1976, Neil Young est au sommet de sa carrière. Depuis 1969, chaque disque de celui qu’on appelle affectueusement le loner est un chef d’œuvre. Après quelques passages rapides dans des groupes aussi essentiels que le Buffalo Springfiel , ou CBNY , Neil Young commence à être comparé à Bob Dylan.
Comme lui, Neil Young est un électron libre, dont on suit l’évolution au fil des albums. L’énergie viscérale de « Everybody Knows This Is Nowhere » faisait place à la tristesse de « Tonight The Night », que Neil quitte progressivement avec les albums « On The Beach » et « Zuma ».
Et bien sûr , il ne faudrait pas oublier « After The Gold Rush » et « Harvest », deux albums dotés de la même beauté rustique, à la frontière de la country , du folk et du rock. Dylan est le poète des villes, le barde d’un New York foisonnant, Neil Young sera le poète des champs, ayant enregistré son plus grand chef d’œuvre dans l’intimité de son ranch paumé.
Et puis, en 1976, le poète campagnard entamait ses concerts sans son légendaire Crazy Horse, pour jouer quelques titres dans leurs plus simples appareils. Là, armé de sa guitare acoustique, il revenait à l’essence de son art et expérimentait parfois quelques nouveautés.
A une époque où la moindre originalité n’était pas diffusée instantanément sur les réseaux sociaux, ces moments à part et uniques restaient gravés dans la mémoire de ceux qui y ont assisté, et faisait fantasmer ceux qui en entendirent parler. Voilà donc que, cette année, le loner a décidé de construire un album live avec ces instants spontanés et uniques.
« Song For Judy », ainsi nommé à cause du discours sur Judy Garland qui ouvre le disque, n’est pas seulement une pépite retrouvée dans un placard poussiéreux , c’est un incontournable de l’œuvre de Neil Young. A l’image de Springsteen sur son monumentale quintuple live, il propose une nouvelle vision de chacun de ses titres, et en teste d’autres qui sortiront bien plus tard.
« A Man Need A Maid » perd ses arrangements orchestraux, remplacés par un orgue charismatique. La version studio était grandiloquente et raffinée, celle qui nous est livrée ici est introspective et spirituelle. Les titres les plus acoustiques, comme « Heart Of Gold », « Tell Me Why » et « Sugar Mountain » prennent toutes leurs dimensions dans ce cadre intimiste.
Et puis il y a ces titres inédits, ou sortis des tréfonds de l’énorme œuvre du maître (« Love Is A Rose », « Too Far Gone » « Here We Are In A Year ») qui font redécouvrir la pureté de cette voix écorchée vive, habillés par quelques léger arpèges majestueux.
« Song For Judy » , c’est Neil Young redécouvrant la pureté de la folk acoustique, réduisant ses titres à leurs plus simples expressions pour leur donner une portée universelle. C’est aussi la magie d’un artiste expérimentant sans filet, sans calculs artificiels, dévoilant son art dans son plus simple appareil.
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