DRF: Est-ce que le fils a dépassé le père ?
Nono: Je pense qu’il m’a largement dépassé parce qu’il a des talents que je n’ai pas, il maîtrise tous les instruments, il chante super bien et il a cette fraîcheur que je n’ai plus. (Rires) !
DRF: Dernière question. On ne va pas se quitter sans parler de Trust. Il y a eu quelques loupés suite à des volontés de reformation (comme l’annulation au Hellfest), là vous annoncez une nouvelle tournée, alors dans quel état d’esprit êtes vous ? Une réelle envie d’y retourner ?
Nono: Le parcours de Trust sur 40 ans a été très chaotique en effet. Un groupe c’est comme un couple, il y a des moments fabuleux et des moments de crise et faut faire avec. Donc oui là on a une réelle envie d’y aller sinon on ne le ferait pas. Déjà parce qu’en 2017 on fêtera les 40 ans de Trust. Il y a 6 mois encore ce n’était pas à l’ordre du jour, et puis on s’est retrouvés autour d’une table et d’un verre avec Bernie, et on s’est dit que ce serait une bonne chose tant qu’on a encore la forme de remettre le couvert. Et ce pour le plaisir. D’ailleurs la tournée de décembre, on ne la fait que dans des petites villes où personne ne joue et on souhaitait même jouer dans les salles où l’on a joué à nos débuts. On va même perdre de l’argent sur cette tournée mais ce n’est pas grave, car c’est vraiment pour le plaisir.
Et bien sûr les festivals cet été, c’est dans les tuyaux, je ne peux rien dire mais on va essayer de faire un maximum de festivals. On attend les confirmations donc je ne peux rien dire pour l’instant. Et sur Paris, on ne veut pas faire une grande salle mais plutôt faire une salle différente chaque soir (5 ou 6 au total). Et pour répondre à la question de ton collègue de Québec, jouer là bas est également dans les tuyaux c’est à notre booker de gérer cela. On est pas mal sollicités, et c’est notre volonté, donc wait and see.
DRF: Avec le Line up original ?
Nono: Non. Alors dans l’absolu, personnellement, j’aurais vraiment adoré le tout premier line up du premier album (Bernie, Nono, Jean Emile Hanela et Raymond Manna) mais ce n’est pas possible pour x raisons. Le second line up n’est pas possible non plus. Donc on n’est reparti avec un nouveau line up avec David Jacob (Basse), Hervé Koster pas possible non plus donc on a pris un nouveau batteur, et Ismail Diop en soutien rythmique.
DRF: Et peut-on rêver d’un nouvel album ?
Nono: Oui vous pouvez rêver car c’est dans les tuyaux. En janvier on va s’enfermer avec Bernie pour composer. On a déjà pleins de textes de côté, j’ai les musiques, mais bon s’il faut refaire du neuf il faut absolument qu’on s’enferme en studio. Donc si tout va bien, ce sera pour cet été, mais je pense plutôt vers septembre.
Merci Nono, et RDV dans un premier temps tout à l’heure et avec Trust et ton fils dans les mois qui suivent.
Merci à toi !
NK
PS: Merci à David et Camille de Music for Ever Production pour la mise en place de l’interview !
